On parle beaucoup de mal-être dans la création vidéoludique ces temps-ci, entre les conditions de travail terribles chez Ubisoft et le crunch obligatoire chez CD Projekt, mais surprise, chez Sega en 2012, c’était la même mayo, et le développeur Tim Dawson a profité de la sortie Steam d’un prototype abandonné de Golden Axe pour revenir dessus. Mais laissons la toxicité à JoK pour nous envoler brièvement vers des horizons plus lumineux : c’est l’heure des bonnes nouvelles. Aujourd’hui au menu : la saga Cube Escape arrive sur Steam, World’s Edge corrige des représentations racistes dans Age of Empires III Definitive Edition et The Keycard Workshops s’organise pour proposer des Masterclass à prix décent.
Cube Escape se sauve sur Steam
Cube Escape, c’était cette série d’escape games chelous et anxiogènes qui a vécu ses belles heures sur le fameux site de jeux flash Kongregate entre 2015 et 2017, avec pas moins de neuf épisodes. Liés entre eux par le mystérieux Rusty Lake et de tout aussi mystérieux cubes de mémoire, la saga avait connu un petit succès à sa sortie sur navigateur, puis sur mobile, où tous les titres sont disponibles gratuitement. En plus de ces courts épisodes – mais vraiment sympas, mine de rien je viens de passer une partie de ma soirée à les découvrir – , la franchise Rusty Lake avait fini par s’enrichir de cinq opus complémentaires, payants cette fois, et continuant de développer l’univers sinistre et absurde de la saga – qui, cela ne surprendra pas grand monde, cite Lynch et particulièrement Twin Peaks dans ses influences. Ma copine m’avait pourtant raconté après les avoir faits que l’ambiance pouvait y être oppressante, ça n’a pas empêché que je ne faisais vraiment pas le fier à résoudre ces puzzles lugubres en pleine nuit.
Et alors que les jeux intermédiaires Rusty Lake étaient déjà disponibles sur Steam – ainsi qu’un court-métrage, cachant en son sein des indices pour certaines fins cachées d’un certain jeu, mais chut – voilà qu’a débarqué le 14 octobre dernier la série originale Cube Escape, les neuf épisodes étant compilés en un seul titre astucieusement nommé Cube Escape Collection, pour la somme de quelque quatre euros. Profitant de l’abandon du statut de jeux de navigateur, les épisodes bénéficient d’un petit coup de polish visuel, ainsi que de l’ajout de quelques succès. Rien de très nouveau donc pour les personnes ayant déjà touché à la saga, mais les développeurs ont l’honnêteté de l’annoncer sur la page Steam, d’autant que le but principal est tout autre. Car oui, si vous n’êtes pas prof de sciences en collège et lycée, peut-être l’avez-vous déjà oublié, mais le flash ne sera bientôt plus supporté, et il y a tout un pan du jeu vidéo qui est en train de migrer de plateformes et technologies avant l’échéance. C’est ce qu’avait fait Jim Crawford cet été pour Frog Fractions (et continue, puisque ce petit malin en a évidemment profité pour sortir un Frog Fractions 3 caché dans un DLC, et s’apprête à en livrer un autre), tandis que des sites comme Kongregate ou Nitrome s’évertuent à sauvegarder leur catalogue. Si la saga Cube Escape/Rusty Lake n’était pas perdue puisque toujours disponible sur mobile, il est désormais certain qu’elle restera également accessible sur PC.
World’s Edge rectifie Age of Empires III
Vous vous souvenez peut-être d’Age of Empires III, qui, malgré ce que soutenaient mes colocs, n’était pas terrible, oui on assume ses takes dans les bonnes nouvelles, même si cette opinion provient à 50% du fait que je me faisais défoncer par lesdits colocs en LAN. Et si vous vous êtes infligé la campagne ou que vous preniez ces civilisations, vous vous souvenez peut-être aussi de la représentation scandaleuse des Amérindiens, empilant les approximations culturelles et les clichés racistes. World’s Edge/Xbox Game Studios, qui supervise le développement des Age of Empires par des studios externes – Forgotten Empires et Tantalus Media pour AoE III Definitive Edition, Relic Company of Heroes/Dawn of War Entertainment pour AoE IV – s’en est en tout cas rendu compte durant la production du remaster. Le studio raconte ainsi avoir tiqué devant les représentations de danse autour du feu et les liens avec les animaux à la limite du surnaturel et s’est tourné vers le consultant culturel Anthony Brave pour rectifier le tir dans la Definitive Edition.
