Cette fois-ci, dans Partie Rapide, Zali vous parle de Space Hulk Tactics, un énième titre tiré de la licence Warhammer et Tritri Achtung! Cthulhu Tactics, jeu inspiré de la licence de jeux de rôle Achtung! Cthulhu mêlant mythe de Cthulhu et Seconde Guerre Mondiale.
Space Hulk : Tactics
Des jeux adaptés de l’univers Warhammer 40 000, il en sort tant et si vite qu’on en vient à perdre le compte. Produits avant tout destinés aux fans du jeu de rôle et de ses différentes déclinaisons, ils sont rarement précédés d’une bonne réputation. Enième épisode adapté du jeu de plateau Space Hulk, qui met en scène les affrontements entre les Space Marines à grosses coucougnettes et les Tyrannides répugnants et baveux dans de grands vaisseaux abandonnés dans l’espace, Space Hulk : Tactics est une adaptation extrêmement orthodoxe du concept originel, avec tout ce que ça comporte de respectueux pour les fans, et de relativement indigeste et injouable pour tous les autres.
Nouveau venu, passe ton chemin
Space Hulk : Tactics présente son univers et son gameplay avec une austérité qui ferait frissonner le plus aguerri des spartiates. Son univers gris et sinistre, son interface au style soviétique dépressif, ses enjeux expédiés par des voix off austères. On est pas là pour vous faire passer un bon moment, mais pour vous faire faire de la stratégie case par case de gros bonhomme, avec pour toile de fond deux campagnes : la première où vous incarnez les gros Marines Terminators qui doivent trucider toute menace alien dans un vaisseau, et la seconde où c’est sensiblement la même chose, mais du côté des aliens. Avec une tonalité plus « char d’assaut » pour les humains, peu nombreux mais très forts et un aspect plus guerilla pour les soldats Tyranides, qui poppent par grappes et se jettent sournoisement sur leurs ennemis.
Malgré une tentative de rendre ce concept décalqué d’un jeu de plateau de la fin des années 90 un peu glamour à coup de mise en scène des attaques à la XCom et de possibilité de troquer la vue stratégique par une caméra en vue subjective, Cyanide n’arrive jamais vraiment à rendre une copie qui puisse être lue par des joueurs n’ayant pas déjà 50 jeux Warhammer 40 000 dans leur compte Steam et un sérieux manque de sommeil dû à de nombreuses soirées pizza-bière-RPG dans un garage mal chauffé.
Un jeu très appliqué, mais très, très lent.
Pour le peu que je puisse comprendre, malgré mon âge et bien que dézinguer des immondices dans un vaisseau abandonné ne soit pas ma spécialité, Space Hulk : Tactics est une transposition extrêmement fidèle des mécaniques du jeu de plateau. Les Space Marines ont une phase de jeu qui alterne placement des unités, postures offensives ou défensives et surveillance d’un maximum d’angles possibles, tandis que les Tyranides doivent être « craftés » dans des nids, et se déplacent plus rapidement une fois qu’ils ont éclos.
Dans les deux cas, le joueur peut activer des cartes bonus qui donnent un avantage non négligeable à des confrontations qui se résolvent souvent par la mort automatique d’un des deux combattants, comme aux dames. Il est également possible de troquer ces cartes contre des points d’action, l’équilibre entre les deux étant l’un des principaux enjeux qui déterminera votre capacité à accomplir ou non votre mission et ses objectifs annexes. On aura une petite préférence pour le gameplay des Marines, un peu moins opaque pour un novice de la série, pour peu qu’on soit déjà familier des Tactical RPG.
On déplorera cependant que cette transposition appliquée et laborieuse se solde à l’écran par un rythme effroyablement lent : les menus sont fouillis, les unités se déplacent au ralenti, la caméra pédale dans la semoule, et le tout baigne dans une pesanteur que ne vient pas alléger une direction artistique assez laide et répétitive. Les amateurs de la franchise devraient cependant s’y retrouver sans mal, et passer d’excellents moments dessus, en profitant du très sympathique éditeur de campagne, feature qui se fait bien trop rare et qui est un démultiplicateur certain de fun pour un jeu dont les deux campagnes, assez courtes, servent avant tout de préparation au post-game (multijoueur, campagnes de la communauté, etc.)
En tant que déclinaison du jeu de plateau dont il est tiré, Space Hulk : Tactics fait le job. Mais c’est un titre qui ne prêchera que des convertis. Esthétiquement pauvre, il ne fait pas de grand effort pour se rendre attractif auprès d’un public de nouveaux venus et se contente de servir la soupe aux spécialistes de la franchise. C’est toujours mieux que nombre de jeux Warhammer, qui ne parviennent souvent même pas à satisfaire leur cœur de cible.
Space Hulk : Tactics a été testé sur PC, via une clé fournie par l’éditeur. Un des membres de The Pixel Post est employé par Focus Home Interactive, mais n’a été à aucun moment impliqué dans la préparation ou la rédaction de cet article.
