Il y a un an, j’ai offert à un de mes meilleurs amis un sac contenant des googly eyes. C’était à la fois l’un des meilleurs et des pires cadeaux que j’ai pu faire. Depuis, mon ami a commencé à en mettre partout et encore aujourd’hui l’interrupteur de la lumière de ma chambre me regarde la nuit quand je dors et j’ai encadré dans l’entrée de mon appartement une serviette de table qui indique en plus la route jusqu’au salon. Autant vous dire que plus grand-chose ne m’étonne en termes de personnification de choses. Mais ça, c’était avant Bugsnax.
Et c’est à Young Horses, studio américain à l’origine du déjà bien farfelu Octodad que l’on doit cette aventure dont je vais vous parler. Un jeu qui a été annoncé en juin dernier et qui a divisé la rédaction. Il faut dire que montrer une fraise sur pattes qui se fait attraper puis avaler par une sorte d’ours/morse avant que le bras de ce dernier ne se transforme en fraise avait de quoi laisser perplexe. Mais l’aventurier que je suis ne pouvait pas passer à côté de ça !
Avez-vous déjà vu : un homme avec des bras-carottes ?
Tout commence par l’invitation d’une certaine aventurière, Lizbert Mégafig, à venir rejoindre l’île aux Zenkas pour écrire un papier (oui, vous êtes journaliste) sur les Bugsnax, des créatures aux propriétés étranges. Ni une, ni deux, vous partez sur cette île en dirigeable avant de vous échouer lamentablement, de croiser un papillon géant aux allures de pizza 4 fromages et de tomber sur un des habitants de l’île qui semble avoir besoin de votre aide.
Ce dernier est un Grumpus (cette race de nounours mignons/marionnettes de ventriloque à laquelle vous appartenez aussi), et se présente comme le maire de la petite bourgade de l’île, devenue un village fantôme suite à un incident qui a entraîné la disparition de Lizbert, cette aventurière qui vous avait invité, ainsi que des dissensions au sein de la grosse dizaine d’habitants restants qui sont partis faire leur vie chacun dans leur coin.
Votre simple article devient alors une aventure au sein de l’île pour trouver les autres habitants, les faire revenir dans le village de Snaxburg et trouver la vérité sur la disparition de Lizbert. Cependant il n’y a pas que les Grumpus au sein de l’île, il y a aussi et surtout les Bugsnax : des créatures, mélange étonnant entre insecte et fruit/aliment. Vous avez toujours voulu voir un cheeseburger se balader dans une forêt ? Laissez-moi vous présenter le Scaraburger. Vous êtes plutôt petit déjeuner ? Regardez dans le ciel ce magnifique Tartinion qui vole grâce à ses ailes tranches de pain ! À moins que vous ne préféreriez un dessert, dans ce cas bonne chance pour attraper cette bananautrelle.
En plus de peupler cette île pas comme les autres, les Bugsnax ont la particularité, une fois capturés, de pouvoir être mangés par les habitants qui voient alors leurs membres (mains, pieds, tête, dents etc) transformés en fonction du Bugsnax ingéré. Sachez que c’est purement cosmétique. Libre à vous, une fois les premières demandes des habitants réalisées, de personnaliser ces derniers de la tête au pied. Sachez aussi que malheureusement, le personnage que vous incarnez découvre rapidement que cette possibilité ne lui est pas offerte. Mais de toute façon vous jouez à la première personne et vous ne voyez rien de plus que le bout de vos bras tout moelleux.
Le jeu vous invitant à attraper le plus possible des 100 espèces de Bugsnax, vous comprendrez rapidement que, pour convaincre les habitants de revenir en ville et de se laisser interviewer (vous permettant ainsi d’en apprendre plus sur ce qu’il s’est passé avant votre arrivée), il vous faudra répondre à leurs demandes particulières.
L’occasion pour moi de parler un peu de ces Grumpus avant de revenir au cœur du jeu que sont les Bugsnax. Les personnages que vous allez rencontrer sont à la fois extrêmement caricaturaux (on a le geek introverti, le sportif qui ne pense qu’à son corps, l’archéologue plus passionnée par ses squelettes que par les personnes vivantes autour d’elle etc) mais aussi très attachants. Ils ont tous une histoire à raconter, des problèmes, des secrets et des doutes. On s’attache (ou on aime détester) la plupart d’entre eux et qu’est-ce qu’on donnerait pas pour leur faire un gros câlin… il faut dire qu’ils sont tellement fluffy aussi.
