Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray vous parle de PHOGS!, un puzzle game qui a du chien, et Fanny de Orwell’s Animal Farm, un jeu qui fait sa tête de cochon.
PHOGS!
Ma fin d’année vidéoludique semble être sous le signe de créatures étranges. Après le très divertissant Bugsnax où l’on peut manger des créatures mi-insecte/mi-aliment, voilà que débarque devant moi PHOGS! et son chien à deux têtes… à moins que ce soit ses chiens à un seul corps…
Michien-michien
La vie est belle dans le monde de PHOGS! (vous savez vous n’êtes pas obligé de le crier dans votre tête quand vous lisez ce titre). Notre chien à deux têtes (oui j’ai préféré choisir cette option, cela m’évite de me poser trop de questions et d’arriver à me demander comment une telle créature peut réussir à se soulager contre un poteau…) fait sa petite sieste tranquillement. Un réveil plus tard et notre héros part à la recherche de trois objets qu’il a vu en rêve. Voilà à peu près toute l’histoire du jeu. Oh il y a bien une sorte de mythologie qui semble débarquer vers la fin mais c’est tout à fait anecdotique et clairement pas le but de cette aventure. Alors passons si vous le voulez bien aux choses plus importantes.
Dans PHOGS! donc, vous contrôlez chacune des têtes de notre héros. En solo, cela veut dire que chacun de vos sticks analogiques va diriger une tête (que l’on peut différencier par la couleur du collier et par les petits accessoires que vous allez pouvoir débloquer durant le jeu). Mais qu’allez-vous donc bien pouvoir faire avec cette étrange et adorable créature ? Eh bien vous balader dans les 3 mondes constituant le jeu, à savoir le monde des jeux, celui du sommeil et enfin celui des aliments. Des mondes qui, comme nous le savons toutes et tous, représentent l’essentiel de la vie d’un gameu…d’un chien. Chacun d’entre eux est divisé en 6 niveaux qu’il vous faudra finir en résolvant les différentes énigmes parsemées tout au long de votre périple, avant de pouvoir vous attaquer à un 7ème niveau faisant office de boss pour récupérer l’un des objets tant convoités.
Et on ne pourra pas reprocher à Coatsink et Bit Loom Games de manquer d’imagination. Chacun des 3 mondes du jeu (et des niveaux les divisant) regorgent d’idées de gameplay. Ce qui fait que, malgré la simplicité des contrôles, qui consistent à se déplacer et à attraper dans l’une de ses gueules un objet pour l’utiliser ou le déplacer, on ne s’ennuie jamais et on n’a pas l’impression de refaire encore et encore les mêmes choses. Ainsi le monde des rêves vous fera notamment vous infiltrer au milieu de matelas et coussins tout en jouant avec de la lumière pendant que le monde de la nourriture vous fera fabriquer une pizza et remplir une piscine de chocolat fondu à l’aide de votre corps qui peut faire office de tuyau d’arrosage. Le monde des jeux, lui, vous fera passer du flipper au mini-golf (et oui encore une variante du golf) tout en mangeant du popcorn.
Reste la question du choix du mode de jeu. Alors ce PHOGS! en solo ou à deux ? Eh bien, je dirai les deux! Même si je ne peux m’empêcher de vous conseiller le mode deux joueurs sur vous avez l’occasion. J’ai passé un très bon moment à faire la majeure partie du titre en solo mais il est fait pour se savourer à 2. En plus, son côté tout public et ses énigmes pas très compliquées il faut l’avouer vous permettront notamment d’y jouer en duo avec un enfant découvrant ce genre de titre (pour les parents qui en ont marre de faire semblant de perdre à Mario Kart par exemple). Bonus : jouer à 2 enlève le principal défaut du mode solo, à avoir mélanger les têtes et ne plus savoir quel stick contrôle quelle tête.
PHOGS! a été testé sur PS4 via une clé fournie par l’éditeur. Il est aussi disponible sur PC, Nintendo Switch, Xbox One et même Google Stadia (ce qui fera toujours plaisir à un.e joueur.se de plus c’est déjà ça).
Vous cherchez un cadeau de Noël de dernière minute pour votre partenaire ou votre enfant ? Ne cherchez plus ! PHOGS! est mignon, malin, est juste assez long sans être répétitif (comptez 7, 8 heures en ligne droite et rajoutez 2, 3 heures pour trouver l’intégralité des collectibles bonus). On ne pourra lui reprocher que l’impossibilité d’adopter son héros dans la réalité pour pouvoir faire une sieste avec lui (merci de bien vouloir en faire au moins une peluche s’il vous plait).
Orwell’s Animal Farm
Si certains aiment citer à l’envi 1984 pour le comparer à la situation actuelle du monde, il y a un autre roman d’Orwell qui, s’il a été écrit pour critiquer l’URSS et notamment Staline, pourrait très bien servir de comparaison au populisme d’extrême-droite qui gangrène nos sociétés actuelles. Le studio The Dairymen l’a bien compris et notamment l’un de ses cofondateurs, Imre Jele, pour qui La Ferme des Animaux résonne tout particulièrement, ayant naquis dans la Hongrie communiste. Si les développeurs avaient comme projet de sortir leur jeu à temps pour les élections américaines de 2016, il aura fallu attendre le 10 décembre dernier pour pouvoir mettre la main sur Orwell’s Animal Farm qui, malheureusement, reste dans l’actualité de cette année 2020.
