Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali a exploré comme il a pu les fonds marins extraterrestres d’Aquamarine et Murray vient nous parler d’échecs. Non, il ne s’agit pas de la politique française mais de Chessformer.
Aquamarine
En partie financé via un Kickstarter et initialement prévu pour fin 2020, Aquamarine est un jeu de survie « paisible » dans un océan extraterrestre développé par le collectif artistique Moebial. Le projet a finalement annoncé sa date de sortie il y a quelques jours, nous conduisant à l’examiner sur un temps assez court, et dans une copie presse qui fonctionnait initialement assez mal. Des problèmes qui semblent néanmoins avoir été réglés à la sortie du titre, le 20 janvier, des patchs ayant stabilisé le jeu. Des bugs subsistent, mais le jeu est désormais vendu dans un état largement jouable.
Interface à la mer, j’aurais pu mourir
Aquamarine repose sur une idée assez simple. Vous explorez une planète extraterrestre couverte d’eau à bord d’un petit module sous-marin, et vous devez faire les trucs habituels de ce genre de jeu : explorer, récolter, crafter, améliorer, recommencer. Le tout avec un parti pris beaucoup plus tranquille et lent que dans la plupart des jeux du genre. On est ici au tour par tour, on récolte des ressources fournies en quantités plutôt généreuses et les périls sont modérés, avec la possibilité de les réduire encore via des options de difficulté. On développe son camp de base, on y crée la vie, le tout avec un rythme doux, qui revendique son esthétisme et sa volonté de vous plonger dans un état de détente méditative.
Si on apprécie l’ambiance générale du jeu, douce, mystérieuse et calme, on se heurte cependant trop vite à la principale limitation du titre, à savoir un espace de jeu représenté sous forme de grille 3D isométrique sur plusieurs niveaux de profondeur qui s’avère souvent assez illisible, et une interface particulièrement mal pensée, avec beaucoup d’icônes, de sous-menus et de sous-interfaces qui auraient largement pu tenir sur un seul panneau de commande bien plus clair. On passe trop de temps à cliquer partout en recherche de telle ou telle compétence du sous-marin ou à revenir en arrière faute d’avoir visé le bon hexagone, et autant dire qu’au bout de quelques heures, on est plus si détendu que cela.
Aqua bon ?
Aquamarine a quelque chose de paradoxal : on y est jamais pressé, on y est rarement en danger, on est entouré d’un univers doux aux couleurs assez chaudes, et pourtant on y est jamais vraiment tranquille. Il me semble que le jeu souffre d’un problème de dissonance entre son ambiance de BD franco-belge de science-fiction contemplative et la raideur fastidieuse de ses principales mécaniques de jeu. Tout ce que l’on y fait manque un peu de subtilité et de fluidité, entre autres parce qu’Aquamarine propose au final des explorations assez courtes hachées par des allers et retours constants à l’île de départ. On a moins l’impression d’explorer et de découvrir que de travailler à des tâches répétitives qui ne laissent aucun mystère sur la nature tristement vidéoludique de cette expérience de découverte extraterrestre.
Autre problème qui contrevient un peu à cette ambiance qui se revendique douce et tranquille : vous avez une seule partie par copie du jeu, si vous recommencez, vous recommencez depuis le début, un peu à la façon d’un mode « Iron Man » dans un jeu de stratégie. Si une partie s’avère trop mal engagée, on est donc contraint de recommencer le jeu depuis le début, les premières heures n’étant pas les plus palpitantes (il faut attendre d’avoir débloqué plusieurs améliorations sur le vaisseau pour s’amuser un peu). Alors certes, au bout d’un temps, on trouve un rythme de croisière et on automatise certaines tâches, et on peut davantage se concentrer sur l’exploration et la découverte. Mais c’est au prix de beaucoup de tâtonnements un peu fastidieux.
Aquamarine a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Encourageant et original malgré une interface pénible, Aquamarine réussit à planter un décor et une ambiance assez insolite, voire marginale dans le domaine chargé des jeux de survie. On regrettera cependant que l’aventure, vendue comme relaxante, ne le soit pas tant que ça, entre les petits bugs persistants ici ou là et le rythme en dents de scie. On espère que les prochains patchs amélioreront cette expérience imparfaite mais agréable.
Chessformer
J’adore les jeux vidéo (oui bon écoutez, mon introduction c’était soit ça, soit « de tout temps l’homme… »). Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier énormément les jeux plus classiques comme les échecs. Mais ce n’est pas tant la victoire que j’aime, même si je ne crache jamais dessus, c’est plus le beau coup, celui qui vous fait dire « J’ai perdu le match, d’accord, mais ce moment où j’ai coincé sa reine, je m’en souviendrai ». Autant vous dire que Chessformer était fait pour moi.
Je ne dirais pas que ce sont des échecs, je dirais que ça a bien marché
Dans Chessformer, de l’indépendant Robert Alvarez, spécialiste des petits jeux de réflexion avec peu de moyens, le but du jeu n’est pas de faire une partie entière d’échecs mais de simplement réussir à prendre la seule pièce qui n’est pas la vôtre sur l’échiquier, à savoir le roi adverse. Pour vous faciliter les choses, et contrairement au récent Chessplosion qui demandait parfois de bons réflexes, ce roi ne bouge pas, attendant bien sagement que vous veniez le déloger.
Manque de bol, l’échiquier n’est pas posé, comme classiquement, à l’horizontale sur une table mais plutôt à la verticale, vos différentes pièces (pion, tour, cavalier, fou, reine et roi) subissant les effets de la gravité. À vous de comprendre, en utilisant les méthodes de déplacement habituelles des pièces ainsi que les quelques plateformes posées sur l’échiquier, comment rejoindre ce fameux roi adverse.
Chessformer est… disons sobre pour être gentil. Un seul type d’échiquier, aucune personnalisation des pièces et une seule musique (heureusement pas prise de tête pendant que l’on réfléchit sur la bonne stratégie à prendre). Robert Alvarez est là pour vous faire réfléchir, c’est tout, et il le fait bien.
Les niveaux sont variés, ont une difficulté croissante sans pour autant vous maltraiter comme avait pu le faire un Baba is You, et ils rajoutent des mécaniques intéressantes, comme le fait de devoir choisir dans les derniers niveaux les pièces avec lesquelles on va pouvoir jouer (protip : une armée de reines pouvant aller quasiment n’importe où n’est pas forcément la meilleure solution).
Le concept est attrayant, les niveaux sont réussis, y a-t-il quelque chose à reprocher à ce Chessformer à part son style « sobre » ? Sans nul doute le fait qu’il ressemble à un bel apéritif sans plat de résistance qui suivrait. 48 niveaux c’est peu (comptez 1h30 pour tout finir, un peu plus ou moins en fonction de la taille de votre gros cerveau), surtout quand les mécaniques arrivant sur la fin laissent à imaginer des tableaux beaucoup plus complexes et retors. Ceci étant dit, il est à moins de 4 euros et ils ne sont pas volés pour autant.
Chessformer a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Chessformer réussit ses objectifs, on ne pourra clairement pas le lui reprocher. Il permet de passer de bons moments à réfléchir et certains niveaux donnent même la petite décharge d’adrénaline propre à la résolution de problèmes complexes. En revanche, il risque de laisser à beaucoup de joueurs un léger goût d’inachevé tant il est bref, alors que l’on reprendrait bien une bonne platée de niveaux supplémentaires.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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