Cette fois-ci dans Partie Rapide, Chloé vous parle de Voyage, un petit jeu doux et mignon et Zali de l’adorable puzzle game Room to Grow.
Voyage
Premier jeu de Venturous, petit studio suédois créé par deux frères, Voyage se présente comme une expérience narrative et visuelle basée sur la découverte et l’exploration. On peut y jouer seul.e, et incarner deux personnages, un garçon et une fille, ou y jouer en coopération (c’est d’ailleurs par ce prisme que j’ai décidé d’y jouer). Voyage met en avant le partage et l’amour à travers un gameplay très simple et une direction artistique sublime.
Plus loin que la nuit et le jour
(Voyage voyage). Difficile de résumer l’histoire de Voyage en étant très précis, puisque vous le verrez, l’histoire du jeu est propice à l’interprétation. Essayons donc de viser large : vous incarnez deux personnages, deux enfants, qui semblent être les derniers de leur espèce dans un monde en ruines, où la nature a clairement pris le dessus. Ces deux personnages devront se frayer un chemin dans cette nature à la fois attirante et hostile pour pouvoir trouver le chemin de chez eux. Une aventure en ligne droite où vous devrez résoudre quelques puzzles plutôt simples pour avancer et traverser plusieurs paysages magnifiques.
Voyage est clairement pensé pour être un jeu coopératif, et c’est comme ça que je vous conseille d’y jouer. Le gameplay est très simple, et se résume à avancer / reculer et faire une action grâce à une seule touche. Le jeu est donc accessible à tous, joueurs en recherche d’une expérience visuelle ou très jeunes joueurs. C’est un jeu parfaitement accessible pour jouer avec des enfants par exemple, tant il est simple, apaisant, mignon et chill.
Voyage attire par sa direction artistique sublime. Tout le jeu a été peint à la main, nous offrant ainsi une sorte de dessin animé en 2D aux couleurs magnifiques et à la lumière féerique. C’est Calum Bowen qui a composé la B.O du jeu, clairement influencé par la musique présente dans certains Ghibli par son rythme doux et enjoué. Le travail artistique derrière Voyage est dingue, et rien que pour cela, c’est un jeu qui vaut le détour.
Dans l’espace inouï de l’amour
(Voyage voyage). Si aucun doute n’est permis sur la dimension artistique du jeu de Venturous, le gameplay est peut-être un peu trop basique, et aurait le mérite d’être plus étoffé. Cela n’empêche pas la coopération d’être plutôt sympathique, et si Voyage est un jeu qui nous force à prendre notre temps, il peut être assez agaçant d’avoir à faire plusieurs allers-retours dans un même tableau (il n’a jamais été aussi cohérent de parler de peinture dans une critique de jeu vidéo) quand notre personnage marche lentement. Le gameplay simpliste apporte également un côté très répétitif au jeu (pousser des obstacles, monter sur des rochers) qui peut lasser. Il faut donc avoir 6 ans, ou être dans un certain mood de tranquillité pour jouer à Voyage, qui se finit en environ 2h.
Voyage propose une histoire interprétative, puisqu’elle est entièrement visuelle et muette. Tout n’est pas clair, le jeu parie sur l’interprétation et le mystère. Chacun se raconte alors sa propre histoire, comme un enfant regardant les images de son livre. Chacun peut alors se retrouver, dans un paysage, une situation, une mélodie. Et c’est ce qui fait de Voyage un jeu magique et un projet à soutenir.
Voyage a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Malgré des défauts évidents de rythme et de gameplay, Voyage est une expérience visuelle merveilleuse qui ravira les amateurs de jeux mignons et doux et qui permettra, pourquoi pas, une expérience coopérative en famille, avec des plus jeunes. Espérons que Voyage ne tombe pas rapidement dans l’oubli par faute de se résumer à une ambiance, une direction artistique remarquable et une lumière chaude. Mais après tout, ne serait-ce pas ce que nous cherchons dans un jeu d’expérience narrative et visuelle ? Si Voyage aurait pu aller plus loin (par exemple, au-dessus des vieux volcans) en tant que jeu vidéo, il en reste une histoire sympathique, douce, et plaisante.
