Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali vous parle de Fell Seal : Arbiter’s Mark, un Tactical RPG à l’ancienne qui vient de débuter son early access et Tritri de Parkasaurus, la réponse indé et mignonne à Jurassic World Evolution.
Fell Seal : Arbiter’s Mark
Si le tactical RPG à la japonaise est bien, bien loin de son âge d’or, les grands titres du genre à la Final Fantasy Tactics et autre Tactics Ogre ont émerveillé il y a vingt ans l’enfance de jeunes développeurs qui lancent de plus en plus de projets tentant de recapturer et de moderniser la magie des titres de cette époque. Entré en Early Access il y a quelques semaines, Fell Seal : Arbiter’s Mark des Californiens de 6 Eyes Studio est un projet réjouissant et très ambitieux, mais encore très loin d’être pleinement jouable.
Un scénario particulièrement sombre et efficace
Si le principal représentant actuel des tacticals RPG est la farfelue franchise Disgaea, on ne peut pas vraiment dire qu’elle brille par la profondeur de son scénario volontairement idiot. Mais il y a vingt ans, les Vandal Hearts et autre Front Mission 3 se permettaient des histoires sombres, torturées et narrativement très ambitieuses. Fell Seal : Arbiter’s Mark reprend ce type d’ambiance à la fois sinistre et épique, et le fait avec brio, bien qu’on sente que toute l’histoire n’a pas encore été implantée par les développeurs, certaines scènes se raccordant de manière un peu ténue.
Dans un monde dirigé par un conseil d’immortels supposés empêcher le retour d’une calamité, les Arbiters constituent une police d’élite, théoriquement située au-dessus des lois. Mais depuis de nombreuses années, cet ordre est en déclin, gangrené par la corruption et souffrant d’un manque d’effectifs chronique. Vous incarnez Kyrie, incorruptible jeune recrue qui refuse encore et toujours d’abandonner son devoir et à se résoudre à voir les routes du pays se couvrir de ruines et de maraudeurs. A la suite d’une mission à l’issue particulièrement frustrante, vous décidez de vous lancer à la poursuite d’un individu malveillant ostensiblement protégé par vos supérieurs. Obligée de traverser un monde ravagé par le crime et couvert de créatures maléfique que plus personne ne prend le temps de chasser, un long et sinistre périple commence.
Pour ce qu’on a pu en voir jusqu’ici, le scénario sera, dans quelques mois, vraiment très ambitieux et plaisant à suivre. L’univers est dense et original, la mise en scène est prometteuse, les dialogues sonnent juste, et chaque personnage semble avoir été travaillé avec soin. C’est sans doute le point qui m’inspire le plus confiance. Fell Seal : Arbiter’s Mark sera vraisemblablement un petit bijou d’écriture. Par contre, il a encore bien des progrès à accomplir sur tout le reste.
Gameplay in Progress
Succession de batailles tactiques assez ardues, le gameplay de Fell Seal : Arbiter’s Mark ne cache pas son ambition de se poser comme un des TRPG les plus touffus depuis des lustres. Avec un système de classe (plus d’une vingtaine) et d’expérience tentaculaire, des personnages à l’évolution complexe, un système d’équipement et d’armement comportant de nombreux paramètres, un système de craft et de gestion d’objets et un arbre de compétences long comme le bras, le titre de 6 Eyes ne lésine pas sur le contenu.
Pendant les combats, c’est toute l’articulation de tous ces paramètres qui crée des puzzles stratégiques assez velus : gestion de la hauteur et des flancs, des afflictions d’état, de la sensibilité aux armes, détection des pièges, régénération de la magie… Peu de tacticals mettent autant de paramètres aussi vite entre les mains du joueur. Le tout reste, rassurez-vous, assez lisible, l’interface étant un étonnant modèle d’ergonomie.
Néanmoins, le jeu ne vole pas son statut d’Early Access, tant un nombre incalculable de détails semblent encore faire défaut, à commencer par un manque criant de travail sur le rythme des batailles (beaucoup trop lent et poussif) et par l’équilibrage global de la difficulté, qui semble pour le moment totalement absent. Rien de grave, le titre a encore au moins six à neuf mois de développement devant lui, et chaque semaine apporte son lot de nouveautés de la part d’une équipe qui semble très investie dans son jeu. Mais s’il sortait en l’état, Fell Seal : Arbiter’s Mark serait extrêmement frustrant, entre la richesse de son univers et le rythme mou et pataud de batailles qui oscillent sans explication entre « aucun challenge » et « mission impossible ». Nous prendrons bien entendu le temps de vous faire une critique plus aboutie quand le jeu sortira en version finale, en théorie aux alentours du premier trimestre 2019 (j’ai cependant d’énormes doutes au sujet de cette date tant les chantiers à résoudre restent conséquents).
Un univers très ambitieux, une direction artistique efficace et pleine de personnalité et un hommage réussi aux grands JRPG de l’ère 32 bits sans jamais tomber dans la photocopie : sur le papier, Fell Seal : Arbiter’s Mark devrait être à sa sortie une excellente surprise pour tous les amateurs de tactique et ce pour un prix modique (16€ à l’heure actuelle, sans doute 20€ à la sortie). Mais attention : le jeu est à ce jour en plein chantier, et manque encore cruellement de patate et souffre d’un gameplay peu équilibré. Notre verdict final dépendra entièrement de la capacité des développeurs de 6 Eyes à résoudre ces problèmes d’ici à la sortie du jeu. D’ici là, attendez peut-être encore un peu avant de passer à la caisse.
