Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray vous parle de Golf Club Wasteland, un jeu de mini-golf post-apo, et Shift de Recompile, un metroidvania 3D au concept intéressant, mais à l’exécution ratée.
Golf Club Wasteland
J’ai une passion pour l’apocalypse. La fin de l’humanité, que ce soit en raison d’une catastrophe naturelle, d’un virus, d’une guerre ou de son incapacité à respecter les gestes barrières, me fascine. Je vais donc profiter de cette introduction pour vous recommander chaudement la trilogie des nouvelles « The End… » racontant des histoires se déroulant avant, pendant et après différentes apocalypses. Voilà, maintenant que c’est fait, penchons-nous sur un récit post-apo teinté de minigolf avec Golf Club Wasteland de Demagog Studio.
Minigolf Maxifeels
La Grande Catastrophe a déjà eu lieu dans Golf Club Wasteland (zappez 15 minutes sur une chaîne d’info et vous devriez pouvoir trouver une explication tout seul). 99% de la population humaine est passée de vie à trépas et le 1% restant (le plus riche bien sûr) a fui sur Mars pour recommencer (et sans aucun doute échouer un jour à nouveau).
La Terre dans tout ça ? Oh elle est toujours là. On y retrouve les restes des constructions humaines, les résultats de radiations et autres agréables déchets humains ainsi que quelques animaux qui ont eu l’occasion de muter un peu (oui je pense à toi vache aux pis fluorescents). Mais la Terre a encore un intérêt puisque les survivants de Mars viennent parfois y faire quelques trous de golf. Sympa non ?
Et c’est justement ce que le personnage que vous incarnez est venu faire. 35 trous au milieu des ruines et décors désolés où l’on peut apercevoir quelques références à l’ancien monde (allant de simples clins d’œil amusants à des coups de coudes un peu trop appuyés dans les côtes). Mais votre personnage a bien une autre raison pour faire ce parcours. Des raisons à découvrir dans des notes à lire entre chaque trou et que je me garderai bien de vous divulgâcher bien sûr. Sachez qu’une magnifique BD viendra récompenser vos efforts pour en découvrir encore un peu plus sur ce héros golfeur.
Mais la réussite de Golf Club Wasteland vient essentiellement de son ambiance. Je parle bien sûr ici de l’ambiance visuelle avec des décors variés (on passe d’un centre commercial en ruine à un parc où une nature changée a repris ses droits en passant par des monuments célèbres en morceaux) mais aussi et surtout de l’ambiance sonore.
Votre aventure est ainsi rythmée par les émissions de Radio Nostalgia from Mars, un programme présenté par une voix que j’aimerais entendre chaque matin au réveil et qui alterne entre des morceaux de tous styles et des témoignages de quelques survivants de la Terre. Ces derniers viennent raconter leurs souvenirs de la Planète Bleue, que cela concerne leurs habitudes, leur ancien travail, la Grande Catastrophe ou une ancienne relation amoureuse. Les morceaux sont bons mais les témoignages sont peut-être encore meilleurs, si bien qu’on en vient parfois à s’arrêter de jouer pour pouvoir juste écouter.
Ah… faudrait peut-être que je vous parle du jeu… Vous avez déjà joué à un jeu de minigolf ? Parfait, alors vous savez ce qui vous attend. D’un mouvement de souris vous pouvez changer l’angle de votre tir et sa puissance et vous devez juste faire attention à votre nombre de coups ainsi qu’à certaines surfaces qui feront disparaître votre balle (eau, liquide toxique ou écureuils albinos cleptomanes).
Le jeu propose un mode histoire avec un nombre illimité de coups pour profiter, un mode défi qui vous demandera de réussir chacun des 35 trous avec un nombre de coups maximum (il m’a fallu environ 2h30/3h pour le finir) et enfin un mode Iron qui vous fera tout recommencer si vous ne réussissez pas un trou. Mais honnêtement certains trous sont bien trop difficiles/piégeux pour que je prenne le risque de devoir tout recommencer).
Golf Club Wasteland a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 4, Xbox One et Nintendo Switch.
Golf Club Wasteland est un jeu de minigolf très correct, mais sa vraie force vient de son univers et de son ambiance notamment sonore. Est-ce que sa partie minigolf est bonne au point de relancer le jeu un jour maintenant que je l’ai fini ? Sans doute pas. En revanche, je sais que je vais écouter en boucle les épisodes de Radio Nostalgia from Mars (disponibles en téléchargement pour tout achat du jeu) pendant un moment.
