Cette fois-ci, dans Partie Rapide, Bob vous parle de HellSign de Ballistic Entretainment, un RPG paranormal qui a du potentiel, et Fanny vous parle d’Hades, annonce surprise de Supergiant Games aux Game Awards.
HellSign
HellSign, c’est la plongée dans une autre vie, une autre dimension, en accès anticipé. Les Australiens de Ballistic Interactive nous proposent en effet depuis novembre 2018 leur premier jeu, très bien avancé, mais pas encore terminé. On y incarne un chasseur de démons amnésique qui décide de traquer son histoire et diverses créatures surnaturelles plutôt maléfiques en chemin. Le côté amnésique, ok, c’est du réchauffé. Mais ensuite ? La vie d’un ou une freelance ès paranormal vaut-elle le coup d’être jouée ?
Quand on débute en freelance, tout est plein de promesses
Dans HellSign, c’est pareil. On arrive sur un écran immersif sous forme de dossier de détective, où il convient de travailler son personnage : homme ou femme (cette option n’est, hélas, pas encore valide au moment où je vous écris), trois physiques différents, neuf métiers allant de mercenaire à ninja, en passant par détective, médecin et archéologue. L’équipement est différent selon le métier choisi. Par exemple, l’archéologue aura des baskets, et le ninja, des geta (ce qui est franchement cool). Les autres restent pieds-nus. A priori. Mais on voit bien qu’ils sont pas à poil, avec leur artillerie lourde sur le dos. Sinon, l’armement évolue aussi, ce qui a un intérêt plus tard, et il y a un arbre de talents à remplir au fur et à mesure de la montée en niveau.
Cette petite mise en bouche passée, l’introduction arrive sous forme de cases de comics, très dark, avec des dessins qui n’ont pas grand chose à voir avec le skin que vous venez de choisir, mais bon ! C’est plutôt badass malgré tout. Du sang, des choix de dialogues violents pseudo humoristiques où, en tant que grand mâle, vous pouvez vous la jouer blindé de testostérone façon brute de fin XXème siècle.
Profitez d’une ambiance Sims apocalyptiques
Et puis la première mission se lance. Là, on découvre les deux gros points forts du jeu : d’abord son ambiance sombre portée par une BO rock et synthé que les années 80 n’auraient pas reniée, dans laquelle les clichés de la pop culture des années 80-90 ajoutent un air hautement familier aux trentenaires, et ensuite, les beaux graphismes qui nous donnent l’impression de jouer aux Sims, mais façon Shirley Jackson et Stephen King. Il y a même quelques sursauts, au début, plutôt plaisants.
Vous entrez donc dans une maison à la recherche d’indices et pour découvrir ce qu’il s’est passé dedans, quand… C’est comme si vous aviez passé quatre heures à créer une belle et grande maison dans les Sims, sauf que vous ne saviez pas que c’était sur un cimetière indien. Et d’un coup, PAN ! Une porte vers le monde invisible avale la maison, et la recrache n’importe comment, sans plus aucune logique architecturale, avec des couloirs beaucoup trop longs, plein de portes qui donnent sur l’extérieur (mais pourquoi ??? Une porte avant, et une porte arrière, limite deux, c’est laaaaargement suffisant !), etc. Et en plus, il y a pleins de monstres (araignées et millepattes géants au début, puis poltergeist et autres joyeusetés dignes de The Witcher par la suite) qui ont bouloté les Sims et saccagé les pièces, avec des portails un peu partout, qu’il ne vaut mieux pas franchir avant d’être fin prêt… C’est assez cauchemardesque. Et donc, réussi.
Dans tout ce chaos, il convient d’apprendre à se servir de votre attirail complet de chasseur, à savoir lumière noire, détecteur d’ondes psychiques, enregistreur d’échos ectoplasmiques, grimoire rempli d’astuces pour combattre les méchants (que vous complétez à force d’indices récoltés)… Et votre arme. Alors là, on aborde un point pas des plus faciles. Il faudra quelques temps pour bien maitriser son personnage et acquérir les bons réflexes du chasseur/enquêteur. Une fois que c’est fait, on entre dans le gros du sujet.
