Or donc il advint en cette belle journée du 24 Eloul 5781, plus connue sous la date profane de « début septembre 2021 », les envoyés japonais célestes du royaume de Crim ressortirent le légendaire beat them all d’Ignition Entertainment, le mystico-biblique El Shaddai : ASCENSION OF THE METATRON, initialement paru en l’an 23 de l’ère Heisei, alias 2011 pour les simples mortels ignorants des Mystères de la Tour du Paradis. Bien qu’impénétrable aux oreilles non bénies par Sa Grande Lumière Céleste, moi, Héraut désigné du Pixel Post, vous guiderai dans cette aventure.
Au début, il n’y avait que le Néant. Puis l’Éternel, dans son infinie bonté, créa le Ciel, la Terre, les Enfers et la Bible, dont il retrancha tout un tas de textes jugés trop ésotériques ou trop farfelus pour finir dans les vrais textes saints officiels. Parmi les plus éminents d’entre ces trésors ineffables, on compte les impénétrables livres d’Hénoch : l’Hénoch Éthiopien ou 1 Hénoch, le Livre des Secrets d’Hénoch (2 Hénoch) et le Livre des Palais (3 Hénoch, vous l’aurez compris dans votre grande sagacité). Contemplez-les ! Livres d’astronomie, de mathématiques, de proverbes et de paroles de sagesse, annonces de l’Apocalypse de Noé, ces puissants rouleaux interdits narrent avant tout le très sage périple du scribe Hénoch (ci-après nommé Enoch). Grand-père de Noé, père de Mathusalem, fils de Yared, initiateur du Décompte du Temps, homonyme d’Hénoch (fils de Caïn) et d’Hénoch, fils de Seth, la Paix soit sur lui. L’Objet de sa Quête initiée par Le Très Haut lui-même ? Rencontrer les Anges Déchus tombés sur la Terre et répandant la corruption, leurs immondes enfants mi-Anges mi-Humains les Nephilims, et les Humains, et prévenir toute cette faune monstrueuse de l’imminence du Déluge. Dans leur infinie bonté, Ignition Entertainment décidèrent d’ajouter moult et moult combats à mains nues et avec des armes à plasma, cascades en moto et séquences de dancefloor cyberpunk. Hosanna !
Le Samouraï de l’Éternel
Gloire, gloire à Enoch ! Lui qui dit à ceux qui veulent entendre : « L’homme juste dont les yeux ont été ouverts par le Seigneur, et qui a vu la vision du Saint qui est dans les cieux, que m’ont montrée les Anges : J’ai tout appris d’eux, et j’ai compris, moi, ce que je voyais ; et ce n’est point pour cette génération, mais pour celle qui vient, lointaine, avide de remaster de beat them all bizarres où on se promène en slip pour tabasser des monstres à tête de bébé dans des décors hautement psychédéliques. »
Gloire encore à celui qui s’ébahit devant la vision sublime des paysages de la Tour où sont reclus les Sept Mauvais Anges qu’il faudra déloger un à un, non sans un petit crochet par les Enfers. Car Enoch, dans son infinie sagesse, dit encore : « Azazel apprit aux hommes à fabriquer les épées, les glaives et les pistolasers qui font pew pew. L’impiété fut grande et générale ; ils forniquèrent, et ils errèrent, et toutes leurs voies furent corrompues. Amiziras instruisit les enchanteurs et les coupeurs de racines et composa la sublime OST d’El Shaddai avec l’aide de Masato Kouda et Kento Hasegawa. Armaros apprit à rompre les charmes et à effectuer des contres parfaits dans des combats en arène constituant l’essentiel de l’action. Baraqiel instruisit les phases de plate-forme, nombreuses et variées, Kôkabiel enseigna les signes et la narration mystérieuse et non chronologique tandis que Tamiel insuffla aux hommes la signification de l’aspect des étoiles ainsi que quelques phases à moto et autres concours de danse improbables. Enfin, Asdariel enseigna le cours de la Lune et oublia d’implanter des options d’ergonomie à ce portage un peu paresseux qui peine à se distinguer de la version de 2011. Et dans leur anéantissement, les hommes crièrent, et leur clameur monta au ciel : El Shaddai restait un excellent jeu plus de dix ans après sa première venue sur la Terre. »
Je n’attendais rien et je fus quand même déchu
Alors vint le temps où, avec toute sa gloire et sa très éminente prudence, où le héraut du Pixel Post se tourna vers son auditoire et lui dit : « Ô toi qui lis ces lignes, entends mon avertissement. La vérité a été dite, et El Shaddai est un jeu qui n’a pas pris une ride et dont nous recommanderons l’achat avec emphase. » Mais il dit aussi : « Attention ! Car la parole d’Enoch était jadis déjà cryptique, mystérieuse et clivante, et il se pourrait qu’elle vous laisse perdu et maudit au fond des Neuf Enfers de Bélial ! ».
