Dernière production de Con Artist Games, studio spécialisé dans les jeux de zombies, The Last Stand : Aftermath est probablement le plus parfait pot-pourri de tout ce qui était à la mode il y a quelques années et qui constitue les clichés les plus éculés du gaming aujourd’hui : flots de morts-vivants, loot, craft, vue isométrique en 3D un peu moche, éléments de roguelite et mécaniques de RPG diluées un peu partout au milieu de tout ça.
C’est un peu par hasard que je me retrouve à enchaîner en peu de temps deux jeux qui semblent avoir été cousus à partir du même patron : il y a quelques semaines, c’est ainsi Undying que j’avais entre les mains, avec son histoire de mère condamnée obligée de transmettre en très peu de temps les valeurs de la survie à son fils. Et c’est tant mieux, car ces deux jeux si semblables offrent une expérience radicalement opposée, prouvant qu’une idée banale peut donner le pire comme le meilleur. Dans le cas d’Undying, l’instauration d’une mécanique d’apprentissage et l’ajout d’une histoire intimiste et touchante faisait rapidement oublier le côté usé jusqu’à la corde du gameplay. Dans The Last Stand : Aftermath, en revanche, et malgré d’évidentes bonnes intentions, on a l’impression de prendre en main une copie absolument impersonnelle de quinze années de jeux de survie à ambiance zombifique. Un jeu pas dénué d’idées (celles des autres, essentiellement), qui ne fonctionne que grâce aux shoots de dopamine qu’il vous procurera à intervalles réguliers.
Va mourir
Blablabla, un virus mystérieux, blablabla les derniers humains blablabla des voitures pourraves et des survivalistes armés de battes à clous qui doivent avancer dans la ville pour trouver un abri, un remède ou la main de ma sœur dans la culotte d’un zouave, vous connaissez la chanson par cœur. Les efforts de mise en scène de The Last Stand : Aftermath pour dérouler son histoire sont à peu près aussi fainéants que les miens pour vous retranscrire le bousin. Mais en gros, l’idée c’est que la poignée d’humains qui survit depuis quinze ans assiégée par une horde de zombies affamés se retrouve fort marrie quand une mutation du virus semble commencer à infecter les personnes immunisées, dont vous. Ou plutôt le pantin sans âme qu’on vous fera incarner, avatar fluet condamné à mourir de zombification avancée en quelques jours, qui sera mis à profit pour tenter de rassembler des informations et des ressources en territoire ennemi.
Et donc vous y allez, vous mourez, votre loot et quelques améliorations permanentes s’ajoutent à votre base, et zou, vous voici dans les bottes d’un nouveau survivant ou d’une nouvelle survivante. Fouille de maisons, construction de bidules sur des établis, tir au pigeon sur des tombereaux de morts-vivants, bref, ils sont tous là : State of Decay, Project Zomboid, Dying Light, Dysmantle, Dead Island, How to Survive et tous leurs amis publiés pour l’essentiel au début des années 2010 (avec donc un petit revival depuis quelques mois). J’aimerais avoir autre chose à dire sur le setting général du jeu, mais il ne fait pas beaucoup d’efforts pour se rendre mémorable, ce The Last Stand : Aftermath.
Tout ce qu’il arrive à vous proposer, c’est une compilation un poil moche et terne de tout ce que vous avez déjà vu, lu, imaginé et joué avec des zombies. Jusqu’au bestiaire, d’ailleurs, lui aussi compilation encyclopédique du genre : le zombie qui court, le zombie qui se traîne, le zombie qui brille, le zombie qui explose, faites-moi confiance, vous les avez tous déjà vus, et ils sont tous réunis pour vous plonger dans un bain d’ennui mou. Pourtant, par moments, The Last Stand : Aftermath fonctionne un tout petit peu en tant que jeu vidéo, mais pas d’une manière super élégante : en activant à foison notre circuit de la récompense.
Faire monter des jauges
Il est assez rare qu’une run de The Last Stand : Aftermath soit inutile : tout est prévu pour qu’elle ne le soit pas. Les explorations sont cependant généralement extrêmement monotones : on arrive en voiture dans un endroit, on descend, on pille quelques maisons à la recherche de nourriture, de médicaments, de saletés à assembler sur des établis pour faire d’autres saletés, et surtout d’essence, pour traîner sa vieille guimbarde jusqu’à la destination suivante. Et au passage, on se bastonne avec des dizaines de zombies, puisque s’il est techniquement possible d’essayer de se la jouer infiltration, vos adversaires sont de véritables zombies à tête chercheuse : captant la moindre mouche qui pète à dix kilomètres et capables de vous suivre sans broncher jusqu’au Mordor, ils vous contraindront quasiment systématiquement à en massacrer des paquets de douze à chaque arrêt au stand, sans quoi vous n’aurez jamais un semblant de paix. Seule petite originalité : une jauge d’infection, remplaçant peu à peu votre barre de vie, et vous forçant à gérer avec prudence un stock de médicaments pour survivre assez longtemps pour mourir autrement qu’en devenant un zombie parmi d’autres.
Mais comme je le disais, chaque run « sert à quelque chose » puisque vous allez collecter tour à tour des « informations » utiles pour débloquer des améliorations permanentes, du butin transférable d’un survivant à l’autre ou encore des points d’expérience permettant par exemple de crafter davantage de bidules. Si ces améliorations ne rendent pas les runs beaucoup plus intéressantes (elles les rendent surtout plus simples, mais pas plus dynamiques), elles sont au cœur du plaisir de jeu que l’on peut trouver malgré tout dans The Last Stand : Aftermath, puisque même si une de vos tentatives échoue lamentablement après quelques minutes, vous aurez toujours collecté une information par-ci, un point d’expérience par là, contribuant à faire monter de manière régulière des jauges venant sanctionner votre progression.
Le problème, c’est que si c’est de facto assez efficace parce que vous avez forcément envie de ressentir la sensation satisfaisante de voir ces barres de compétences et d’améliorations progresser, cela fait de The Last Stand : Aftermath un jeu qui n’a pour lui que ce déblocage progressif de compétences et d’objets et qui ne renouvelle jamais vraiment l’expérience ni ne vous fait vivre grand-chose de très intéressant. En gros, vous avancez parce que vous savez que le jeu va vous récompenser par une lumière, une icône ou un bruit quelconque, et pas parce qu’il y a quoi que ce soit d’intéressant à la prochaine étape, puisqu’encore une fois, tout a déjà été montré dans les centaines de jeux de zombies arrivés avant The Last Stand : Aftermath.
The Last Stand : Aftermath a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur, le jeu est également disponible sur PlayStation 4, PlayStation 5 et les consoles Xbox.
Arrivé des années trop tard, The Last Stand : Aftermath est un assemblage assez fade de beaucoup d’autres jeux de survie. Ni très beau, ni très nerveux, ni très immersif, il provoque une envie étrange de lancer des runs en boucle tout en sachant qu’on ne va rien y faire de très intéressant. Sorte de State of Decay du pauvre, il lui manque une ambiance, un scénario ou au moins quelque chose qui forgerait son identité ou son esthétique pour être un bon jeu. En l’état, c’est juste un de ces jeux de zombies perdus dans les tréfonds de la surproduction vidéoludique actuelle dont j’aurais oublié l’existence une fois désinstallé de mon PC.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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