Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift vous parle de Double Pug Switch… mais pas que sur Switch, et Zali de Solasta: Crown of the Magister, un tactical RPG qui commence son early access.
Double Pug Switch
Cette année a été marquée par une mode vidéoludique particulièrement nulle – à l’image du reste, donc – , et cette tendance, c’est la sortie en masse de clones nazes de recettes à succès. J’ai pour ma part subi Resolutiion et OkunoKA Madness, Fanny s’est fadé la purge Banners of Ruin, Zali a eu la malchance de recevoir Gleamlight, de même pour Murray avec Eternal Hope eeet bon, vous avez l’idée. Hormis Tristan qui a vécu sa meilleure vie sur des bons jeux, le bilan de 2020 n’est pas plus reluisant sur le plan jeux vidéo que sur le reste. Là-dessus nous arrive Double Pug Switch, qui est, finalement, le moins shitty des shitty clones de la saison. On lui reconnaîtra au moins cette prouesse.
Rien ne sert de courir
Le titre de The Polygon Loft a cela de remarquable qu’il incarne parfaitement l’ancienne définition du terme médiocre : il ne brille sur aucun aspect, mais n’est raté sur aucun pour autant. Tous les curseurs se trouvent parfaitement au milieu, que ce soit du côté de la maniabilité, des graphismes et de l’esthétique, des musiques ou du level design, tout est fonctionnel ou acceptable, mais sans jamais briller à un seul instant. Un exemple parfait du jeu moyen.
Il a été question de shitty clones, et ce qui manquait à 2020 (non), c’était un runner en scrolling horizontal. Le runner-platformer, c’est un genre qui me tient plutôt à cœur, j’ai découvert ce type de jeux dans ma période Flash (AH-AAAAAAH ! SAVIOR OF…) des années 2010, en passant notamment des plombes sur le Canabalt d’Adam Saltsman (et l’incroyable musique de Baranowsky) dans le CDI de mon lycée. J’ai ensuite poncé Bit.Trip Runner (qui avait également une B.O. qui dépote, cette fois-ci composée par Petrified Production, avec en invité le groupe Anamanaguchi), et encore plus poncé Runner 2 – beaucoup moins le 3, qui s’éparpillait dans une 2.5D non nécessaire et des couches de gameplay approximatives. Et il y en a encore une tripotée dans mon cœur, du vénérable Geometry Dash (et, oh surprise, son OST formidable provenant en grande partie de la communauté Newgrounds, y aurait-il un pattern dans mon appréciation du genre ?) aux runners Rayman d’excellente facture.
Le cœur des mécaniques du runner reste toujours le même : notre personnage court tout seul de la gauche vers la droite, et il va s’agir d’éviter les obstacles qui se dresseront sur ce chemin déroulant. Chacun de ces titres y allait de sa petite particularité et exception de gameplay, Canabalt voyait son personnage accélérer et ralentir selon les obstacles rencontrés – et nous forçait à gérer notre vitesse en fonction – , Bit.Trip Runner et ses suites étaient ni plus ni moins que des jeux de rythme déguisés en runners, quand Geometry Dash, tout aussi rythmique, reposait sur un gameplay à un seul bouton, le rendant absolument parfait et indispensable comme jeu mobile – et le titre est visiblement toujours en vogue, pas plus tard qu’il y a deux semaines j’ai vu ma petite cousine de 13 ans le lancer sur son téléphone. Double Pug Switch, puisque c’est de lui qu’on est censés parler aujourd’hui, ne fait pas exception à la règle en y allant de son petit twist dans un genre sur-codifié.
Le titre nous met dans la peau d’un petit chien envoyé dans des dimensions parallèles par la faute d’un chat maléfique – oui bon, c’est pas moi qui ai écrit le scénar hein – et traverse les différents tableaux grâce à la mécanique propre à Double Pug Switch : la capacité à changer de dimension à la pression d’un bouton, et ainsi de faire apparaître et disparaître pièges et obstacles sur notre chemin. Et c’est environ tout, les mécaniques qui s’ajouteront au fil de l’histoire tourneront toujours autour de ces changements de dimension, ce qui, pour un jeu aussi court et modeste est plutôt appréciable : il n’y a rien qui m’agace plus qu’un titre plutôt simple qui finit par s’éparpiller en voulant trop en faire. Double Pug Switch se parcourt ainsi sans grande surprise ni sans grand désagrément – si ce n’est un ou deux niveaux au level-design hasardeux et injuste – , et malheureusement sans musique marquante non plus.
