Si vous suivez un tant soit peu l’actualité du jeu vidéo, vous n’avez pas pu passer à côté de cette annonce : Microsoft s’apprête à racheter Activision Blizzard pour 70 milliards de dollars (une somme rondelette qui équivaut à peu près à 4.6 millions d’années de SMIC français ou 10 milliards de menus kébab/frites). Après l’effervescence sur les réseaux suite à cette annonce, on peut à présent faire le point sur l’affaire et voir ce qui en découle.
« Notre mission est de permettre à toutes et à tous de profiter des joies du jeu vidéo partout autour du monde. Nous savons que le jeu vidéo est la forme de divertissement la plus dynamique qui soit, et nous connaissons la force du lien social et de l’amitié rendue possible par le jeu vidéo. Pour continuer à remplir cette mission, nous sommes incroyablement heureux de vous annoncer que Microsoft a conclu un accord afin de réaliser l’acquisition d’Activision Blizzard ». Tels sont les mots quasi prophétiques de Phil Spencer, le dirigeant de Xbox Game Studios, en début de semaine pour annoncer l’acquisition historique d’Activision Blizzard pour 68.7 milliards de dollars (vous rappelez-vous la semaine dernière quand ça nous paraissait délirant que Take-Two s’offre Zynga pour 13 miliards ? C’était le bon temps).
À la question « pourquoi cette acquisition de la part de Microsoft ? » on peut répondre tout simplement « l’argent, ma bonne dame ». Par cette opération Microsoft acquière notamment Call of Duty, la machine à fabriquer des billets d’Activision, et compte bien en profiter un maximum. À la question « pourquoi maintenant ? », la réponse se trouve dans les multiples scandales dans lesquels sont empêtrés Activision Blizzard et son PDG Robert Kotick. Nous avons suivi l’affaire à plusieurs reprises chez TPP au cours de l’année passée : entre le harcèlement, l’anti-syndicalisme, les menaces rendues publiques, et les déclarations outrées des concurrents (dont celles de Phil Spencer) qui ont fait pencher la balance, les actions de l’entreprise se sont retrouvées dans les choux fin 2021 et Activision Blizzard était donc mûre pour une acquisition. Avec cette manœuvre, Phil Spencer rachète une réputation à l’entreprise et se pose en sauveur capable de redresser la barre en fédérant les différentes équipes autour de leur passion pour le jeu vidéo.
Activision Blizzard et Microsoft continueront donc à fonctionner indépendamment jusqu’à la conclusion de la transaction qui devrait arriver d’ici juin 2023, si les différents régulateurs financiers la valident. Et jusqu’à ce que l’affaire soit définitivement bouclée, Robert Kotick restera aux manettes en tant que PDG d’Activision Blizzard, malgré son implication directe dans la culture toxique de son entreprise et ses diverses tentatives pour améliorer son image. Évidemment, celui-ci ne partira pas les mains vides et profitera d’un beau parachute doré. De leur côté, les syndicats ne sont pas restés muets et ont déploré le non positionnement de Microsoft sur les conditions de travail dénoncées par les employé·e·s ou leurs revendications (dont le licenciement immédiat de Kotick). La suite des événements sera donc à suivre de près.
Microsoft n’en est évidemment pas à sa première grosse acquisition. En février 2019, Xbox Game Studios comptait 13 studios sous sa bannière dont 343 Industries (Halo), Minecraft, Ninja Theory (Devil May Cry, Hellblade), Obsidian Entertainment (Fallout: New Vegas) ou encore Rare (Sea of Thieves). Et puis en septembre 2020, Microsoft a révélé qu’il achetait ZeniMax Media, la société mère de Bethesda, id Software, Arkane Studios et Tango Gameworks, ainsi les licences Fallout, Doom, Dishonored, Wolfenstein, Deathloop, Starfield et Elder Scrolls tombaient dans le giron Microsoft.
Maintenant que c’est au tour d’Activision Blizzard, le futur de ses différentes franchises à succès (Call of Duty, Overwatch, Diablo, World of Warcraft, Candy Crush…) est bien incertain. Ces licences étaient pour la plupart disponibles sur un maximum de plateformes et à la portée de la plupart des joueur·euses mais rien ne dit que ce sera le cas à l’avenir. En effet, après l’achat de Bethesda il a bien été confirmé que Elder Scrolls VI sera une exclusivité Xbox / PC.
Outre ces problèmes de monopole évidents, on peut se pencher sur l’homogénéisation des nouveaux titres à l’issue de cette acquisition. Même si la liberté de création est accordée à tous les studios, l’environnement de l’entreprise qui l’entoure et la gestion de projet par l’éditeur auront un impact non négligeable sur le produit fini. Si les mêmes personnes et donc les mêmes perspectives valident les projets de dizaines de studios, un manque de diversité, que ce soit dans le gameplay ou les thèmes abordés, se fera sentir dans les années à venir, ce sera donc aux responsables desdits studios de mener leur barque de manière ferme pour s’opposer à un « appauvrissement » de l’innovation.
Kalkulmatriciel
Cc c Kalkul. J'adore parler à tous les PNJ, mettre des mandales et saboter les coop.
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