Chasseur-cueilleur-rechasseur
Mais les Bugsnax dans tout ça, est-ce qu’ils sont réussis au moins ? Je pense honnêtement qu’à l’image des réactions de la rédaction lors du premier trailer, le design va diviser. Personnellement j’ai adoré. Oui ils ont tous des googly eyes qui pourraient rappeler Yooka-Laylee et sa propension à humaniser tout et n’importe quoi. Cependant il y a bien plus que cela : les designs des Bugsnax sont travaillés, ils ont leurs caractéristiques physiques, comportementales et ils font leurs petits cris personnalisés adorables (que l’on peut notamment entendre au moment de la capture au travers de la manette de la PS4). On est au final bien plus proche d’une génération de Pokémon (ne mangez pas vos Pokémon) que de la simple apposition d’yeux à un élément du décor.
J’en profite ici d’ailleurs pour féliciter le travail de la localisation sur ce jeu. Parce que la version de base est remplie de jeux de mots que ce soit pour les noms des Bugsnax (je ne me remets toujours pas du chiche-kebug) comme celui des différentes zones de l’île. Cela n’a pas dû être facile tous les jours de trouver une variante française à tout ça. Si jamais une personne ayant bossé sur la traduction du jeu lit ce papier, sachez que la zone de la Baie Chamel n’est pas passée inaperçue à mes yeux et mon cœur (ah et n’oubliez pas aussi de régler le problème des lettres avec un accent circonflexe !).
Si les Bugsnax sont variés, les méthodes et les outils que vous allez pouvoir débloquer (en aidant les habitants de l’île) le sont aussi. Rapidement, le piège de base que l’on vous donne ne vous suffira plus, parce que tel Bugsnax est trop gros, hors de portée ou parce qu’il est enflammé et donc détruit votre piège. Libre à vous alors d’utiliser par exemple ce tremplin qui vous permet de catapulter un Bugsnax sur un autre volant pour le faire tomber, ou alors d’utiliser votre lance ketchup qui fera sortir ce rouleau de printemps-chenille de sa cachette.
On pourra reprocher au jeu sa progression un peu trop linéaire et répétitive avec son système de nouvelle zone de l’île débloquée/découverte de l’habitant/capture d’un bugsnax particulier pour lui grâce notamment au nouvel outil qu’il vous fournit. Heureusement, chaque Grumpus qui revient à Snaxburg est l’occasion de réaliser quelques missions annexes pour en découvrir un peu plus sur lui et ses relations avec les autres habitants. Des relations parfois amicales, parfois amoureuses et parfois très orageuses.
Attrapez-les tous !
Est-ce qu’il y a de réels reproches à faire à Bugsnax ? Oui bien sûr ! On pourrait commencer par ses temps de chargement trop longs quand on passe d’une zone à une autre (un problème que n’auront peut-être pas les possesseurs de PS5). D’autant plus dommage qu’il n’y ait pas de téléportation instantanée et que cela décourage donc un peu quand on doit traverser toute l’île pour aller chercher un Bugsnax en particulier (j’espère que vous ne prenez pas un shot à chaque fois que je dis Bugsnax… bah sinon vous devez sûrement plus être capable de lire cette ligne, c’est pas grave).
On pourra aussi lui reprocher le manque d’explications sur l’utilisation de certains objets (surtout sur la fin). Oui le jeu vous invite à les utiliser quand vous les débloquez grâce à une quête spécifique mais il faut parfois un peu de temps pour comprendre de quelle manière. Je suis à peu près sûr d’avoir capturé certains Bugsnax (shot !) de la mauvaise façon.
Mais à côté de ça, qu’est-ce que j’ai passé un bon moment pendant les 10 heures de jeu qu’il m’a fallu pour tout boucler, y compris le pokede…l’encyclopédie (enlevez 2/3 heures si vous ne faites que l’histoire principale). Ai-je oublié de préciser qu’il n’y a aucun timer pour vos missions, que vous n’avez aucun point de vie et donc qu’il n’y a aucun risque de mourir et devoir tout recommencer ? À l’heure où l’on part à la recherche de jeux pour le « confinement 2, the confinening », je crois que j’ai eu de la chance en commençant le mien par un jeu aussi feelgood, adorable et chargé de bonnes intentions. Et cerise sur le Pattacake : on peut pet les Bugsnax !
Bugsnax a été testé sur PS4 via une clé fournie par l’éditeur. Il est également disponible sur PS5 et PC.
Est-ce que Bugsnax est le jeu de l’année ? Pas du tout. Est-ce que c’est un jeu sur lequel j’ai passé un très très bon moment à me balader, à rire sur ses jeux de mots, à pousser des « awwww » devant la mignonitude de ses êtres étranges et à relancer le jeu une fois fini pour réussir à tous les capturer ? Absolument, et ça me suffit amplement.
P.S : n’oubliez pas de bien vous hydrater, ça aidera à faire passer la gueule de bois… et Bugsnax ! Celui-là il est offert, ça me fait plaisir.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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