Cette fois-ci dans Partie Rapide, Tritri vous parle de Mars Horizon, un jeu de gestion d’agence spatiale et d’ICBM, un Defcon-like.
Mars Horizon
Développé par Auroch Digital (auteur de mon Shenmue III personnel : Achtung ! Cthulhu Tactics), en collaboration avec l’ESA, Mars Horizon vous propose de gérer votre agence spatiale en compétition, ou collaboration, avec celles des autres puissances.
Le genre de la gestion d’agence spatiale est très peu représenté. Mis à part le maitre Kerbal Space Program, qui a l’avantage de proposer en plus de l’aspect gestion (celui-ci n’étant presque qu’un bonus) une simulation extrêmement fun, et des jeux plus confidentiels comme Buzz Aldrin’s Space Program Manager ou Take on Mars, peu de jeux nous proposent de gérer au quotidien notre programme spatial. Arrive donc Mars Horizon, développé conjointement avec l’ESA (l’Agence Spatiale Européenne pour les deux du fond qui dorment).
Donc dans Mars Horizon, pas de simulation précise de vos fusées, même pas d’explosions. Votre job sera de gérer une des 5 agences spatiales réelles (NASA, ESA, Agence Russe, Chinoise et Japonaise) à travers l’histoire de la conquête spatiale du premier satellite à la première mission habitée sur Mars. Évidemment, vous serez en compétition avec les agences concurrentes, du moins au début, le prestige des diverses premières (premier satellite, premier homme dans l’espace) augmentera votre budget en conséquence et vous permettra d’envisager des missions de plus en plus complexes, jusqu’au grand final martien. Comme dans le vrai monde de la réalité véritable, vous pourrez collaborer avec les agences adverses sur diverses missions, en échange de possibles faveurs à l’avenir.
Un Mars et ça repart
Le jeu s’organise autour de plusieurs éléments. La carte du système solaire sera votre affichage principal, ici vous choisirez vos missions, vos recherches et recruterez les vaillants astronautes destinés à s’aventurer là où aucun homme n’a été. La progression suit plus ou moins celle de la véritable conquête spatiale au début (satellite, puis animal dans l’espace, puis homme), des choix ne vous étant offerts que plus tard. Vous pourrez par exemple totalement ignorer la Lune et vous concentrer sur Mars directement, ou alors au contraire pleinement vous engager dans la course à la Lune en espérant coiffer au poteau vos concurrents. Le second aspect du gameplay sont les missions elles-mêmes. Organisées autour de mini-jeux elles auront une ou plusieurs phases en fonction de la difficulté. Vous devrez accumuler un certain nombre de points (d’énergie, de communication, de science…) pour réussir la phase et passer à l’étape suivante (ou terminer la mission). Au début c’est rigolo, mais au bout de 15h de jeu, et quand on atteint des missions à trois ou quatre phases, ça devient très vite lassant. Heureusement on peut passer les missions secondaires, mais vous devrez quand même faire les missions principales, bon courage pour la mission le Grand Tour qui vous fera faire ça à chaque planète. Le jeu propose aussi la construction de votre base, où il faut placer les bâtiments pour qu’ils se buffent entre eux. Vous avez aussi un concepteur de vaisseaux, forcément moins complet que celui de KSP.
Globalement, Mars Horizon n’est pas un mauvais jeu, c’est ludique, joli, bien documenté. En revanche c’est extrêmement répétitif, outre les missions que j’ai évoquées plus haut, vous devrez globalement faire la même chose tout le temps. Choisir une mission, rechercher les pièces, construire le vaisseau, concevoir la fusée (que vous pourrez réutiliser, donc en fait vous devrez concevoir que quelques lanceurs et utiliser le bon, sachant que le jeu vous dit lequel est adéquat à la mission), lancer la fusée, effectuer les différentes étapes. Rincez et répétez. Plus vous avancerez et plus vos vaisseaux seront fiables, et moins ils auront de chances d’échouer. Et même en cas d’échec, il n’y a pas de défi, il suffit de replanifier la mission et de recommencer.
Mars Horizon a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Avec Mars Horizon, nous sommes face à un jeu éducatif, presque serious game, sur la conquête spatiale, et à ce titre est intéressant pour des enfants intéressés par l’espace, pour peu que la répétition ne les rebute pas. Mais si vous cherchez votre prochaine obsession type KSP, ça ne sera pas ici. Cela dit, à 8 ans j’aurais adoré avoir ce jeu, son objectif est donc atteint.