Recompile
Développé par le minuscule studio britannique Phygames et édité par le fourre-tout Dear Villagers (de Edge of Eternity à Forgotten City, en passant par Revita et… Naheulbeuk ?), Recompile se vend comme un metroidvania 3D basé sur le piratage, l’action débridée et la plateforme. Rarement ai-je vu une dissonance aussi prononcée entre les ambitions d’un titre et son exécution. Et ce n’est malheureusement pas en la faveur de Recompile. Car passé son esthétique sympathique, son concept alléchant – celui d’incarner un programme au sein d’une unité centrale – et ses quelques bonnes idées (à commencer par ses boss, amalgames d’ennemis de base), le titre s’avère être un triste empilement de gameplay imprécis, d’erreurs de conception et de lacunes de confort de jeu.
Recompile de défauts
Le premier – et vrai – gros écueil de Recompile tient dans la base même de son game design, et me fait malheureusement penser que le jeu n’est pas réparable, tant son principal défaut repose dans sa structure et sa progression. Je m’explique. Passé le niveau de didacticiel, Recompile mène le joueur à un hub, ouvert sur quatre zones, chacune axée sur une des quatre bases du gameplay : combat, énigmes, plateforme et exploration. Une idée certes classique, mais plutôt efficace – sur le papier, du moins – , complètement ruinée par son exécution.
L’exemple le plus flagrant (mais même pas le plus raté) reste la partie énigmes. Très tôt dans le jeu, Recompile donne la possibilité d’inspecter certains blocs du jeu, qui se révèlent être des portes logiques : AND, OR, NOT. S’ensuivent des énigmes basées sur des pressions de boutons ON/OFF, reliés entre eux par ces fameuses portes logiques. Des énigmes qui auraient pu être très intéressantes, voire se poser comme une entrée en matière ludique dans l’électronique et le calcul booléen : il n’en est rien. Il n’en est rien, car toutes les zones de Recompile sont structurées de la même manière.
En premier lieu, on entre dans le niveau dénué ou presque des pouvoirs nécessaires à cette épreuve, rendant les premiers pas extrêmement difficiles. Dans le cas des énigmes, on se retrouve ainsi face à des sacs de nœuds de tuyaux reliés aux boutons et portes logiques, qu’il faudrait ainsi presser dans le bon ordre en ayant correctement examiné et compris le puzzle, pour activer un mécanisme. Dans la pratique, même si je comprends le fonctionnement de telles fonctions logiques – et c’est heureux, car le jeu fournit le minimum syndical d’explications – , l’illisibilité de ces séquences est telle que j’ai finalement opté sur la résolution au hasard. Sauf qu’en second lieu, le niveau offre finalement au joueur un pouvoir en lien avec sa thématique, dans ce cas précis, la possibilité de « pirater ». Je le mets entre guillemets, car dans Recompile, pirater consiste seulement à payer avec la monnaie du jeu (les bits), pour modifier la variable d’un bloc. Une fois cette capacité débloquée, deux choix s’offrent à nous : continuer de résoudre ces énigmes illisibles ou… payer quelques pièces pour la court-circuiter.
Et toutes les zones sont construites sur le même modèle : la zone du combat nous fait galérer un temps avec un pistolet nul, pour finalement nous armer d’un fusil à pompe et d’un lance-roquette en cours de route ; la zone de la plateforme nous fait galérer dans un enfer de plateaux minuscules, pour finalement nous refiler un triple saut et double dash, pour finir sur un jetpack qui annihile jusqu’à la fin du jeu la moindre phase de plateforme. Un choix incompréhensible, et qui engendre des niveaux particulièrement déséquilibrés, d’une difficulté absurde et injuste dans leur début à un court-circuitage pur et simple de leur gameplay dans leur seconde moitié.
Et ce n’est pas le game feel qui rattrapera cette structure inexplicable : le titre est autant cassé dans sa formule que dans son gameplay. Cela dit, il s’agit au moins de détails faciles à régler. On parle ici d’une absence d’ombre sous notre personnage qui rend toute phase de plateforme terriblement imprécise, on parle de l’impossibilité de s’accrocher à un rebord, de chutes de pratiquement dix secondes dans le vide avant la mort, de checkpoints placés n’importe comment, d’énigmes à refaire si l’on meurt, accompagnées des mêmes micro-cinématiques d’introduction impossibles à passer et autres bugs de collision.
Recompile a été testé sur PC via un clé fournie par l’éditeur. Il est également disponible sur PlayStation 5 et Xbox Series.
J’avoue m’en vouloir de tailler à ce point un short à un jeu indé, issu d’un si petit studio. Mais s’il n’est pas dépourvu de quelques qualités – une OST plutôt chouette bien que jamais à propos, une esthétique intéressante, des déplacements dynamiques, de bonnes idées de boss – , sa structure est profondément cassée, et son confort de jeu désastreux. Et si le second aspect est récupérable, c’est, je le crains, trop tard pour le premier.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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