Celui-ci s’est penché sur les soucis de représentation, à commencer par les noms de tribus, Sioux et Iroquois, qui retrouvent leurs noms d’origine, respectivement Lakota et Haudenosaunee. Au programme des changements majeurs, il y a la disparition des fameux Fire pits autour duquel les unités dansaient dans le AoE III d’origine et jugés particulièrement offensants pour leur côté faussement mystique et déshumanisant les Amérindiens, à la faveur de places communautaires ; et disparition également des liens magiques avec les animaux, ainsi que de la pratique du minage, aux antipodes de la culture de ces tribus. Le titre s’est également vu agrémenté d’un petit carton d’explication des modifications effectuées à sa sortie le 15 octobre dernier, ce qui n’a bien sûr pas manqué d’énerver facholand les G4merz™, râlant une fois de plus contre ces satanés SJW qui gâchent tous leurs jeux. Hum. La qualité du remaster ne semble visiblement pas incroyable – on s’en doutait un peu – , mais il reste agréable de voir les studios revoir leur copie en retirant du contenu ouvertement offensant de leurs jeux – et peu importe que la démarche soit cynique ou sincère.
Interlude Shiftpost
Toutes les nouvelles ne méritent pas nécessairement leur encart, parfois elles se résument à un lien, une phrase ou un fait et partent dans ma poubelle à news inconsistantes – ou réapparaissent dans la rubrique Les autres trucs des Miettes de l’actualité. Ceci étant, j’avais beaucoup de news de ce genre-là cette semaine, et je m’en voudrais de garder tout cela pour moi. J’avais donc dans ma besace :
- C’est l’anniversaire de Disco Elysium. Pour cette occasion, ZA/UM a partagé des fangames, des musiques alternatives, des fanarts, des artworks et un incroyable meme, tout en promettant que des nouveautés arriveraient bientôt (si c’est un nouveau jeu on est bien repartis pour attendre 12 ans).
- Plus de 140 animateurs·trices se sont regroupé·es pour créer un medley remasterisé de tous les mini-jeux de la série Rhythm Heaven. C’est idiot, c’est parfait.
- Une équipe de moddeurs est en train de créer Nightfall, une suite non-officielle de Dark Souls, à partir d’assets recyclés.
Des Masterclass, mais pas à 999$
Oui d’accord, recontextualisons. Cette semaine, la GDC (Game Developers Conference) a dévoilé le programme de ses Masterclass, qui se tiendront les 3 et 4 décembre 2020, avec des conférenciers et conférencières plutôt prestigieux (pensez Victoria Tran ou Derek Lieu)… ainsi que leur prix, à raison de 999$ par Masterclass. Quel scandale, particulièrement quand on sait que les intervenants ne sont pas particulièrement bien payés.
Fort heureusement, cette annonce a surtout fait réagir parmi les acteurs de l’industrie, à l’image de Jonathan Cooper (ex-animateur chez Bioware, puis sur Uncharted et The Last of Us pour Naughty Dog), contacté par la GDC pour animer une Masterclass et qui en plus de refuser la proposition devant l’absurdité des prix, s’est fendu d’un thread détaillant un peu les dessous de ces Masterclass (et de qui récoltait le plus d’argent, spoiler, c’est la GDC, qui se mettrait environ 23k dans les poches par session) et surtout recommandant l’alternative AnimState, qui propose gratuitement une journée de conférences sur l’animation. On retrouvera également notre gars sûr Rami Ismail ainsi que Myriame Pilgrim, qui, fort·es de leur expérience d’organisateurs·trices de gamedev.world, se lancent dans le projet Keycard Workshops, qui proposerait le même type de Masterclass, pour un forfait de 50 à 100$ pour des sessions de 4 à 6h (contre 8 pour celles de la GDC). Bien qu’encore à ses balbutiements, l’initiative a cependant déjà attiré de potentiels intervenants, tels que Jon Everist (compositeur du récent The Solitaire Conspiracy), Tiffany Otto (directrice de l’IndieCade), Pedro Medeiros (artiste derrière Celeste et TowerFall et co-fondateur de EXOK Games) ou encore Greg Hennessey (game designer de Dauntless).
Bonus
Ma frangine est de retour au pays des crêpes et du beurre salé pour une petite semaine, joie et félicité.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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