Room to Grow
Jeu réalisé en solo par le développeur australien Mischka Kamener, Room to Grow est un jeu de résolution de puzzles au concept si simple et si efficace qu’il est presque difficile d’écrire quelque chose dessus : en le regardant tourner quelques secondes, on a déjà tout compris. Ce qui ne veut pas dire que Room to Grow ne va pas sérieusement vous mettre les neurones à rude épreuve !
Dans mon Steam, il y a des Cactus
Un niveau de Room to Grow se présente toujours de la même manière : vous êtes un cactus en pot, et vous devez pousser d’autres cactus en pot en grandissant le long d’une grille. Vous ne pouvez pas vous croiser vous-même, ni pousser certains murs ou certaines cases. Et c’est à peu près tout. Ce principe d’une simplicité redoutable est évidemment décliné dans des niveaux de plus en plus compliqués, où il vous faudra contourner des obstacles, pousser deux pots en même temps, gérer un cactus à deux têtes, etc.
Si les premiers niveaux de Room to Grow semblent d’une simplicité presque trop évidente, la montée en gamme est assez rapide. Dès que vous avez assimilé les principes de base d’un ensemble de niveaux avec une série de tableaux basiques, le jeu vous plonge dans un ensemble de casse-têtes vraiment ardus, dont les plus velus pourront vous sembler à première vue insolvables. Si en tâtonnant, on finit toujours par comprendre la bonne série de mouvements à effectuer, certains niveaux m’ont tout de même occupé plusieurs dizaines de minutes, voire parfois demandé une bonne nuit de sommeil (vous savez, ce sentiment où vous rêvez de la solution et où vous vous réveillez avec l’impression d’être très intelligent). C’est là qu’intervient le plus bel aspect de Room to Grow : sa bienveillance.
L’aide qui tombe à pic
Room to Grow est un jeu qui fait le pari heureux de se penser comme entièrement bienveillant. Et cela ne passe pas que par son univers mignon et coloré et sa musique joyeuse, mais aussi dans la philosophie de game design qu’il porte en étendard : « Pas de chrono, pas d’éléments d’action, pas de compteur de mouvement… Le plaisir du jeu réside dans la résolution des casse-têtes« . Dans Room to Grow, l’échec n’existe pas vraiment, et il est possible de rembobiner à l’infini chaque puzzle… Et même de les passer quand on coince vraiment.
Loin de brider la difficulté du jeu, cet aspect vous livre au contraire toute l’expérience dans son entièreté d’un seul bloc, vous permettant de naviguer comme vous le souhaitez de puzzle en puzzle, sans jamais être véritablement coincé. À vous de revenir faire ceux qui vous ont résisté quand vous aurez gagné en expérience. Un jeu d’énigmes aussi corsé (sans atteindre la folie d’un Baba is You) que Room to Grow peut avoir un côté frustrant et décourageant. En vous laissant progresser à votre rythme, en ne vous mettant jamais la pression et en vous permettant de pousser son gameplay très loin via une série de niveaux optionnels particulièrement retors, Room to Grow se pose comme un des jeux à la fois les plus doux et les plus intéressants de ce début d’année.
Room to Grow a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Quel dommage que si peu de puzzle games aient la démarche tranquille et bienveillante de Room to Grow. Exigeant dans ses énigmes, mais laissant énormément de souplesse au joueur pour progresser comme il l’entend, Mischka Kamener livre un jeu dont la simplicité n’a d’égale que l’excellence. Vous ne saviez pas que vous aviez besoin de passer 15 heures à pousser un cactus géant pour déplacer des plantes ? Hé bien c’est réparé.
Chloé
Gameuse padawan depuis que j'ai découvert Céleste, j'espère un jour avoir le titre de maître Jedi grâce à TPP.
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