Cette fois-ci dans Partie Rapide, Kalkulmatriciel se bat aléatoirement dans des espaces étroits dans Fights in Tight Spaces et Chloé vous parle de Revita, un roguelite en pixel art disponible en early access.
Fights in Tight Spaces
Fights in Tight Spaces se veut sobre et efficace, comme une bonne droite dans le nez. Sur ce point, le jeu tient ses promesses, mais entre deux chassés bien mérités, notre protagoniste, l’Agent 11, et le titre de Ground Shatter manquent un peu de punch pour être mémorables.
Small spaces
Seastrom nous parlait récemment dans un de ses fameux L’indé matin de l’Agent 11, célèbre agent secret un peu rouillé qui reprend du service, et il ne dépendra qu’à nous d’être assez bon tacticien pour que ses nouvelles missions se passent bien. Cintré dans un costume trois pièces, notre Jason Statham devra distribuer des savates à la pelle cadrées comme dans les meilleurs films d’action pour démanteler des organisations criminelles. Chaque combat sera alors découpé en tours où il faudra prévoir les coups des ennemis et placer intelligemment les nôtres à l’aide des cartes qui arriveront dans notre main. Élégant, épuré, et misant sur l’économie de mouvements pour un maximum d’efficacité, on ne peut pas nier que deux ou trois personnes de l’équipe de Ground Shatter aient joué à SUPERHOT, tant les similitudes sont frappantes mais heureusement, c’est pour le mieux. Les animations sont soignées, les coups variés et les possibilités d’approche assez nombreuses pour offrir plusieurs runs sans trop se lasser.
Différents decks de départ sont là pour trouver le style de combat qui nous convient le mieux (je n’ai pu passer la première zone qu’avec le deck « contre-attaque »… ) et des cartes viendront s’ajouter après chaque affrontement (coucou la mécanique Redout) pour nous rendre de plus en plus puissant. On pourrait penser qu’une dose de chance et qu’un peu d’huile de coude suffiraient à faire triompher la justice sans même abimer le bout de nos souliers vernis, mais très vite, Fights in Tight Spaces nous rappelle que la bagarre c’est pas pour les faiblard·es.
But big deck energy
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais Hades de Supergiant c’était plutôt pas mal, chez TPP ça fait un moment qu’on aime, et depuis, les exigences du rogue-like ont été tirées vers le haut. La difficulté se doit d’être modulable sans manquer de challenge, la direction artistique soignée et la répétabilité assez bonne pour ne pas se lasser au bout de deux runs. Malheureusement, Fights in Tight Spaces pèche sur deux de ces points.
« T’as déjà essayé de faire la bagarre dans des espaces restreints ? c cho » me disait Tritri il y a quelques jours alors que je me plaignais un peu de la difficulté du jeu. En ce sens, Fights in Tight Spaces est raccord avec son concept de départ. Je ne pense pas être Sun Tzu, mais bon, les objectifs secondaires pour récupérer de l’argent, de la santé ou des améliorations sont parfois cotons. Et de manière générale, une run peut se retrouver ruinée en un tour lorsque le placement initial n’est pas juste et qu’on n’a pas la bonne carte en main pour se sortir de ce mauvais pas. Quelques options, comme revenir d’un ou deux tours en arrière, pour simplifier un chouia l’expérience de jeu pour celles et ceux qui le veulent n’auraient pas été de trop, sous peine de devoir try hard encore plus fort pour récupérer quelques billets, afin de payer les frais du médecin. D’ailleurs, j’espère que vous ne vous attendez pas à un titre verbeux, car à part quelques répliques du chef de l’Agent 11 avant de commencer une mission, il n’y aura aucune autre ligne de scénario et c’est bien dommage. On se retrouve donc à affronter à la chaine des ennemis mutiques, sans personnalité ni motivation, et souvent redondants car on les retrouve dans les différents niveaux d’une même zone.
Fights in Tight Spaces a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il est aussi disponible sur Xbox Series X et Xbox One.
Les mécaniques de Fights in Tight Spaces sont solides, même pour une early access, mais le titre de Ground Shatter aurait gagné à être un puzzle game plutôt qu’un roguelike. La BO sympathique n’arrive pas à nous faire oublier que le jeu n’a pas grand-chose à nous dire, la répétabilité en prend alors sérieusement un coup et un sentiment d’ennui s’immisce assez vite. À voir ce que nous réserve la suite de l’early access du jeu, avec un peu de chance ce sera un vrai scénario de film d’espionnage.
Revita
Édité par Dear Villagers et développé par une seule et même personne, BenStar, Revita est un roguelite plateformer indépendant, fraîchement sorti en early access. Le jeu propose pour le moment trois zones à explorer dans un monde ravagé et mystérieux. On y incarne un petit garçon, prêt à tout pour retrouver ses souvenirs oubliés. Votre but ? Grimper en haut d’une tour, pour retrouver vos souvenirs. Une histoire plutôt simple, mise en avant dès un tutoriel très efficace, qui vous explique très clairement comment jouer, tout en dessinant déjà le fait qu’il va falloir utiliser un ascenseur, qui s’ouvrira à chaque fin de tableau, pour continuer à grimper et atteindre le sommet.