ICBM
Par une coïncidence étrange, j’ai revu le culte WarGames juste avant la sortie d’ICBM, qui se veut inspiré du meilleur film sur la guerre nucléaire, les jeux vidéo et le hacking, mais également de Defcon, prétendant proposer une expérience plus profonde. Comme Defcon, le jeu s’articule autour d’une phase de préparation où vous placez vos unités : silos, batteries SAM, flottes, sous-marins. Au contraire de son ainé en revanche, vous avez des recherches à faire pour débloquer des têtes nucléaires plus puissantes, des nouvelles unités (par exemple vous ne commencez pas avec les connaissances nécessaires pour construire des missiles intercontinentaux, il faudra les rechercher). La phase de préparation est donc plus une question de rush les recherches qui vous intéressent en fonction de la situation que de placement des unités. Par exemple il ne sert à rien de rechercher les ICBM lorsque vous êtes uniquement contre un voisin avec une frontière commune, autant rush les missiles moyenne distance. Cette phase est longue. Trop longue, on s’ennuie ferme pendant que les jauges de recherche se remplissent et tout le toutim.
La seconde phase est donc le déclenchement des hostilités. Contrairement à Defcon, vous ne contrôlerez pas forcément vos unités à la main. Tout passe par un système de plans de bataille. Vous choisissez le type d’unité et vous leur donnez une suite de cibles par ordre de priorité (ville, bases aériennes, silos, SAM, …). Le plan s’affichera en bas à gauche de l’écran, avec ses congénères, et vous indiquera le temps d’exécution, pour que vous puissiez bien tout synchroniser pour maximiser les dégâts à l’adversaire. L’instant T venu, vous pourrez déclencher la guerre thermonucléaire globale, en espérant que votre plan vous permette de décapiter l’ennemi avant que ses bombes fassent de même. À l’inverse de la phase de préparation, évidemment, cette étape est rapide, et la partie est torchée quand la pollution globale atteint 100% et que la planète est inhabitable.
Puis-je vous proposer une petite partie d’échecs ?
ICBM passe totalement à côté de son sujet. Là où le maître Defcon vous plongeait dans une ambiance de plus en plus sombre, au début très militaire, pas un bruit, tout concentré sur votre affichage inspiré de ceux de WarGames, plus la guerre avançait et plus l’ambiance s’alourdissait, avec les pleurs des gens dans la salle de guerre, les chiffres des morts s’accumulant. Il avait bien compris le sujet du film, que la guerre thermonucléaire ne peut être gagnée. ICBM, à l’inverse, ne s’embarrasse pas de ce genre de considérations, vous êtes accompagné d’une musique militaro-angoissante pendant la préparation, puis d’une électro d’action lorsque la guerre est déclenchée, en mode « Ouais missiles go boom ! ». Si le message de fin de partie se veut culpabilisant (« Boouuh tout le monde est mort ») il n’empêche que vous êtes accueilli par des graphiques de scores afin de mesurer le kikimeter de celui qui a le plus exterminé son adversaire. D’autant que le jeu n’est pas équilibré. Par exemple, pour être tranquille au début de la partie en 1v1, et éviter des attaques trop tôt, je m’alliais avec mon adversaire, tout en partageant les recherches pour être sûr d’avoir les mêmes technologies que lui, pour le trahir une fois que mes forces étaient prêtes. Ne parlons pas du multi qui se paye le luxe de ramer lorsque les missiles volent, tandis qu’avec Zali nous avons constaté nombre de désynchro et plantages qui ont rendu l’expérience désagréable au possible. En conclusion : restez sur Defcon, le maitre n’est toujours pas dépassé.
ICBM a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Le jeu vidéo a le plus grand mal à parler de guerre de manière générale, ne serait-ce conventionnelle. Dès qu’un jeu cherche à te dire que la guerre c’est mal, il cherche également à la rendre fun, dans l’exemple typique de dissonance ludo-narrative qui est la plaie du medium depuis bien longtemps. On pourrait penser que le sous-genre de la guerre thermonucléaire globale aurait au moins la facilité d’avoir un film complet à pomper sur le sujet, mais non, les développeurs de ICBM ont donc également cherché à rendre l’holocauste nucléaire fun, et ça ne marche pas du tout.
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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