Pour ceux qui n’ont pas lu le roman d’Orwell, petit résumé de l’histoire : à la suite d’un rêve, un cochon nommé Sage l’Ancien décide de réunir tous les animaux de la ferme dans la grange, afin de les faire réfléchir sur leur condition d’animaux et sur le fait que les humains ne produisent rien et sont pourtant ceux qui prennent le plus. Il entonne un chant révolutionnaire inspiré de son rêve, Bêtes d’Angleterre, et les pousse à se révolter contre le fermier, Mr Jones. Après sa mort, les autres cochons reprennent les rênes et poussent les animaux à la Révolution, ce qui finira par chasser Mr Jones et laisser la ferme sous le contrôle des animaux qui y habitent. Si tout se passe bien au début, (les animaux mangent à leur faim, des commandements sont établis pour régir leur nouvelle idéologie…), rapidement la situation dégénère quand les cochons profitent de leur avantage intellectuel et de la mémoire courte des autres animaux et finissent par dominer et réécrire les commandements pour qu’ils s’adaptent à chaque avantage qu’ils s’accordent. Les animaux finissent par travailler encore plus que lorsqu’ils étaient dirigés par le fermier pendant que les cochons deviennent de plus en plus comme les humains qu’ils dénonçaient, finissant même par commercer avec eux, jusqu’à ce qu’il devienne impossible de les distinguer les uns des autres.
Un jeu qui souffre d’être une adaptation
Le but d’Orwell’s Animal Farm est donc de mélanger jeu de management de ferme et jeu narratif à choix multiples pour aussi bien raconter l’histoire de base du livre que de permettre aux joueurs d’avoir des fins alternatives, rajoutées par le studio, tout en ayant le point de vue direct des animaux concernés. Si tout se passe bien quand on suit l’histoire du livre, quand on commence à s’éloigner de celui-ci, l’exécution pèche rapidement : on passe un bon moment sur la 1ère année, on choisit quels animaux doivent travailler, en essayant de trouver un équilibre entre la quantité de nourriture nécessaire à la survie de la ferme et la santé des animaux, qu’on risque de surmener voire de tuer si on les fait travailler trop régulièrement. On a des dialogues et des choix à faire, qui correspondent à ce qu’il se passe dans le livre.
Puis rapidement, les soucis se multiplient. Le titre souffre du fait qu’il essaie de faire du management tout en devant suivre les événements du livre, ce qui rend frustrants nos efforts pour essayer de gérer la ferme correctement. On nous reproche de ne pas avoir assez semé alors que l’option n’a jamais été disponible, quand on commence à avoir trop de nourriture par rapport à ce qui a été prévu par la narration, on nous force à la dépenser frivolement, certains animaux ne sont plus disponibles pour le travail alors même que l’on n’a eu aucun événement qui indiquait leur départ ou leur décès… Peu importe que l’on essaie de notre mieux, qu’on tente plusieurs combinaisons pour essayer par exemple de se débarrasser de Napoléon au plus vite, certaines péripéties sont fixes et finissent par ne plus correspondre à ce que l’on a essayé de faire.
Plus grave encore, il semblerait que certaines décisions n’ont pas été pensées par les développeurs, ce qui fait que vous pourrez voir des personnages morts précédemment rejaillir de leur tombe durant certaines conversations. L’une de mes parties a d’ailleurs souffert de ce manque de prévision quand, à l’année 6, le jeu n’avait juste plus rien à m’afficher, n’ayant probablement pas la possibilité de réconcilier ce qui était dans le code avec les choix que j’avais fait. Certains dialogues se répèteront plusieurs fois de suite et on arrive vite à la lassitude quand on se rend compte à quel point ils sont peu nombreux. Loin de la promesse initiale de permettre aux joueurs d’influer sur l’histoire de base et de pouvoir la modifier suite à leurs actions, j’ai plutôt eu l’impression de subir le poids d’un scénario qui devait absolument se dérouler d’une façon précise et qui était en conflit avec l’intention des développeurs.
Orwell’s Animal Farm a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il est également disponible sur Mac, iOS et Android.
Si vous avez aimé le livre et que vous cherchiez une expérience vidéo-ludique qui vous permettrait d’approfondir cette histoire, vous ne la trouverez pas ici. The Dairymen semble avoir eu du mal à concilier les deux aspects et n’arrive pas au résultat attendu. Cependant, le jeu possède tout de même de nombreuses qualités (excellent narrateur joué par Abubakar Salim, direction artistique plaisante, bien écrit…) qui lui permettent d’être au moins une bonne adaptation du livre, et que je recommanderais à tous ceux qui n’ont pas lu le livre et qui cherchent à découvrir l’histoire d’une façon un peu plus originale.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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