Car Enoch, dans ses parfaitement sacrés écrits immensément saints, ne dit-il pas encore : « Je vis des milliers de milliers et des myriades de myriades, innombrables et sans supputation possible, qui se tiennent devant le Seigneur des esprits, et je dus leur casser la gueule en boucle de manière quand même un chouilla répétitive à la longue, particulièrement si vous détestez les beat them all ». Enoch ajouta encore, miséricordieux : « Puis je regardais et je vis, aux quatre côtés du Seigneur des esprits, quatre visages différents de ceux qui ne dorment pas, et j’appris leurs noms que me fit connaître l’Ange qui marchait avec moi et me faisait voir tous les secrets, et des secrets, il n’y en avait pas beaucoup dans El Shaddai qui est quand même un long tunnel super linéaire qui confine un peu au boss rush, voire au simple film interactif si on le passe en mode facile ».
Enoch, levant les bras au ciel vers la Très Aimable Barbe Immense du Commandeur des Éons qui règne depuis son trône cosmique ajouta encore à ce propos : « Et en ces jours, on ne sera sauvé ni par l’or ni par l’argent, et on ne pourra pas fuir. Il n’y aura ni fer pour la guerre, ni étoffe pour la cuirasse de la poitrine ; le bronze sera inutile, l’étain ne servira de rien et ne sera pas estimé, et le plomb ne sera pas recherché, pas plus que les minuscules 20€ nécessaires à l’acquisition du jeu sur Steam ».
Enfin, il ajouta dans la Paix des Braves, des Constellations Multidimensionnelles et du Monstre Spaghetti Volant : « Toutes ces choses seront détruites et anéanties sur la face de la Terre, lorsque apparaîtra l’Élu devant la face du Seigneur des esprits, peut-être pour nous expliquer les détails du scénario du jeu, extrêmement cryptique, voire franchement tordu et noyé sous les ruptures de ton permanentes (décors bibliques, puis cyberpunk, Lucifer avec un téléphone à clapet, mascottes rigolotes ajoutées un peu au pif etc.), à vous de voir si vous acceptez le délire, Amen. »
El Shaddai : ASCENSION OF THE METATRON a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Le héraut du Pixel Post se prosterne vivement devant vous avec moult gesticulations ondulantes et révérences acrobatiques, vous demandant humblement de considérer encore une fois sa parole bienveillante inspirée par la plume cérébrale incommensurable du Prophète Enoch le révéré : « Montrez-leur, car vous êtes leur guide, ainsi que les récompenses qui auront lieu sur toute la Terre et dans vos achievements Steam, El Shaddai : ASCENSION OF THE METATRON est un jeu immensément bizarre, marginal et radical, mais il en vaut quand même sacrément le détour si on passe un portage un poil bâclé, un gameplay minimaliste et un propos plutôt sibyllin ». Il ajouta enfin : « Veuillez adresser toute réclamation concernant un éventuel blasphème aux scribes mabouls ayant rédigé l’essentiel de ce charabia angéologique il y a 2300 ans, et régler avec eux la question de l’inspiration délirante que leurs textes ont nourrie dans la pop culture japonaise ces 40 dernières années. La Paix soit sur vos Récoltes.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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