Dernier jeu édité par Team 17, Narita Boy nous propose un retour flashy et pixélisé dans le monde du jeu vidéo des années 80. Un pari peu original pour un jeu imparfait mais bourré de bonnes idées.
Aaaah 2021. Les jours passent, se ressemblent… Un peu comme mon année vidéoludique, qui se résume pour l’instant à des impressions de déjà-vu un peu amères. Alors on va dire que c’est un peu de ma faute, parce que je m’obstine à demander et redemander des jeux rétro (il va falloir que j’arrête) dans l’espoir qu’un jour, l’un d’eux me mette une claque longuement attendue. Après les déceptions qu’ont été Golden Force et Pumpkin Jack, voici le moment venu d’ajouter la clé de Narita Boy à mon compte Steam, les mains tremblantes, la boule au ventre… pour très vite comprendre que le dernier titre de Team 17, développé par Studio Koba, mérite le coup d’œil.
Dans la famille ordinateur, je demande la (carte) mère
Avant de louer la direction artistique, une fois n’est pas coutume, je vous propose un petit résumé de l’histoire. Et j’en profite pour soulever le plus gros point négatif du jeu : sa narration. « Narita Boy » est le jeu le plus vendu des années 80, disponible à l’époque sur la Narita One, console en vogue. Mais rapidement, le grand méchant du jeu cherche à prendre le pouvoir. Un joueur, fan de Narita Boy, est absorbé par le jeu, destiné à sauver le programme de l’invasion de l’ennemi. Il sera alors guidé par des entités numériques qui souhaitent le retour du « Créateur » (effacé par le méchant) et la paix dans l’univers.
Pas très compliqué jusque-là donc, mais pas très original non plus tant ce concept est vu et revu dans le monde de la pop culture : l’univers virtuel dépasse la réalité, il devient alors plus important de mener à bien cette quête que de continuer à vivre dans le monde réel – ou chercher à le rejoindre (c’est le cas dans Tron, par exemple, dont notre titre est clairement inspiré, mais également de Narnia, où les personnages sont absorbés par un monde magique). Dans le titre qui nous intéresse ici, le personnage principal est mêlé au système informatique. Il communique avec le programme de contrôle, avec les différents codes… Le vocabulaire emprunté au monde de l’informatique est important, et devient très vite assez complexe (du moins pour la noob que je suis).
À tel point que j’ai cru, au début, que le jeu était une gigantesque blague et qu’il ne se prenait pas du tout au sérieux, notamment à cause de sa tendance à en faire des caisses, que cela soit sur le sound design ou sur les couleurs choisies. Et pourtant, après y avoir joué plusieurs heures, je pense sincèrement que Narita Boy est conçu pour être plutôt sérieux, du moins dans sa narration… quitte à perdre le joueur dans des termes techniques absurdes puisque, vous l’imaginez bien, l’intitulé des quêtes est formulé de la même façon.
La direction artistique a quand même quelque chose de magique
Et pourtant… Narita Boy ne se passe pas sous le soleil des tropiques. Ce qui pourrait être un platformer 2D plutôt classique crève l’écran avec un pixel art soigné et des couleurs flashy rétrofuturistes (attention cependant si vous êtes épileptique), une direction artistique sublime qui lui a d’ailleurs valu le prix du meilleur visuel en 2D aux Unity Showcase Awards. Et si le jeu trouve sa plus grande faiblesse dans sa narration, il excelle dans la présentation visuelle de son univers basé sur les trois couleurs primaires (bleu, rouge, jaune) et quelques dérivés comme l’orange et le rose. Cette harmonie colorée pose des bases solides à ce jeu rendant hommage aux années 80 et donne envie de lancer et relancer le titre, tant la direction artistique est plaisante, que cela soit dans la représentation des boss et des autres personnages ou dans les petits détails que l’on ne remarque pas forcément au premier abord mais qui apportent à l’ensemble une certaine cohésion artistique entre les différents chapitres de l’histoire.
La BO est également très bonne, toujours bien dosée, que ce soit en voulant en faire des caisses (et donc en collant à cet univers délirant et lumineux) ou en voulant apporter une ambiance plus calme et plus sinistre (vous serez d’ailleurs servis en termes de lugubre, tant le jeu peut être gore par moments).
Une direction artistique qui rattrape donc des lacunes de narration, et si l’histoire, les dialogues et l’humour un peu osef ont pu me faire lourdement souffler par moments, je finissais toujours par le relancer pour profiter de l’univers à la fois sombre et magnifique.
Gameplay stabilisé… Répétitivité des mécaniques de combat… Finalisation…
Je… hein quoi ? Pardon ! Je viens de relancer le jeu, et d’un coup je parle dans un langage de mauvais goût. Je me suis égarée, toutes mes excuses.
Je disais donc que c’était le moment de vous parler du gameplay, qui est, en somme, tout aussi propre que la direction artistique. Les déplacements sont fluides, rapides, et amènent à un système de combat plutôt agréable. Vous gagnerez en diversité tout au long du jeu, et vous apprendrez à manier plusieurs armes pour vous défendre et affronter les ennemis.
Malheureusement, Narita Boy (qui, rappelons-le, est plutôt un platformer d’action/aventure) se transforme parfois en boss rush assez plat. D’une part à cause de sa difficulté peu élevée (mais ce n’est pas le plus important), d’autre part car il nous assaille souvent de plusieurs dizaines d’ennemis ou enchaîne les boss sans beaucoup de logique et sans nous faire avancer dans l’histoire. Et si le jeu joue sur ce côté boss rush en faisant popper des petites disquettes sympathiques avec le nom du boss juste avant le combat, ça ne suffit pas, et ça devient très vite lassant.
Narita Boy reste tout de même facile à manier et ainsi, les quelques allers-retours que vous ferez ne seront pas si pénibles (j’ai quand même râlé, rassurez-vous, on ne perd pas les bonnes habitudes).
Narita Boy a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il est également disponible sur Nintendo Switch, PS4 et Xbox One.
S’il est clairement imparfait et ressemble parfois à une fin d’early access (narration qui se perd dans ce qu’elle veut raconter, répétitivité et lourdeur), Narita Boy sort son épingle du jeu en ce début d’année 2021 croulant sous les propositions rétro. Sa direction artistique et sa bande originale font tout le charme du titre, à tel point que ses défauts ont du mal à passer, tant il est dommage de casser la dynamique visuelle mise en place par l’univers. Narita Boy reste cependant une surprise très agréable et je ne doute pas qu’il aura un bon nombre de Narita-adeptes.
Chloé
Gameuse padawan depuis que j'ai découvert Céleste, j'espère un jour avoir le titre de maître Jedi grâce à TPP.
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