Parkasaurus
Vous le savez j’ai deux passions dans la vie : la gestion et les dinosaures. Hélas les deux genres ne se mêlent que trop peu, et c’est bien dommage. Mais cette année, nous avons été gâtés avec Jurassic World Evolution, le sympathique, mais au final bien trop léger, jeu de Frontier. Un jeu de gestion de parc de dinos c’est cool, mais je ne m’attendais pas à en avoir un deuxième moins de 6 mois après avec Parkasaurus de Washbear, petit studio qui prétend proposer quelque chose de plus complet et se rapprochant plus du Zoo Tycoon classique.
Des dinosaures mignons
Donc, Parkasaurus a commencé son early access le 25 septembre. Le jeu vous propose de vous mettre aux manettes d’un parc zoologique rempli de dinosaures. Ici point de clonages ni de grandes théories sur la possibilité de contrôler la nature, mais simplement une machine à voyager dans le temps pour récupérer vos dinosaures. Mais surtout, Parkasaurus veut être plus léger que la licence avec des dents que Frontier a adapté. Ainsi, les dinosaures sont absolument adorables, tout en nuances de couleurs pastel et même les plus féroces feront fondre le coeur des plus cyniques d’entre vous. Pour ne rien gâcher, le jeu est franchement très joli, adoptant un style low-poly plein d’aplats de couleurs bien agréable à l’oeil. Bien sûr, parfois vos dinosaures s’échapperont (moins souvent que dans le désastre ambulant que sont les îles de John Hammond) mais même là, au milieu du chaos et de la destruction, ça sera tout mignon, les bâtiments volant au contact des dinos, et les gens se faisant manger de manière très rigolote. Parkasaurus est déjà une réussite artistique et de ton, mais voyons le coeur de la chose : le gameplay et la gestion.
Vos dinosaures ne sont donc pas des clones comme ailleurs, mais des vrais animaux de l’époque dont vous avez récupéré l’ADN encore frais. Ils ont donc des environnements auxquels ils sont habitués et que vous devez respecter. Le jeu brille ainsi particulièrement par sa gestion des biomes. Il y en a 9, divisés en 3 types correspondant à la case de sol principale : herbe, désert, marais. En jouant avec les curseurs, vous devrez trouver le spot parfait pour vos dinosaures : plus ou moins accidenté, et plus ou moins humide. Il faudra également faire attention à la biodiversité en rajoutant arbres, arbustes et roches qui correspondent aux biomes. D’abord, vous n’aurez accès qu’à des arbres « modernes » mais très vite, vous pourrez augmenter votre note d’authenticité avec de la flore préhistorique qui colle à l’environnement du dinosaure. Très malin, ce système rend la construction des enclos profonde et permet de faire de jolies attractions qui, non seulement plairont à vos dinosaures, mais aussi à vos visiteurs qui adorent voir de jolis paysages.
Des snacks visiteurs exigeants
Dans Jurassic World vos visiteurs n’avaient aucune importance, leur avis ne comptait que très peu, et de toute façon vous n’aviez que peu de moyens d’influer là dessus. Heureusement Parkasaurus s’est souvenu de ce qui faisait le sel des tycoons de parcs d’attractions : ces relous de visiteurs jamais contents. Comme toujours, depuis l’invention des notes Google, le feedback se fait via un panneau imitant les avis sur Internet avec étoiles et petits messages indiquant ce qui leur a plu et leur a déplu dans votre parc. Vous aurez donc un choix assez impressionnant, pour un jeu en early, de bâtiments allant de la baraque à frite au fast-food complet. Il faudra aussi décorer votre parc pour qu’il soit joli, et fasse plaisir aux rétines de vos visiteurs. Là aussi le choix est franchement massif pour un jeu qui vient d’entrer en accès anticipé et il ne pourra donc que s’étoffer au fil du développement.
Finalement l’aspect le moins développé pour l’instant sera vos employés. Vous retrouverez les classiques du genre : concierges pour nettoyer votre parc, sécurité pour gérer les dinosaures en cavale (pas encore de pickpocket comme dans Planet Coaster, et puis de toute façon, avec moi, les pickpockets finissent dans l’enclos des raptors), vétérinaires pour s’occuper de vos animaux et scientifiques pour avancer dans l’arbre de technologie et partir en exploration dans le passé pour récupérer vos futurs pensionnaires. Pour l’instant, ils n’ont pas vraiment d’influence, se contentant de faire leur travail sans avoir vraiment d’avis sur leurs conditions ou sur leur salaire, et leur niveau ne semble pas franchement influer sur la qualité de leur boulot. A voir si ça sera étoffé par la suite. Pareil pour l’arbre de technologie, qui, bien que complet, ne m’a même pas pris 5h à débloquer (mais peut-être est-ce pour que tous les joueurs puissent bien tout tester afin d’obtenir plus de feedback). J’ai en revanche mis 3h à remarquer le second arbre, qui vous débloque d’autres bêbêtes, des jouets et autres mangeoires et qui utilise une ressource différente : l’amour de vos dinosaures. C’est adorable j’en peux plus.
Parkasaurus a beau être un jeu en accès anticipé il est déjà très très solide. Mignon, joli comme tout, c’est une vraie déclaration d’amour au genre classique du Zoo Tycoon, mais aussi aux dinosaures. Évidemment pour l’instant, on a l’impression d’en avoir fait le tour un peu vite (6h pour ma part) mais c’est bien plus que beaucoup de jeux au même stade qui n’étaient qu’un squelette présentant un début de bonne idée, avant de s’étoffer au fil des mois. Je suis impatient de voir où va aller le titre avec une base aussi solide qui ne peut que s’améliorer et devenir possiblement la référence du Tycoon zoologique.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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