Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali vous parle du mix étrange entre city builder et roguelike qu’est As Far As The Eye et Fanny de Nexomon: Extinction, un Pokémon-like.
As Far As The Eye
As Far As The Eye (A FATE pour les intimes), c’est un mélange entre un roguelike et un city builder. La preuve, s’il en fallait encore une, que 2020 est officiellement l’année où un jeu indépendant se doit être le mélange entre n’importe quel genre choisi au hasard et un roguelike. Mais cette fois on touche aux frontières de la bizarrerie : un mélange un peu anecdotique, mais loin d’être idiot.
Le compas dans l’œil
Attendez… Un roguelike et un city builder ? Quoi que comment qu’est-ce ? Moi aussi, j’avais du mal à ne serait-ce que comprendre le concept. Et pourtant, il n’est pas si farfelu que ça une fois qu’on a passé quelques heures à comprendre sa mécanique bien huilée. Dans As Far As The Eye, vous incarnez une caravane de petites créatures pacifiques métamorphes, les Pupilles, vivant à l’ombre d’une grosse créature velue qui les suit partout. Périodiquement, le pays des Pupilles est envahi par les eaux, et ils doivent se réfugier dans une sorte de sanctuaire, l’Oeil. En chemin, ils peuvent récolter des ressources, gagner en expérience dans différents métiers, construire des bâtiments flottants ou solides, et rassembler les éléments nécessaires pour progresser jusqu’à la prochaine étape. Récolter, construire, améliorer ses habitants, et recommencer la partie sur une autre seed ou avec d’autres conditions : ma foi, c’est bien un roguelike mélangé avec un city builder.
Vous plaçant avec un tout petit nombre de Pupilles dans des maps de plus en plus ardues à exploiter (obstacles, ressources plus rares, événements aléatoires, blessures…), As Far As The Eye est avant tout un jeu qui mettra à profit vos capacités d’organisation et de logistique. Changer le métier d’un Pupille prend du temps (et ce dernier est limité), installer un bâtiment trop loin d’une ressource peut aller plus vite sur le moment mais vous handicaper ensuite, trop exploiter une ressource peut s’avérer dangereux à long terme, etc. As Far As The Eye est ainsi un jeu assez difficile, qui bénéficie heureusement de deux modes d’apprentissage très bien exécutés : une campagne scénarisée pour vous immerger dans diverses problématiques et mécaniques d’une partie normale, et un système d’aide et d’infobulles désactivables pour les parties normales.
C’est pas mal, et c’est déjà pas mal
J’ai presque poussé un soupir de soulagement en listant les défauts de As Far As The Eye. L’été 2020 a été marqué par une série de jeux assez décevants, parfois plein de bonnes idées mais à l’exécution complètement foireuse, voire de jeux purement médiocres. Beaucoup de titres ont été repoussés à la fin de l’année ou à l’année prochaine, donnant à cet été 2020 un goût de fond de tiroir dans lequel on aurait laissé traîner de la sauce aux huîtres. Car oui, A FATE a des défauts. Son interface est parfois si inutilement touffue qu’une chatte n’y retrouverait pas ses petits, et la carte, foisonnante, confine parfois à l’illisible. Quelques petits soucis d’ergonomie, aussi (sélectionner une unité n’est pas toujours simple), mais au fond rien de gravissime.
La plupart de ce que fait le jeu d’Unexpected Studio, il le fait correctement : c’est joli, ce n’est pas trop répétitif, c’est assez addictif, le contenu est plutôt riche, et l’univers déployé, sans être envahissant, est très plaisant. As Far As The Eye pose à merveille son ambiance bienveillante et légèrement mélancolique. Certes, à aucun moment le jeu ne devient formidable ou palpitant, mais si toutes les petites expériences du genre pouvaient au moins avoir ce niveau de finition et de bonne tenue technique, je passerais moins de temps à rouspéter.
As Far As The Eye a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Avec sa jolie patte de Fantasy Franco-Belge mélancolique, le jeu montpelliérain As Far As The Eye réussit l’exploit d’être un des rares jeux de l’été 2020 des indés à ne pas m’avoir fait sortir de mes gonds. Le côté brouillon et parfois un peu chaotique de son interface n’ont même pas réussi à entamer ma bonne humeur. Bravo à lui !
Nexomon: Extinction
Nexomon : Extinction et moi, ça avait mal commencé. Je pensais prendre peu de risques en demandant un Pokémon-like et pourtant, je m’étais retrouvée face à un jeu qui m’agaçait sur tous les points : écriture médiocre, l’absence d’expérience partagée combinée à un monde qui monte en niveau en même temps que nous qui rendait chaque combat insupportable et juste un manque de qualité de vie en général qui ne rendait vraiment pas plaisante l’expérience de jeu. Ma critique assassine était déjà rédigée et n’attendait qu’une conclusion pour pouvoir sortir sur le site. Mais, par acquit de conscience, je suis quand même allée voir s’il n’y avait pas eu des mises à jour récentes intéressantes. Et me voici à recommencer à écrire sur Nexomon : Extinction car il y en avait et il me faut avouer que si tout n’est pas parfait, VEWO Interactive a bien rectifié le tir.