Achtung! Cthulhu Tactics
Achtung! Cthulhu Tactics, mis à part demander beaucoup de concentration pour écrire son titre pour le non germanophone que je suis, est adapté du jeu de rôle quasi éponyme (Achtung! Cthulhu tout court quoi) de Modiphius. Plutôt qu’un RPG classique, les développeurs de chez Auroch Digital se sont orientés vers une adaptation sous forme de jeu de tactique qui doit énormément à XCOM. Et finalement je me dis que je ne devrais plus m’embêter à tester des jeux du genre tant aucun n’arrive à la cheville de leur aîné.
Un ennui à rendre fou les plus sains d’esprit
Achtung! Cthulhu Tactics se passe donc durant une 2nde Guerre mondiale alternative. Les Alliés ont débarqué et avancent en direction de l’Allemagne. Mais les nazis n’ont pas dit leur dernier mot puisque deux confréries occultes de la Wermacht utilisent leurs connaissances de l’ésotérisme pour invoquer des créatures terrifiantes et horribles afin d’aider l’effort de guerre. L’univers est pas mal hein : un peu de Hellboy pour l’aspect nazis sorciers du mal très pas gentils, du Lovecraft (c’est dans le titre), y’a de tout pour faire un jeu sympa. Dommage.
Car évacuons le Shoggoth dans la pièce : ce jeu est ennuyeux. Autant mécaniquement, il n’est pas mauvais, en même temps vu qu’il s’agit d’une copie carbone des XCOM de Firaxis c’était compliqué de se louper totalement, mais très vite on se lasse de cette map déclinée à l’infini, de ces ennemis tous identiques. Le titre se joue donc comme un jeu de tactique classique : vous arrivez sur une map, vous avancez à travers des couloirs verdoyants des Ardennes identiques aux 20 précédents, vous débouchez dans une arène, elle aussi identique à la précédente, vous tapez des ennemis (oui eux aussi identiques aux précédents) au tour par tour, et vous continuez en avançant vers la prochaine arène qui de toute façon sera pareille, à travers des couloirs qui seront les mêmes, pour taper des salauds de nazis qui seront de tout façon les frères jumeaux des précédents. Au bout de 3h de jeu vous vous direz que finalement vous auriez peut-être dû lire le Nécronomicon en écoutant Jul, vous seriez devenu également fou, mais au moins vous auriez appris comment invoquer un grand ancien pour lui faire partager votre passion nouvelle pour le rappeur.
Ph’nglui mglw’nafh Cthu…zzzzzzzz
Et entre deux missions, identiques toutes les deux donc finalement ça n’a que peu d’importance, vous n’aurez donc pas de gestion de base. Vous serez dans la planque de vos agents Alliés et vous augmenterez leur fiche de personnage, probablement inspirée du jeu de rôle de base, les équiperez d’armes (trois/quatre différentes à tout péter). Ne comptez pas engager d’autres personnages pour les faire monter en même temps, et ainsi avoir plus d’options : vous êtes bloqué avec les 4 même pendant tout le jeu. Seul point positif : la radio en arrière plan qui fait très d’époque, c’est sympa, youpi.
Revenons un peu à l’aspect tactique, vu qu’ils ont abandonné la surcouche stratégique, c’est qu’ils ont forcément travaillé la couche tactique. Non. Vous trouverez donc deux trois petits systèmes qui font nouveaux, mais à peine plus. Par exemple, et il semble que ce soit une constante chez Modiphius (leur jeu de rôle Star Trek utilise le même système) vous avez une ressource qu’on appelle le momentum. Vous commencez chaque tour de combat avec 5 et vous en gagnez en faisant des critiques. Le momentum est utilisé pour certaines compétences avancées de vos personnages, mais également pour parcourir plus de distance. Au début on pense que c’est pas mal, que ça donne un peu plus de ressources à gérer en plus des points d’actions (oui le jeu reprend les points d’actions des anciens XCOM) , mais finalement, comme vos personnages ont trois compétences, vous trouverez très vite le rythme optimal pour utiliser le momentum et à aucun moment vous serez créatif avec cette ressource.
Vous avez déjà joué à un jeu tellement ennuyeux qu’une fois fermé vous avez oublié ce que vous faisiez il y’a 5 minutes ? Et bien Achtung! Cthulhu Tactics c’est exactement ça. Ce jeu ne prend tellement pas de risques dans sa copie carbone d’XCOM 2 que l’icône de l’overwatch est identique et que l’interface est tellement similaire que Firaxis pourrait les attaquer. Mais là où XCOM brille en vous lançant sans cesse de nouveaux défis, en vous laissant constamment au bord du gouffre, vous forçant à utiliser votre cerveau et vos ressources pour vous tirer d’une situation compliquée, Achtung! Cthulhu Tactics, lui, se contente de vous balancer sans cesse les mêmes trois ennemis, de plus en plus nombreux, en pensant que c’est comme ça qu’on corse un jeu de tactique. Et il se trouve que non.
Achtung! Cthulhu Tactics a été testé sur PC, via une clé fournie par l’éditeur.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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