Farmez les dollars
Le nerf de la guerre, quand on est freelance, c’est les missions pour choper de la thune et payer les factures, quitte à prendre toujours les mêmes affaires rémunérées deux francs six sous pour économiser. Et dans HellSign, c’est exactement ça. On a la carte d’une ville indéfinie sur laquelle pop des annonces, et il faut farmer les mêmes missions pour obtenir assez de pépètes afin d’acheter un meilleur équipement pour pouvoir avancer dans l’histoire et faire des missions plus lucratives mais aussi plus dangereuses. Nettement plus dangereuses. D’ailleurs, quand on meurt, on perd 66,6% des récompenses (hiiiii ! Le chiffre de la Bayteuh ! Le hasard comme par hasard !), xp comprise, gagnées lors de la quête en cours. On peut aussi tenter le diable (ahah) en misant au Blackjack contre un fieffé rusé, dans le bar malfamé du coin.
Cette facette farm aurait pu ne pas être trop déplaisante s’il y avait eu plusieurs décors aux quêtes. Hélas, il s’agit encore et toujours de la même maison hantée qu’on explore. Les pièces sont disposées aléatoirement pour tenter d’apporter une variante, mais le mobilier est identique, les corps démembrés aussi, et les énigmes finissent par devenir vraiment redondantes. Et à force, on ne sait plus où on a garé son camion, celui avec lequel on arrive et qu’il faut reprendre pour valider la mission. Il pop jamais au même endroit, d’affaires en affaires, et on finit par s’y perdre. De furieux « MAIS OU EST CE FOUTU VAN BORDEL ! » ont fusé avec force au bout de quelques heures de jeu.
D’un côté, ça renforce l’immersion façon freelance en grosse galère mais qui connait son job, désabusé. Mauvaise hygiène de vie, une solitude extrême, des plans foireux… Comme en vrai, quoi. D’un autre, ça saoule vraiment et ça coupe totalement l’envie d’aller plus loin. L’histoire s’en trouve d’ailleurs trop diluée, et c’est vraiment le plus gros point noir du jeu. Après, l’ambiance générale permet d’atténuer légèrement ce défaut sans pour autant l’effacer assez. Mais bon. Si vous êtes capable de jouer à Candy Crush ou autre jeu de ce type, vous pouvez aussi jouer à HellSign pour baigner dans une atmosphère de fin du monde mystique où vous pourriez probablement croiser Keanu Reeves avec trois clopes dans le bec.
HellSign a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur
Au final, il ne manque pas grand chose à HellSign pour être un bon jeu : l’ambiance est là, les graphismes aussi, la prise en main finit par se faire. Deux ou trois décors supplémentaires, genre un parc d’attraction abandonné, ou un hôpital psychiatrique désaffecté, ou encore un lycée fermé pour cause d’austérité économique, aux pièces disposées aussi aléatoirement, devraient enrayer la sensation de répétition. Si, en plus, il y avait un rééquilibrage financier en augmentant les sommes gagnées dans les petites affaires, histoire de ne pas buter pendant des heures sans pouvoir avancer dans l’histoire par manque de sous, et une version française, là, là, on aurait un jeu vraiment sympa. Pour le moment, il est intéressant, mais pas assez.
Hades
Je ne pensais pas que les Game Awards me réserveraient une aussi belle surprise. Un nouveau jeu de Supergiant Games, en early access, et basé sur la mythologie grecque. Je n’aurais pu rêver mieux et mon enthousiasme n’a pas non plus décliné lorsque j’ai appris que c’était un roguelike (ou lite, selon les différentes écoles du genre). Nous sommes d’énormes cyniques ici à The Pixel Post mais nous avons quand même chacun un développeur pour qui nous avons une petite faiblesse ou un coup de coeur. Pour moi, c’est Supergiant Games. Transistor est l’un des rares jeux qui a réussi à me toucher et même si j’ai pu sembler dure à propos de Pyre, je continue aujourd’hui de me rappeler de ses personnages, de son histoire et d’écouter sa musique constamment. Car l’arrivée d’un nouveau titre de ce studio, ce n’est pas seulement la promesse d’un nouvel objet vidéoludique mais aussi d’une nouvelle BO à découvrir et de magnifiques environnements à ressasser pendant longtemps.
L’enfer, c’est les autres
Zagreus, fils d’Hadès, ne se satisfait plus de sa vie de prince des Enfers et aimerait bien aller à la surface pour voir autre chose et éventuellement rencontrer sa famille étendue avec qui son père a coupé les ponts. Famille qui sera ravie de lui donner un coup de main dans son entreprise, en lui offrant divers pouvoirs pour faciliter sa traversée du royaume des morts. Car Hadès n’est pas prêt à laisser partir son fils aussi facilement, ne serait-ce que par fierté : personne n’est parti des Enfers (ou presque) et ce n’est pas sa propre progéniture qui va défier aussi ouvertement son autorité. Ce n’est pas comme si mourir avait des conséquences pour Zagreus : quand on meurt dans un monde déjà mort, on revient juste à la case départ. D’où le principe d’un roguelike, extrêmement logique du point de vue de l’histoire du jeu.
