Cette fois-ci dans Partie Rapide, Seastrom part à l'aventure dans le minimaliste Idea et le désormais vénérable Tales of Symphonia dans son édition Remastered à peine honorable.
Idea
Déjà à l’origine de The Longest Road on Earth en partenariat avec ses voisins madrilènes de Brainwash Gang, TLR (pour The Longest Road) Games poursuit sa quête d’expériences interlopes du jeu vidéo avec Idea. On ne savait guère à quoi s’attendre en demandant une clé du jeu, alors que son principe est aussi simple que son origine est étonnante : guider une sphère à travers des tableaux, en fait des vidéos capturées par drone et directement tirées d’un court métrage. Idea, c’est au départ un film réalisé par Olli Huttunen qui combine prises de vues réelles et animation. Intriguée par les intentions et idées visuelles portées par le réalisateur, l’équipe de TLR Games l’a contacté afin de mettre en mouvement ce qui deviendrait un jour ce jeu, peut-être l’une des rares adaptations de film très très indépendant à laquelle vous pourrez jouer.
La l'Idea
Reprenant le motif du film, Idea met en jeu le concept qu’une idée, représentée par une ampoule dessinée, doit faire son chemin avant de rencontrer ou non la personne qui la cherche. Une représentation assez jolie qui donne lieu à un travail peu commun sur les liens qu’entretient le jeu vidéo avec la réalité captée comme telle. Le temps d’une chanson de quelques minutes, on va tenter de mener notre embryon d’idée à travers ces aplats de paysages d’Europe du Nord, à la recherche d’un des sept lieux éparpillés de par la position géographique et les saisons. L’assemblage de ces tableaux tient en effet du collage, et il ne faut pas imaginer suivre une route réelle mais plutôt un chemin allégorique. Si l’on parvient à trouver l’une des issues, marquées par la rencontre avec une personne qui passait par là, on est invité à entrer un message qui sera partagé aux autres joueurs et joueuses arrivés jusqu’ici. Sinon ? Eh bien au bout de la musique tout à fait charmante qui accompagne notre partie, notre petite idée s’évapore, mais pas sans pouvoir laisser là aussi une mention qui pourra être ramassée et appréciée par quelques autres.
Le tout se manie au clic de souris, à coups d’impulsions au nombre limité à trois, avec la possibilité de l’augmenter à six en trouvant les quelques améliorations cachées ici et là. C’est qu’à force de repasser par les mêmes tableaux, on identifie parfois un chemin qui nous avait jusque-là échappé ou qui n’était pas facilement accessible. Avec un fonctionnement en apparence simple, Idea arrive à faire naître la curiosité d’en voir plus, comme dans tout bon jeu d’aventure, avec son propre sentiment de progression et, c’est toujours agréable, une physique de déplacement assez plaisante à observer. Il est d’autant plus dommage que sur la version qu’il nous a été donné de tester, certains tableaux vidéo, le plus souvent ceux avec des véhicules en mouvement, aient un peu de mal à charger, entravant la lisibilité de ce qu’il se passe.
Pour prolonger cette expérience assez minimale, on vous recommande d’ailleurs de vous pencher également sur le carnet de développement publié par TLR Games ces dernières semaines, accessibles sur la page Steam du jeu. L’équipe y revient sur son processus de création, sur les différentes étapes qui ont marqué le développement, ainsi que sur des entretiens avec des membres de l’équipe. Un exercice de communication à proprement parler, qui éclaire sur le fonctionnement d’un studio indépendant un peu à la marge de la production actuelle et établit une relation plus horizontale avec ses joueurs et joueuses.
Idea a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Idea ne nous occupera certes pas très longtemps mais sa philosophie marquée par l’échange et son principe distinctif, sorte de jeu de plateforme minimaliste et accessible sur vidéo, ont le mérite de nous faire passer un moment à la fois inédit et paisible. Et quelques minutes ou quelques heures bien occupées, c’est toujours ça de pris, parfois.
Tales of Symphonia Remastered
Le temps passe et les éditions remasterisées se suivent, pour Bandai Namco, sans pour autant toutes se ressembler. Que voulez-vous, on ne peut pas accompagner la sortie d’un nouveau From Software tous les trois mois. De l’éditeur japonais, on connaît une tendance à ne pas se fouler pour ces ressorties de catalogue. Ce qui n’est pas forcément un mal, bien que le débat sur la nécessité d’apporter des modifications à un jeu ou le laisser baigner dans son jus trouve généralement son issue dans l’idée que si le joueur ou la joueuse peut avoir le choix, c’est toujours mieux. Du côté des RPG, les Tales of ont eu droit à quelques portages mais l’attention se concentre sur Symphonia et Vesperia, les deux épisodes qui ont trouvé le plus de succès à l’international. Il y a quatre ans, on avait profité de la Definitive Edition du second pour prendre le temps de se poser sur la finesse parfois survolée de la narration de la série. Avec Tales of Symphonia Remastered, on ne prend pas cette peine : d’une part car on connaît le jeu par cœur et que sa réussite n’est plus à démontrer, d’autre part car le travail apporté depuis son premier portage en 2014, Tales of Symphonia Chronicles, se résume en peu de mots.
