Des cubes. Des stickers. Des stickers sur des cubes : voici le programme de The Last Cube, le nouveau jeu du studio finlandais Improx Games, qui livre un puzzle game au concept simple mais aux possibilités infinies : jouer dans des environnements 3D avec les différentes faces d’un dé dont les capacités sont déterminées par le symbole collé dessus.
Le monde du puzzle game est rude : même s’il est rare que le genre soit sous les feux de la rampe, des centaines de jeux supposés nous tourmenter les méninges sortent chaque année. Parfois c’est super, parfois c’est beaucoup moins inspiré. Plutôt que de chercher l’originalité à tout crin, The Last Cube choisit donc de jouer sa partition sur un mode extrêmement épuré, compréhensible en quelques secondes, et un emballage réduisant au minimum la mise en scène et la narration pour se concentrer sur l’essentiel : le déplacement d’un cube selon des séquences logiques. Un parti pris minimaliste qui nécessite un certain talent et beaucoup d’équilibrage pour séduire, ce que The Last Cube parvient à faire la plupart du temps, malgré quelques écueils regrettables.
Un jeu un dé
Si The Last Cube a bien un scénario (essentiellement raconté via des cubes de données consultables dans le menu du jeu), il est surtout là pour la forme et pour rendre hommage aux classiques du genre, à commencer par Portal. Vous êtes un Cube, observé par des drones sur une mystérieuse planète carrée, et on fait des expériences sur vous, sur fond de SF new age et de musique au synthé évoquant les heures les plus sombres de la toute fin des années 70. On comprend rapidement qu’on n’est pas là pour découvrir le futur prix Hugo ou Nebula, mais bien pour entrer dans une vingtaine de niveaux plus ou moins linéaires destinés à nous faire cogiter un maximum.
Ces niveaux, découpés en sous-énigmes, sont assez variés et nombreux, et ce n’est pas moins d’une centaine de casse-têtes que propose de résoudre le jeu, en multipliant les manières de les surmonter : en collectant tous les objets cachés, en réalisant un minimum de déplacements ou encore en terminant un niveau avec le moins d’éléments collés sur votre cube. Car oui, la seule action concrète que vous propose de faire le jeu est de déplacer un cube sur une grille, et de temps à autre de coller un symbole sur une face. Et c’est déjà énorme.
La plupart des énigmes se composent de la manière suivante : votre cube doit positionner un symbole précis face à un élément correspondant dans le niveau. Vous mettez une croix en face d’une croix : pouf, la porte s’ouvre, le pont se déploie, l’ascenseur se réactive et vous pouvez avancer. La logique est extrêmement simple au début, et bien entendu les niveaux gagnent petit à petit en complexité, avec des chemins plus tortueux, des obstacles, des pièges, ainsi que ce qui rajoute énormément de sel à l’ensemble : les pouvoirs conférés par les symboles accumulés par le cube.
Face à face
L’essentiel des puzzles de The Last Cube finissent par reposer sur l’idée que tous les symboles que vous ramassez vous permettent d’utiliser un pouvoir précis, généralement lié à la mobilité du cube : dasher, pivoter, marcher dans le vide pour contourner un précipice, etc. Cependant, pour utiliser ce pouvoir, le symbole en question doit impérativement se trouver sur la face opposée au sol. Commence donc un jeu de logique assez ardu pour faire en sorte que vos pouvoirs deviennent utilisables pile sur la bonne case, possibilité souvent compliquée par le fait que plus le jeu avance et plus les obstacles deviennent complexes.
Si les premiers tableaux vous permettent de garder vos stickers sans vous poser de question, les suivants commencent à multiplier les murs, puis les cases effaçant les stickers à mesure que vous marchez dessus ou encore en vous forçant à projeter vos symboles sur des cubes opposés en utilisant un système de cubes-miroir et de lasers. La variété des situations est étonnante, et le jeu ne devient répétitif que dans son dernier tiers, qui recycle un peu des idées déjà vues plus tôt.
On regrettera cependant que The Last Cube possède une courbe de difficulté un chouilla aléatoire, alternant des tableaux assez plan-plan avec des énigmes ultra corsées forçant à penser assez loin en dehors de la boîte. Le jeu propose d’ailleurs un petit système d’assistance vous proposant de vous aiguiller pour savoir quels mouvements précis faire pour mettre un cube sur la bonne face, mais ne propose en revanche pas de système d’indice ou de possibilité de sauter une énigme pour y revenir ensuite à tête reposée comme le faisait par exemple l’excellent Room to Grow. On regrettera aussi que The Last Cube possède quelques défauts un peu plus vilains : des plantages un peu trop fréquents et quelques énigmes qui cassent un peu le contrat de base.
Il a péri, Cube.
Le premier point sera, on l’espère, réglé au moment où vous lirez ces lignes, mais The Last Cube possède à ce jour quelques petits problèmes de stabilité. En une dizaine d’heures de jeu, j’ai eu à affronter quatre ou cinq retours Windows assez secs ainsi qu’un ou deux problèmes de sauvegarde mineurs, certaines énigmes n’ayant pas été validées au moment où j’ai relancé le jeu. Rien de très grave, mais on regrette que le titre ne soit de ce point de vue pas exemplaire, tant il est toujours désagréable de passer vingt minutes sur un casse-tête pour devoir le recommencer dans la foulée à cause d’un bête crash du jeu.
Le second me semble hélas davantage lié à la conception-même de certains puzzles proposés par The Last Cube, et concerne ses environnements 3D dans lesquels il est trop souvent obligatoire de jouer avec la caméra pour comprendre ce qu’on est supposé faire pour avancer, alors que les énigmes, minimalistes et logiques, mériteraient davantage de clarté dans leur présentation. Un défaut pas bien grave quand il s’agit de collectibles cachés ou de secrets à dénicher au fond des niveaux, ou encore de raccourcis nécessaires à la validation d’un objectif bonus. Mais il m’est également arrivé, à plusieurs reprises, de purement sécher sur une énigme parce que la perspective de la caméra cachait le chemin que j’étais supposé prendre. Ces moments restent relativement rares dans The Last Cube, mais constituent un petit coup de canif dans le contrat consistant à avoir des tableaux parfaitement lisibles ne reposant que sur votre logique et votre capacité de déduction.
The Last Cube a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Le jeu est également disponible sur Xbox One, PlayStation 4 et 5, et Nintendo Switch.
On aurait aimé que The Last Cube plante un peu moins et soit doté d’une courbe de difficulté un chouilla plus régulière. On aurait aimé, également, que les options d’accessibilité se doublent d’un système d’indice ou d’assistance pour quelques-uns des puzzles les plus retors. Mais ces chipotages mis à part, constatons que The Last Cube constitue une expérience agréable, inventive et dont le minimalisme formel ne devient jamais un problème. Une excellente surprise, qui est également l’occasion de revisionner une vidéo prophétique qui annonçait déjà ce jeu il y a plus de quinze ans. Le futur n’est jamais décevant, vous savez. CUBE !
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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