Le jeu est très facile à prendre en main, pour peu que vous ayez touché à un jeu du genre : plusieurs armes peuvent être débloquées, chacune avec des capacités différentes, votre personnage peut dasher pour éviter les attaques, des améliorations permanentes sont disponibles à l’achat avec différents objets à récupérer pendant vos runs et à chaque nouvel essai, vous recevrez des pouvoirs différents de la part des différents Dieux de l’Olympe. Bref du classique, vous vous battez contre des ennemis impitoyables, vous mourrez, vous recommencez avec de nouveaux bonus aléatoires. Le gameplay est agréable que ce soit au clavier ou à la manette, même si on pourra regretter un petit manque de visibilité à cause des effets lorsqu’il faudra dasher souvent ou quand la pièce est remplie d’ennemis. La touche supplémentaire de Supergiant au niveau des dialogues et de la musique suffit de faire d’Hades un jeu déjà très agréable, même s’il est très loin d’être complet.
Probablement l’early access la plus intéressante depuis longtemps
Il n’y a pas grand-chose de plus à dire pour le moment sur le jeu en lui-même. Si vous aimez le style de gameplay, que vous aimez Supergiant et que l’early access ne vous fait pas peur, je vous le conseille. Mais Hades risque d’être très intéressant pour d’autres raisons : déjà, c’est l’un des premiers jeux sur la nouvelle plateforme d’Epic Games, ce qui permettra de tester un peu l’attrait de celle-ci auprès des joueurs. Au vu des commentaires sur les différentes vidéos du YouTube du développeur, avec des joueurs qui réclament à cor et à cri une sortie sur Steam, ça ne semble pas gagné, peu d’entre eux semblent enclins à bousculer un peu leurs habitudes pour soutenir plus justement les créateurs.
Mais outre ça, il s’agit du premier titre en early access pour Supergiant et ils seront suivis pendant toute la durée de celle-ci par Noclip, qui prépare une série sur le sujet, dont le premier épisode est déjà sorti. Le monde du jeu vidéo étant généralement très fermé, il sera intéressant de pouvoir suivre les premiers pas d’un studio dans le monde impitoyable de l’accès anticipé, souvent décrié par les joueurs (et moi-même). Un titre à suivre avec attention donc, même pour ceux qui préfèrent attendre d’avoir l’expérience complète en main, ce qui devrait prendre un an et demi selon les estimations du studio. A voir s’ils arriveront à respecter leur planning, le nombre de jours avant la prochaine mise à jour importante est indiqué sur le menu du jeu, mais s’il y a un seul studio en qui je dois avoir confiance pour ça, c’est Supergiant, en espérant ne pas être déçue. A noter que vous ne pouvez pas encore acheter la musique du jeu, je la soupçonne d’être également en early access pour ne pas divulgâcher le reste de l’histoire, mais vous pouvez déjà écouter gratuitement les titres disponibles sur la chaîne YouTube du développeur. Et ce ne serait pas une critique d’un jeu Supergiant si je ne faisais pas une petite recommandation musicale à la fin : j’ai une faiblesse pour les chansons chantées et pour l’histoire d’Orphée et Eurydice donc c’est bien entendu Lament of Orpheus qui a immédiatement été mon coup de coeur.
Hades a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur
Ceux qui aiment les jeux du studio ne seront pas déçus : on retrouve ici tout ce qui fait le charme de leurs créations, du visuel aux personnages en passant par la musique. Le scénario n’est pas encore très développé mais ils promettent que celui-ci restera au coeur du jeu, malgré le choix de l’early access et d’un gameplay qui ne semble pas au premier abord très judicieux pour un jeu avec une forte composante narrative. J’ai pour le moment rencontré un seul bug, qui m’a empêchée de continuer l’un de mes runs, mais c’est le seul en plusieurs heures de jeu, ce qui est assez rassurant. Vous aurez donc compris que je recommande absolument et pour ceux qui ont suivi l’early access de Dead Cells, je pense que l’expérience sera globalement la même : revenir tous les x mois pour tester les nouveautés et faire quelques runs de temps en temps. A voir si c’est quelque chose que vous tolérez ou si vous préférez attendre la sortie finale.
bob thebob
Mes parents ont trouvé ça drôle de m’appeler Bob, notre nom de famille étant Thebob. Ça vous en bouche un coin ? Moi pas. Pour une raison simple : je n'en ai pas, de coin. Du coup, même si je
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