Tethe’hélas
Ces mots, ce sont : occuper le terrain. Cette sortie intervient certainement pour faire vivre la licence en attendant la sortie d’un nouvel épisode dans la lignée de Tales of Arise, marqué d’un succès critique inattendu. Sur lequel on pourrait revenir, d’ailleurs. Parce qu’il a beau être sorti il y a une vingtaine d’années, Symphonia tient encore la dragée haute à ses descendants. C’était notre premier Tales of et notre premier JRPG tout court, ceci explique peut-être cela, mais on a toujours jugé les épisodes qui ont suivi à l’aune de l’effet que ce premier opus sorti officiellement en Occident a eu sur nous. Avec les années, certaines choses ne changent pas : le casting est toujours aussi attachant, le récit riche en chapitres intenses et en scènes d’une douceur désarmante, accompagné par la soundtrack solide de Motoi Sakuraba, qu’on a connu moins inspiré. Comme les épisodes suivants et ce jusqu’à la fin des années 2000, le sentiment de voyage se déploie avec efficacité, mêlant récit initiatique et quête pour la sauvegarde du monde, scandée à tue-tête par les jeunes héros alors même qu’elle ne se dessine qu’à peine, depuis la fenêtre de leur salle de classe. La carte du monde, abstraite (ça va, vous avez vu plus moche, arrêtez votre cinéma), et ses représentations miniatures de lieux visités, comme si l’on marchait littéralement sur une carte dessinée, était sûrement pour beaucoup dans cette sensation de périple, fait de hors-champ pendant lesquels les membres de notre troupe bourlinguent et se rapprochent.
Visuellement, il y a certes tout un tas de textures cracra, mais ce n’est globalement pas choquant. Les personnages, cœur du jeu, sont tout lissés tout beaux, et la plupart des environnements sont assez fins pour qu’on apprécie les détails dont la nature nous échappait régulièrement sur notre écran cathodique. Des ajustements de confort à la marge auraient toutefois été bienvenus, comme un système de sauvegarde plus souple ou la possibilité de passer plus vite les dialogues des saynètes, qui plombent un peu le rythme des sessions. C’est à ce moment que commence à se poser la question de l’apport de cette édition Remastered, car il faut bien dire qu’on a du mal à voir ce qui n’était pas déjà présent dans Chronicles. La communication parle d’améliorations de gameplay mais dans le temps qu’on a joué, ça ne s’est pas vérifié : c’est un peu lent et haché, en particulier dans les combats qui souffrent de la comparaison avec le dynamisme explosif d’Arise, même si ça reste agréable à contrôler, voire un peu plus tactique – et comme dit en introduction, la démarche de ressortie n’entend pas forcément celle d’actualisation des systèmes aux standards contemporains.
Ici, c’est surtout la politique tarifaire qu’on interroge au vu des apports quand même minimaux, assez pour que la version PC sortie en 2016 n’ait pas été considérée comme obsolète – alors même qu’elle s’affiche moitié moins chère. Il ne s’agit évidemment pas de déconsidérer le travail passé sur le jeu, à l’époque ou aujourd’hui, mais bon, on voit mal comment intéresser un public qui aurait découvert la série récemment avec cet épisode certes majeur mais dont le gameplay accuse gentiment le poids des années, alors que la plus récente itération se négocie elle aussi à un tarif plus intéressant.
Tales of Symphonia Remastered a été testé sur PS5 via une clé fournie par l'éditeur. Il est également disponible sur PS4, Switch et consoles Xbox.
Ressortir un jeu issu d’une licence qui fêtera bientôt ses 30 ans permet de constater d’où vient la recette qui a mené au succès de Tales of Arise, entre personnages charismatiques, scénario impliquant et dynamisme des affrontements. Il faut également remarquer que ce portage s’accompagne de la mise en ligne de la série animée produite entre 2007 et 2012 , ainsi que des albums du jeu et sa suite sur Spotify, comme une tentative de tester de nouveau le potentiel multimédia d’une saga avec autant d’histoires dormantes. Ne toucher à l’expérience originelle de Tales of Symphonia qu’au niveau technique se défend quant à la disponibilité du titre sur consoles actuelles, ce qui est toujours bon à prendre, mais on est en droit de se dire qu’ici, au-delà d’un coup de polish, il y avait peut-être plus à faire. Notez enfin que si vous comptiez profiter du confort de la version Switch, vous feriez mieux d’attendre la sortie de patchs qui viendraient stabiliser des performances techniques assez déplorables. On espère que les prochaines entreprises de modernisation portées par Bandai Namco bénéficieront de plus de soin et d’une plus grande attention éditoriale, à commencer par le retour de Baten Kaitos et sa suite.
Seastrom
C'est la Loire qui coule dans les veines de Seastrom, mélangée aux subtilités de la vaporwave. Possibilité de l'amadouer en lui parlant indés et D&D (Dreyer et Digimon).
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