Double Pug Switch a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Double Pug Switch aurait fait un jeu Flash très acceptable il y a une dizaine d’années. Malheureusement pour lui, une pelleté de runners mieux pensés, mieux maîtrisés, plus jolis et avec de formidables bandes-sons sont passés d’abord et le rendent franchement dispensable face à la quantité de titres plus enthousiasmants pour un prix à peu près équivalent, voire moindre. Ceci étant, si les runners-platformers sont votre came absolue et que vous êtes sévèrement en manque, je vois difficilement comment je pourrais le déconseiller, mais d’un autre côté vous l’avez sûrement déjà pris sans attendre mon avis.
Solasta: Crown of the Magister
Le fait qu’il m’ait été difficile de trouver le trailer ci-dessus (la plupart de ceux qui remontent organiquement sur les moteurs de recherche, dont celui de YouTube, ont été réuploadés par des sites tiers) est généralement un marqueur de jeu en accès très, très, TRÈS anticipé. Développé par le studio Tactical Adventure, fondé par l’ancien cofondateur d’Amplitude, Solasta: Crown of The Magister constitue le projet pas si bête de passer la « formule Amplitude » à la moulinette des règles de Donjons et Dragons 5.1 dans un RPG tactique plus axé sur le combat que sur l’intensité scénaristique de sa campagne.
Peut-être la meilleure tentative du genre en ce moment…
Pour le peu de contenu actuellement disponible dans le jeu, Solasta: Crown of the Magister impressionne par l’étendue des possibilités qu’il semble offrir. Gestion de la hauteur, fiches de personnages bien pensées, environnements dynamiques et destructibles, multiplicité des approches pour résoudre une situation de combat, gestion efficace de la discrétion ou encore de la détection des pièges : tout ce que des jeux comme Hard West ou le plus récent Wasteland 3 transformaient en cauchemar ergonomique ou graphique, Solasta: Crown of The Magister le réussit haut la main.
De la création de personnage à l’interface, on sent la patte très forte des anciens d’Amplitude, dont on retrouve toute la science de la clarté et de la lisibilité des menus, une excellente chose pour un jeu tactique vous demandant d’intégrer des dizaines de règles et de paramètres issus d’un jeu de rôle sur table, sans jamais rendre ça indigeste. Et c’est tant mieux, car pour l’essentiel, on est davantage dans un simulateur de batailles à la XCOM que dans un RPG narratif pur jus : la campagne semble pour le moment sous-écrite et simple prétexte à la bagarre. Pas grave, si la bagarre est bien.
… mais plus early, tu meurs
Mais attention cependant, Solasta: Crown of the Magister est vendu 35 € dans une version encore si anticipée que je me suis posé la question de savoir si ce n’était pas tout simplement beaucoup trop tôt pour le bien du jeu. Entre le peu de contenu disponible, un nombre énorme d’options pas encore implémentées (ne serait-ce que remapper les touches du clavier) et le fait que pas mal d’éléments graphiques semblent encore être des placeholders pas ou peu animés, Solasta: Crown of the Magister donne parfois une impression de cheap et de cassé qu’il n’aura sans doute plus dans quelques mises à jour.
C’est toujours un peu dommage de risquer de « dégoûter » les joueurs en proposant un produit encore si éloigné de l’objectif final. Sans doute l’impératif financier de faire rentrer vite un peu d’argent pour un jeune studio qui signe son premier titre est-il fort. Mais en l’état, dépenser autant d’argent dans un jeu encore si balbutiant me semble être davantage un acte de foi qu’une décision pleinement rationnelle. Cependant, la petite promenade sur ce début d’early était plus que satisfaisante, même si elle demande encore un effort d’imagination, et un peu de patience : les développeurs du jeu travaillent déjà d’arrache-pied pour améliorer l’ensemble.
Solasta: Crown of the Magister a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
On ne peut pas dire que l’offre vidéoludique soit archi-saturée en tactical RPG de grand standing cette année, malgré quelques titres vraiment chouettes comme Gears Tactics ou Fae Tactics. Accueillir un petit nouveau, surtout avec sa volonté de rendre fluides et agréables les règles touffues de D&D 5.1, est toujours une bonne chose. Pas assez abouti pour justifier qu’on s’y engouffre pleinement pour le moment, Solasta: Crown of the Magister a désormais toute notre attention.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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