Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray vous parle de Sizeable, un puzzle game tout en douceur, et Shift de Blind Drive, un jeu de voiture à acheter les yeux fermés.
Sizeable
L’année 2021 n’est pas vraiment meilleure que celle précédente, n’est-ce pas ? Est-ce qu’il ne serait pas temps de faire une petite pause vidéoludique ? Attention, je ne parle pas d’un jeu pour se défouler en tapant/tirant/explosant des adversaires, je parle de la vraie pause, cette parenthèse durant laquelle on oublie le reste du monde et de ses problèmes pour atteindre le calme absolu avec des petits gâteaux et une brique de jus d’orange. Bienvenue dans Sizeable.
Boucles d’or the videogame
Et c’est de Belgique qu’arrive ce moment de calme, grâce à Business Goose Studios et plus particulièrement Sander Ambroos, seul développeur du jeune studio sur Sizeable.
L’idée derrière ce puzzle game est très simple : prenez des dioramas (décidément très à la mode dernièrement, avec notamment Tiny Lands ou encore les niveaux du capitaine Toad dans Super Mario 3D World), et cherchez-y 3 petits totems à placer dans les cases dédiées aux coins du niveau. Libre à vous de tourner d’un clic droit autour du niveau pour mieux observer ce que vous pourrez y trouver.
Alors bien évidemment il y a un twist : la plupart des objets composant les différents puzzles peuvent être agrandis ou rapetissés d’un simple mouvement de la molette de votre souris. Cette pile ne rentre pas dans la machine ? Aucun problème il suffit de réduire sa taille. Ce rocher n’arrive pas à détruire le mur devant lui ? Agrandissez-le et le mur ne fera pas long feu. Sizeable va même parfois plus loin, changer la taille d’un objet pouvant avoir une incidence sur le niveau entier comme avec cette lune et son influence sur la montée des eaux. Sander Ambroos a réussi à trouver de vraies bonnes idées pour aller plus loin que son concept de base.
Visuellement, le jeu est en plus une réussite : les dioramas sont très mignons, savent être remplis tout en restant lisibles et sont en plus variés en termes d’objets et d’univers (plage, château, ville, montagne, etc). De quoi ne pas avoir l’impression de passer deux fois sur le même niveau.
Vous avez toujours eu peur du moindre puzzle game ? Pas d’inquiétude à avoir ici. Sizeable n’est pas bien difficile, de quoi pouvoir profiter des dioramas et de l’agréable musique du jeu qui vient renforcer votre instant détente. Et si jamais vous êtes bloqué, regardez le coin en haut à gauche de l’écran, les pictogrammes vous donneront toujours un indice sur comment trouver le totem qu’il vous manque.
Reste une durée de vie malheureusement assez limitée : 1h30 de jeu pour faire les 21 puzzles proposés (le tout pour 10 euros). Heureusement qu’il y a en plus quelques niveaux cachés à débloquer, soit en trouvant toutes les petites tortues du jeu (elles sont si adorables), soit en trouvant des interactions précises à faire pour les débloquer (très amusant ici aussi, même si du coup on en voudrait encore plus). Je rajouterai que les crédits du jeu annoncent déjà du contenu supplémentaire, sans savoir cependant à l’heure actuelle si ce contenu sera conséquent et s’il sera gratuit ou payant.
Sizeable a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il est disponible sur Steam et sur itch.io (et une démo du jeu existe).
Sizeable est un puzzle game rempli de bienveillance et de mignonitude (mais si, ce mot existe). On y passe un bon mais (trop) court moment, sans prise de tête. Si vous craquez, je ne peux que vous conseiller de le picorer doucement, histoire d’en profiter le plus possible, même si l’envie de découvrir ce que cache le puzzle suivant et d’enchaîner les niveaux sera très forte.
Blind Drive
Dans le genre high concept, Blind Drive se place assez haut. Vous êtes enchaîné au volant d’une voiture lancée à toute vitesse à contre-sens sur l’autoroute, les yeux bandés et sans autre possibilité que de tourner à gauche ou à droite pour éviter les véhicules qui arrivent en face. Toute la question sur ce genre de titres farfelus et reposant sur un seul concept sera de savoir si le postulat initial en a suffisamment dans le bide pour tenir sur la durée et ne pas se limiter à un gimmick un peu amusant les dix premières minutes. La réponse est oui, et le titre de Lo-Fi People se pose ainsi comme un exemple de bonne idée bien exploitée jusqu’au bout.
