Le studio montréalais Breaking Walls, fondé par des vétérans d’Ubisoft, ont eu une excellente idée avec leur premier titre, Away : The Survival Series. En effet, il s’agit du seul titre à ma connaissance qui nous fait incarner une bestiole dans un documentaire animalier. Le problème, c’est qu’à un moment donné, on est bien obligé de critiquer des jeux, pas juste des idées.
Pour vous expliquer un peu mon expérience sur Away : The Survival Series, il faut que je vous raconte son fastidieux processus d’installation. Pour pouvoir lancer le jeu, j’ai dû installer trois fois ses 9 gigas bien tassés. La première fois, il ne fonctionnait pas du tout. La deuxième, un hotfix semble avoir effacé l’exécutable du jeu. La troisième fois, enfin, à la veille de la sortie commerciale, j’ai enfin pu commencer à parcourir l’aventure… et être rapidement noyé sous un océan de bugs et de plantages divers. Suite au patch day one proposé par les développeurs, un certain nombre de problèmes ont cependant été résolus. D’autres sont hélas apparus. Je sais que c’est un chouilla cruel de commencer par une autopsie technique, mais patch après patch (il y en a eu au moins 4 ou 5 la semaine de sa sortie), le constat s’impose : Away : The Survival Series est le seul jeu de ma connaissance dont baisser la qualité ou la résolution fait également baisser le framerate. Aux frontières de l’injouable, alors qu’il ne semble tout simplement pas terminé, reste-t-il quelque chose de pertinent à analyser là-dedans ?
A new phalanger appears
Comme le naturel revient souvent au galop, que font des anciens d’Ubisoft quand on les laisse faire un jeu ensemble ? Un simili open world avec des bugs. Away : The Survival Series a pourtant pour principale force le fait de proposer un mode story, très bonne idée en termes d’immersion et de découverte de l’univers. Vous y incarnez un jeune phalanger volant, marsupial originaire de l’est de l’Australie (qu’il ne faut pas apprivoiser), quelque part après l’extinction de l’Humanité, balayée par le changement climatique. Dans les ruines d’un monde durablement affecté par des conditions de vie extrêmes, peu d’espèces sont capables de survivre facilement, perdant une compétition de plus en plus rude avec les mieux adaptées au chaos météorologique et géologique constant. Inondations, glissements de terrain, plantes vénéneuses opportunistes et autres super prédateurs affamés sont au programme.
À mesure que vous vivez votre aventure, lourdement scriptée et riche en tragédies, la douce voix d’un narrateur commente à la manière d’un documentaire animalier toutes vos actions, également ponctuées par la superbe musique composée par Mike Raznick, compositeur multi-primé pour des bandes-son de films du genre, notamment pour le compte de la BBC. Et le dispositif fonctionne : on a réellement l’impression d’apprendre beaucoup de choses sur la vie des phalangers et on se laisse porter par la narration grandiloquente de la vie forcément tragique de notre petit héros, du moins quand les phrases du scénario ne sont pas répétées en boucle parce qu’on galère à valider un QTE.
Outre cette histoire bouclée en environ 6h hors bugs, le jeu propose un mode « exploration », où vous pouvez plus librement vous promener sur la carte et en dénicher les divers points de vue et secrets, Away : The Survival Series se déroulant sur une île renfermant pas mal d’indices sur la manière dont les choses ont mal tourné pour les humains. On pourrait tout à fait louer cette initiative d’un mode d’exploration plus libre, si seulement tout n’était pas à ce point truffé de bugs, de ralentissements et de plantages en tout genre… que l’on pourrait d’ailleurs envisager de pardonner en espérant des correctifs futurs, si seulement les mécaniques mêmes du jeu n’étaient pas fondamentalement toutes cassées.
Nature is (not) healing
Côté bugs et manque d’optimisation, Away : The Survival Series est un véritable festival de frustration. Un framerate oscillant entre 10 et 40 quelle que soit la configuration essayée, des textures qui apparaissent ou disparaissent un peu n’importe comment, du flou et des aspects baveux dans tous les sens, ou encore de bons vieux retours Windows : rien ne nous aura été épargné. Parfois pas très graves (les animaux qui glissent au sol au lieu de marcher ou flottent au-dessus de plateformes, la physique qui s’emballe et envoie des débris alimentaires dans tous les sens…), les soucis s’avèrent d’autres fois carrément bloquants. J’ai eu pêle-mêle à me battre contre des QTE qui ne marchaient pas, des murs invisibles, des scripts refusant de s’exécuter, des freezes de la caméra ou encore des sauvegardes corrompues. Des problèmes que les patchs sont loin d’avoir réglé pour le moment.
Et tous ces bugs desservent un gameplay déjà fort approximatif. Décomposé en trois mécaniques principales, l’action d’Away : The Survival Series vous propose des phases de plateforme, de vol plané et de combats. La plate-forme vous occupera une bonne partie du temps et fonctionne de manière particulièrement étrange : comme le jeu manque cruellement de précision, votre phalanger peut viser des points précis et se faire « aimanter » par les surfaces ciblées, ce qui donne des trajectoires continuellement bizarres où vous avez l’impression de manipuler un grappin à patte plutôt qu’un agile marsupial… quand cette mécanique d’aimant ne vous propulse pas aléatoirement dans des éléments du décor ou carrément dans des trous mortels.
Quant au reste… Les phases de vol sont plus originales et peuvent avoir un côté grisant (le level design de l’île est astucieusement pensé et permet au phalanger de parcourir de longues distances en suivant des courants aériens)… à défaut d’être maniables et stables. Ce sont les phases qui m’ont, hélas, le plus frustré. Trop de ralentissements, trop de bugs, trop d’imprécisions. Et les combats, qu’on aurait souhaités facultatifs tant ils sont mal calibrés, mélangent QTE et bourrinage agressif, et doivent bien souvent être recommencés de nombreuses fois, complètement plombés par des problèmes de caméra folle et d’imprécision dans les commandes, les rendant assez désagréables et beaucoup plus difficiles qu’ils le seraient si le jeu tournait de manière fluide. Tout ceci, vous en conviendrez, ne laisse pas beaucoup de moments plaisants à ceux qui se risqueront à essayer Away : The Survival Series.
Away : The Survival Series a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il est également disponible sur PlayStation 4 et 5 et les consoles Xbox.
Le principal problème d’Away : The Survival Series, c’est que ce qui nous a été fourni n’est ni une version alpha, ni une démo, ni une présentation destinée à attirer des investisseurs, mais bien un jeu complet vendu pour une trentaine d’euros. Tellement mal optimisé, avec tant de choses mal pensées et si truffé de bugs critiques, le titre de Breaking Wall ne peut pas vraiment trouver grâce à mes yeux. Dommage, tant le projet de base de proposer un pastiche de documentaire animalier rythmé par des révélations sur la catastrophe climatique ayant entrainé la fin du Monde était une proposition à la fois actuelle, intéressante et originale.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
Articles similaires
Miniatures - La poésie du souvenir
nov. 20, 2024
Rogue Flight - Monte dans le robot, Zali !
nov. 16, 2024
Great God Grove - Queer et élastique
nov. 11, 2024