Donne-moi ton cœur baby, ton corps baby
J’en suis consciente, vous l’êtes également : les rogue-likes, roguelites et toutes ces joyeusetés ont envahi le paysage vidéoludique ces dernières années (Hades, Dead Cells, récemment Curse of the Dead Gods etc etc, vous connaissez la chanson). On pourrait donc penser que le premier jeu de BenStar est un énième roguelite profitant des bonnes vibes de ses prédécesseurs… et pourtant : il se distingue avec une touche d’originalité particulièrement piquante. Eh oui, oubliez toute monnaie d’échange contre des objets qui pourront améliorer votre personnage puisque dans ce jeu, vous devez échanger votre propre vie (un cœur ou plus) contre une arme, une amélioration, ou une attaque spéciale. Sadique me diriez-vous ? Un peu, oui. Revita reproduit le même principe que n’importe quel roguelite (une zone à traverser, un boss… et ainsi de suite jusqu’à mourir et revenir au début du jeu) tout en le complexifiant puisqu’il est encore plus difficile de survivre dans ce monde qui vous demande de la vie en contrepartie d’améliorations. De plus que vous n’avez que 4 cœurs au début du jeu, qu’il faudra à la fois éviter de perdre au cours des 11 niveaux qui constituent une zone (et ceci trois fois de suite, puisque l’early propose trois zones) tout en les utilisant à bon escient pour s’améliorer.
Le développeur du jeu a voulu retranscrire ce qu’il préfère dans les rogue-likes et roguelites : le danger. Celui de perdre la vie à tout moment et de devoir tout recommencer, ici en pesant le pour et le contre. Vaut-il mieux dépenser de la vie pour s’améliorer ? Ou tout garder pour affronter le boss ? Grâce à ce système, chaque joueur pourra personnaliser son gameplay pour affronter au mieux ces zones peuplées de petits monstres fourbes. Le jeu semble très attentif aux besoins du joueur, puisqu’en plus de ces personnalisations, vous pourrez régler la difficulté, obtenir une aide pour tirer plus précisément, etc… Revita peut s’avérer ouvert à tous les publics : ceux déjà intéressés par les roguelite, et les débutants. Mais l’idée est finalement un peu plus complexe (et bancale) que ça.
Tu m’as oublié en oubliant qui tu étais
Alors voilà : Revita est une early access qui, malgré quelques bugs (surtout des ralentissements), est plutôt bien aboutie. Le jeu est graphiquement très réussi, avec un pixel art mignon qui contraste avec cet univers lugubre. La musique est sympathique et entraînante. Les trois zones sont intéressantes, permettant au joueur de se familiariser complètement avec le gameplay et de tenter plusieurs choses : ne pas acheter d’objets pour arriver au boss avec le plus de cœurs possible, acheter tous les objets et miser sur leurs spécificités… Comme souvent dans les early access de rogue-likes ou roguelites, j’ai trouvé le premier niveau assez difficile à passer, sans qu’il paraisse injuste pour autant, si ce n’est dans son système implacable concernant la vie que l’on acquiert, ou que l’on perd. C’est une early access qui fait plaisir à voir et à jouer, tant elle pose parfaitement les bases de son jeu, et tant les niveaux sont bien travaillés (ce qui n’est pas le cas de toutes les early, malheureusement). Votre personnage rencontrera également plusieurs autres protagonistes, qui l’aideront et lui permettront de débloquer des objets, un peu à la Hollow Knight, jeu auquel Revita fait constamment référence, notamment à travers ce monde sinistre, la ligne de métro, les bancs, ou encore les quelques autres personnages, dont la ressemblance est frappante (peut-être un peu trop, soyons honnêtes). Il est assez dommage de voir un jeu assez original dans son idée principale, et aussi peu sur l’univers sur lequel il se base (notons également la référence évidente à Dead Cells dans son menu), peu importe la qualité de son pixel art (et la mignonnerie de son personnage principal, ouyouyou).
En plus de cette histoire d’échange vie/objet, on ajoute à cela un système de pièces à collecter, que le héros récupérera à chacun de ses échecs pour débloquer des objets qu’il pourra ensuite retrouver, au hasard, pendant ses différentes runs. Il faudra donc beaucoup mourir dans Revita, et parfois (souvent) se laisser porter par la probabilité et la chance, ce qui peut apporter à la fois un certain challenge et encore plus de diversité dans les runs, mais également de la frustration, puisque la victoire ne dépend pas uniquement de nous et de nos choix. À cela il faut ajouter la difficulté hétérogène des salles (comme dans n’importe quel rogue) et une portée de tir pas extraordinaire, et le joueur peut se retrouver bloqué, pendant un long moment, dans une zone (oui je parle de moi, tout à fait). D’autant plus qu’on a tendance à donner beaucoup de cœurs, mais à en récupérer assez peu. Là où un roguelite comme Hades nous propose de récupérer assez de vie pour passer sereinement au palier suivant, Revita est assez radin là-dessus. Il est cependant plutôt évident que le jeu s’équilibrera au fur et à mesure des patchs, pour proposer un jeu plus homogène et mesuré.
Revita a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
En bref, Revita est une early réussie, qui promet un futur roguelite sympathique, à en juger la qualité de ce qui nous est présenté aujourd’hui. Si le jeu se démarque par son concept original, son pixel art mignon et sa B.O entraînante, il pèche cependant un peu dans son incapacité à en faire un jeu stable, que cela soit au niveau de la difficulté (on peut rencontrer deux ennemis par étage comme on peut en rencontrer six), du mode d’échange vie/objet (ainsi que de la pertinence de ces dits objets) ou encore de son gameplay parfois approximatif. Si je vous conseille plutôt d’attendre encore quelques mises à jour avant de vous procurer Revita, j’ai personnellement plutôt hâte d’être témoin de son évolution au fil des prochains mois.
Kalkulmatriciel
Cc c Kalkul. J'adore parler à tous les PNJ, mettre des mandales et saboter les coop.
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