A se taper la tête contre le (4ème) mur
Comme dit précédemment, Nexomon : Extinction est donc un Pokémon-like, ce qu’il vous rappellera au moment du tuto en faisant une blague bien lourde sur le fait qu’on sait donc déjà comment il se joue, dans un univers un peu moins sympathique que son inspiration. En effet, ici, pas de vie en harmonie avec les Nexomon puisque les plus puissants d’entre eux, les Tyrans, cherchent à prendre le contrôle du monde, avec l’un tout particulièrement dédié à tout vouloir détruire. Normalement, ce serait une tâche pour la guilde des dresseurs, mais il se trouve qu’ils n’ont pas non plus beaucoup de membres actuellement et les attaques de plus en plus nombreuses des Tyrans les empêchent de protéger efficacement le monde. Alors on vous sort de votre orphelinat où vous vous entraînez pour devenir un dresseur, on vous colle un Nexomon dans les bras et c’est parti pour parcourir un monde en guerre, où vous trouverez quand même le moyen de vous battre contre d’autres dresseurs qui auront à coeur de vérifier que vous méritez bien le badge que vous portez.
Si l’histoire générale du titre est correcte et permet de se démarquer de Pokémon dans la façon où votre personnage gagnera en rang, elle est irrémédiablement gâchée par quelque chose qui n’a pas pu être résolu par des mises à jour tant ça semble faire volontairement partie de l’ADN du titre : les blagues qui brisent le quatrième mur. A moins que ça aille dans le contexte du jeu, ce n’est jamais drôle et je ne comprends toujours pas que des scénaristes fassent encore cette erreur. C’est d’autant plus insupportable quand elles sont utilisées comme prétexte pour faire de l’auto-dérision et essayer de tourner les limites du titre de façon humoristique. Ce n’est pas drôle de dire pour la 100ème fois que telle chose n’est pas animée parce que les développeurs n’avaient pas assez d’argent, c’est plutôt triste. Sans oublier les blagues classiques répétées à l’envi sur Twitter et Reddit, du genre « haha on envoie des enfants à l’aventure, comme c’est irresponsable ». Le pire étant que ce n’est pas juste le fait de cette mascotte insupportable qui vous suit partout parce que votre personnage est muet, non, certains PNJ s’y mettent aussi, brisant toute immersion. Si j’avais acheté le jeu, j’aurais probablement demandé un remboursement tant c’est irritant. La bonne nouvelle étant que même si elles ne disparaissent pas complètement, elles ont tendance à s’atténuer dans la suite du jeu.
Ca a failli être pire
Mais tout n’est pas perdu pour Nexomon. Si j’étais très fâchée avec le titre pour son choix de faire augmenter le niveau des Nexomon sauvages et de ceux des dresseurs avec celui de votre équipe, son côté irritant est atténué par l’ajout récent d’un partage d’expérience. Ce partage se présente sous la forme de noyaux à créer avec les pierres que vous pouvez récolter lors de vos aventures et à rajouter à vos Nexomon. Il existe plusieurs niveaux, qui demanderont plus ou moins de pierres pour être créés, allant d’un partage de 8 % de l’expérience à 25 %. Mais même ce petit pourcentage en plus change tout, puisque les zones ont tendance à être concentrées sur un type de Nexomon, ce qui fait qu’il sera dur d’entraîner toute votre équipe de façon égale. Cependant, il reste le côté illogique du monde qui monte de niveau avec nous quand le but est tout de même d’attraper le plus de petits monstres possibles. En effet, il est dur de ne pas simplement les ignorer sur notre chemin pour finir par les récolter quand on en aura besoin et qu’ils seront donc à un niveau correspondant plus ou moins à ce que l’on nous demande pour continuer l’aventure.
Autre ajout agréable, les cristaux que l’on peut trouver sur notre chemin pour se soigner, évitant un énième aller-retour chez le médecin. Ils restent rares et avec un temps de recharge long mais ils permettent de rendre l’exploration un peu moins fastidieuse qu’auparavant. On peut aussi souligner que la plupart des monstres et des environnements sont mignons, bien que plus ou moins inspirés, et que la musique est sympathique. J’apprécie la mécanique de minage, qui permet de se faire de l’argent ou des buffs pour nos Nexomon, ainsi que la présence des quêtes secondaires, qui rythment un peu plus l’aventure. Et je tiens encore une fois à souligner le travail des développeurs, qui ont été réactifs sur les mises à jour et qui ont assez vite corrigé l’équilibrage pour rendre les combats moins injustes, même s’il reste encore pas mal de travail de ce côté, ainsi que l’ajout du bouton de sprint, toujours important. Un jeu imparfait donc, mais avec un certain potentiel.
Nexomon: Extinction a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
C’est juste que Nexomon et moi, nous n’avons jamais vraiment été faits pour s’entendre. Nous n’avons pas le même humour ni la même vision de ce qui fait de Pokémon un jeu à succès. Pokémon est pour moi un jeu-détente, où je ne veux pas farmer à outrance, où la capture des Pokémon est relativement simple, où je veux juste faire quelques combats et m’attacher à mes petits monstres un peu moches. Je ne fais pas partie du public qui se plaint de la « casualisation » de la licence, j’aime l’expérience partagée, j’aime ne pas à avoir à utiliser des potions constamment. Nexomon essaie plus de faire appel à la fibre nostalgique de ceux qui regrettent les temps anciens des premiers opus de la série, avec une difficulté un peu plus relevée, un système de capture un peu tordu et l’obligation d’user et d’abuser des potions de soin pour finir un combat. Mais là où avant je trouvais ses défauts trop importants pour qu’il soit agréable à qui que ce soit, depuis les mises à jour, je sais que Nexomon : Extinction trouvera son public et qu’il risque de s’agrandir encore plus au fur et à mesure des améliorations que l’équipe de développement a l’air d’avoir à coeur d’apporter.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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