Rien que pour vos oreilles
Et il va être un peu compliqué d’expliquer en détails pourquoi, puisque son principal intérêt repose dans les différentes exploitations du gameplay, ainsi que dans son scénario, qu’il serait dans les deux cas franchement dommage de spoiler. De base, Blind Drive se résume à un écran globalement noir – voire entièrement, si vous souhaitez profiter de l’expérience complète en dégageant l’interface – et vous demande, en vous fiant uniquement à la localisation des sons – ne songez même pas à jouer avec autre chose qu’un casque – de dévier votre véhicule vers la droite ou la gauche pour ne pas finir encastré dans les voitures qui arrivent face à vous.
La grande force de Blind Drive, c’est de se tenir à ce gameplay, et de ne jamais chercher à complexifier ou enrichir une recette qui fonctionne parfaitement (au risque de casser la formule), sans la rendre non plus répétitive. Cela passe tout d’abord par une exécution au poil : le sound design est (heureusement) parfait, le mixage est soigneusement calibré, tous les sons se distinguent quoi qu’il arrive, le doublage est convaincant, l’interface est propre et utile – sans être indispensable, puisque le jeu fonctionne également très bien sans – et le titre maintient ce niveau de qualité du début à la fin, sans le moindre faux pas. On regrettera peut-être seulement une absence de sous-titres, qui n’est pas tant un oubli qu’un choix délibéré du studio, craignant que ces derniers soient une source de distraction. Un parti pris compréhensible, mais qui pourra laisser de côté pas mal de monde, puisque le titre n’est doublé qu’en anglais – mais rien n’est fixé, et le studio envisage leur ajout – et que si le jeu est largement jouable sans comprendre le scénario, certaines phases de gameplay nécessitent quand même de comprendre ce que l’on nous raconte.
Ce qui nous amène au cœur de la réussite de Blind Drive : l’exploitation de ses mécaniques. Elles sont certes simples – et le restent – , mais Lo-Fi People sont parvenu·es à en faire quelque chose de différent quasiment à chaque niveau. Sans en dire trop, cela passera par l’environnement direct (conditions climatiques, types de routes), par les obstacles et véhicules rencontrés, les différents objectifs, la vitesse de notre voiture et j’en passe, car sur les 27 niveaux constituant l’intrigue, il doit y avoir 24 ou 25 idées différentes et folie : elles sont toutes très bonnes. Le bon côté, c’est bien évidemment que le titre ne se repose jamais sur ses lauriers et propose niveau après niveau une nouvelle façon maline d’appréhender le concept, empêchant toute monotonie de s’installer. Le mauvais, c’est que Blind Drive est ÉPUISANT. Il est plutôt courant dans un jeu vidéo d’être bombardé de stimuli visuels, beaucoup moins sur le plan auditif, et surtout pas de cette manière. Ainsi, le jeu a beau être plutôt court, je l’ai savouré par bribes, trois ou quatre niveaux à la fois, et ce malgré l’envie de connaître la suite du scénario.
Et ce sera ma dernière source d’enthousiasme : le scénario et l’écriture du titre. Si le premier acte se déroule sans grandes péripéties – mais non sans quelques bonnes blagues – , l’histoire prend un tout autre tournant passé le premier tiers, et passe rapidement d’un scénario efficace mais plutôt prétexte, à une fresque d’humour noir délicieusement absurde et quelques twists bien amenés. On pardonnera de ce fait les quelques redondances de gameplay sur les derniers niveaux, puisqu’ils sont en contre-partie remplis de fulgurances scénaristiques et de mise en scène.
Blind Drive a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Blind Drive est un astucieux mélange de jeu d’arcade grisant, exigeant et épuisant, de scénario bien ficelé teinté d’humour noir, de comique situationnel et de blagues potaches et d’examen auditif de visite médicale. Le titre de Lo-Fi People est une complète réussite, autant dans l’exécution de son concept que dans son écriture et sa durée. Si l’histoire se boucle plutôt rapidement, son aspect arcade et les différents challenges lui apportent une rejouabilité plutôt sympa. Il s’adresse malheureusement à un public plutôt réduit, capable de comprendre des dialogues en anglais non sous-titré et disposant du matériel nécessaire pour y jouer dans des conditions correctes – je ne fais pas l’affront de préciser qu’il est absolument inaccessible pour des personnes sourdes ou malentendantes – , mais si vous remplissez tous ces prérequis : foncez !
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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