Mélange assumé de plusieurs tendances actuelles du jeu vidéo, des jeux de survie et de craft au rogue-like en passant par les open worlds à la Breath of the Wild, Holomento est un jeu développé en quasi-solo par un certain Sean Weech, proposant d’aider à reconstruire un pays ravagé.
Vous le savez si vous lisez les miettes de l’actualité, recensant chaque semaine les principales sorties de jeux des jours à venir, mais l’idée d’un nouveau rogue-like action aventure en 3D low poly n’est pas forcément la chose la plus engageante qui soit : on a l’impression qu’il en sort dix par semaine. Holomento, qui a entamé son accès anticipé voici quelques jours, entend tirer son épingle du jeu en proposant un système de mort permanente. L’aventure de chacun de vos avatars sera marquée par une vie éphémère, seule comptant la progression générale de la restauration de la contrée et l’expérience accumulée en chemin. Une série de bonnes idées cependant servie dans une version si anticipée qu’elle est parfois à la limite de la simple note d’intention.
Hollow, is it me you’re looking for ?
Holomento ne s’embarrasse pas, pour le moment, d’une grosse couche narrative, et mise davantage sur son décor et son ambiance pour nous faire comprendre ce dont il est question. Mais en gros : la contrée a été maudite, sa géographie est bouleversée (c’est bien, ça permet de faire une map procédurale), les villes sont en ruines et au milieu de tout ça, il y a des monstres qui attaquent les passants.
Dans cette ambiance pas très joyeuse, mais étrangement champêtre tout de même, on incarne un Traveler, sorte d’ombre arpentant le pays pour l’aider à se reconstruire. Notre mission : découvrir un maximum de lieux (une cinquantaine de mini-hubs pour le moment), ramasser des trésors, accumuler de l’expérience, des matériaux et de l’or en accomplissant exploration et quêtes secondaires. Et déposer, si possible, une partie du butin dans les différentes villes et villages disséminés sur la carte. Plus vous investissez dans une boutique et plus cette dernière pourra se payer un ravalement de façade assez visible, afin de proposer davantage de produits à des prix plus avantageux.
Mais comme on ne peut pas avoir de belles choses, Holomento ne laissera pas longtemps votre avatar profiter du fruit de ses efforts, puisqu’il est relativement fragile et que la moindre rencontre un peu brutale ou chute un peu soudaine le brisera en petits morceaux. Un peu à la manière d’un Rogue Legacy, la mort fait absolument partie de l’expérience, puisque chaque défaite vous fera recommencer l’aventure depuis le départ dans la peau d’un nouveau bonhomme, tout en vous permettant de conserver certaines améliorations dans les hameaux aidés en chemin. La boucle de gameplay est donc assez simple : on explore, on récolte, on investit, on meurt, et on recommence. C’est plutôt efficace, mais pour le moment ce n’est pas (encore) très intéressant.
C’est beau mais c’est loin
Davantage que sa pléthore de bugs qui peuvent parfois (souvent) faire complètement dérailler une run, Holomento souffre pour le moment d’un petit problème de rythme, particulièrement en début de partie. Contrairement à un Noita ou à un Dead Cells, qui arrivent à rendre leurs premières tentatives rythmées et intéressantes, Holomento a un problème assez regrettable de démarrage. Passé le tutoriel, on se retrouve dans un monde semi-ouvert assez vide, à ramasser nos premières armes et à faire nos premiers combats. Ces derniers, se manipulant surtout à distance via un système de pouvoirs magiques, jouent énormément sur l’attrition des ennemis et la capacité à esquiver des flèches arrivant un peu au ralenti. Il faut attendre un long moment avant que les premiers challenges surviennent.
Alors on se promène. On ne trouve pas grand-chose : un tas de bois par-ci, un peu d’or par là, un PNJ qui vend un casque ou un bâton dans un kiosque en ruines. Si on a de la chance, on croise un village pour récupérer ses premières quêtes qui sont, sans surprise, des quêtes de chasse : « S’il te plaît, va me dégommer dix-huit squelettes en échange d’un colifichet ». On se prend à pester contre des niveaux aussi vides que grands, on résout des énigmes laborieuses à base de leviers et de dalles à activer, et finalement on meurt en glissant dans un ravin. Et il y a fort à parier que dans vos premières heures de jeu, vous ne viviez pas autre chose.
Fort heureusement, une fois les premières boutiques réparées et les premiers gros hubs atteints, Holomento se révèle un peu plus intéressant : des zones plus diversifiées, de la verticalité, une progression plus perceptible dans nos efforts pour reconstruire l’univers… Et des combats beaucoup plus variés, forçant bien davantage à utiliser son inventaire et ses potions, et à jongler entre magie à distance et corps à corps. Il faut quand même sacrément s’accrocher pour avoir l’impression de véritablement faire quelque chose dans le jeu. Peut-être est-ce le propre d’un début d’accès anticipé ? On a néanmoins vu des jeux arriver sur le marché avec des débuts plus immersifs et plus engageants.
Des idées intéressantes qui méritent l’attention
Attention, malgré son rythme assez faible et ses combats pour le moment plutôt mous, Holomento a vraiment du potentiel. Son système d’expérience est fluide et très bien pensé, et sa manière d’articuler le parcours individuel de chacun de nos avatars et la destinée collective du pays promet de belles aventures, ainsi qu’une promesse réelle d’évolution perceptible du monde.
J’ai particulièrement apprécié le système investissant automatiquement les points de compétence gagnés dans les pièces d’équipement adéquates, donnant l’impression d’une progression très fluide de la montée en puissance du personnage. Dans le même ordre d’idée, le fait que les nouveaux objets ramassés puissent être incrémentés directement dans les statistiques évite énormément de micro-management, souvent générateur de baisse de rythme dans les hack and slash. Alors qu’ici : vous trouvez un nouveau casque, il s’ajoute à vos points de casque, bravo, vous avez la tête plus dure. C’est rapide, sans doute pas très réaliste mais le fait d’incarner un magicien encapuchonné dans une pampa pleine de squelettes non plus.
Enfin, et même si j’ai souligné à plusieurs reprises le côté un peu vide, parfois un peu trop haut de plafond des différents environnements, je ne peux que souligner le côté très prometteur de la direction artistique minimaliste mais très lisible d’Holomento : les ennemis sont assez variés, les paysages sont parfois grandioses, et on ressent régulièrement ce côté très plaisant de vouloir y jouer juste cinq minutes de plus, juste pour avoir le plaisir de découvrir ce qui se cache derrière la prochaine colline.
Holomento a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur
Attention : accès très anticipé. Malgré le suivi pour le moment rapide et exemplaire de son créateur, il manque encore énormément de choses à Holomento pour être un jeu vraiment amusant. Tout au long de nos différentes tentatives d’explorer et de réparer ce pays tout cassé, on décèle néanmoins beaucoup de potentiel, et on a hâte de voir à quel point cette marge de progression sera remplie lors des prochaines mises à jour du jeu.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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