Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali vous parle du Tetris Like à grappin Treasure Stack sorti récemment sur Switch et PC et Murray de Baba is You, un puzzle game inventif et corsé trouvable lui aussi sur PC… et sur Switch !
Treasure Stack
Entre l’étrange et psychédélique Tetris Effect sorti en fin d’année dernière et l’annonce surprise au succès fracassant du Battle Royale Tetris 99 lors du dernier Nintendo Direct, auxquels s’ajoutent de nombreux Tetris-like sortis ces dernières années (Beat Blocks, Tetraminos…), pas de doute : on a beau servir au public des pelletées de TPS en arène avec lootboxes et d’aventures narratives de cowboy en 150 heures, ce qu’il veut au fond de lui, le public, c’est jouer à Tetris. Eh bien Treasure Stack, croyez-le ou non, c’est Tetris avec un grappin.
Une clé, un coffre, un grappin.
J’imagine qu’à moins que vous ne vous soyez vraiment égarés, vous voyez bien en quoi consiste Tetris : dans un espace confiné, il y a des trucs qui tombent en continu. Si vous faites une ligne de trucs, la ligne disparaît et vous survivez. Si le tableau est rempli, vous perdez. Cette règle ultra-efficace au succès invariable depuis plus de trente ans a connu nombre de variations, comme Puyo Puyo qui consiste à agglutiner des blocs de même couleur ou Docteur Mario qui consiste à envoyer une case de couleur spéciale sur des cases infectées par cette couleur pour les éliminer. Treasure Stack est un mélange assez simple de tout cela : des coffres de couleur tombent du ciel, des clés de couleur tombent du ciel, et vous contrôlez un petit bonhomme qui doit déplacer les clés vers les coffres en question pour les ouvrir et les faire disparaître. De temps en temps, un objet spécial vous permet de faire disparaître d’un coup une ligne et une colonne. Et vous pouvez accélérer la chute des coffres avec un grappin. Pas plus complexe que ces mécaniques assimilables en deux minutes montre en main, tel est Treasure Stack.
Si Treasure Stack est résolument orienté multi, et plus particulièrement multi local (jusqu’à 4 sur un même écran), le jeu propose un gameplay solo qui n’a pas été mis de côté, avec des dizaines de personnages et de grappins différents à débloquer pour frimer devant vos amis. Une bonne façon d’apprendre à dompter les quelques subtilités du jeu, qui nécessitent de reconfigurer un peu ses habitudes cérébrales : la plupart des jeux à la Tetris vous font contrôler la chute des différents éléments, or là, vous contrôlez un personnage chargé de réaménager le terrain après leur chute, avec une capacité de saut, d’escalade et d’utilisation d’items. Une approche astucieuse mais pas moins stratégique qui aurait été une véritable bonne idée si seulement les développeurs chez Pixelakes avaient rendu une meilleure copie concernant l’accessibilité et la jouabilité de leur titre.
Interdit aux maladroits et aux daltoniens
Davantage que bien des puzzle-games, Treasure Stack avec sa mini dimension platformer nécessite une certaine dextérité. Il y a davantage de commandes à retenir que dans un Tetris classique : sauter, soulever, utiliser, basculer au-dessus ou en dessous d’un tas de coffres. Petite déception : le personnage que l’on contrôle n’est pas très maniable, les sauts ne sont pas très précis, et on passe trop de temps à rager parce qu’on a attrapé deux coffres au lieu d’un ou qu’on s’est accidentellement enfoui sous une pile de fatras au lieu de faire un simple saut. Ce type de jeu nécessite de pouvoir se placer dans un certain état de concentration, la fameuse « Zone », et être interrompu en permanence par ces petites lourdeurs dans les commandes ne facilite guère l’immersion.
Plus gênant encore, bien que très fréquent dans ce type de jeu (Puyo Puyo, je te hais) : le fait que les différentes couleurs de coffres ne soient pas doublées d’un symbole graphique rend le jeu assez difficile d’accès aux daltoniens, dont je suis (ainsi que 8% des hommes et 1% des femmes, vous me pardonnerez ce moment « le saviez-vous »). Si de plus en plus de jeux font cet effort d’accessibilité face à un handicap certes mineur mais assez répandu, force est de constater que Treasure Stack ne le fait pas, et me condamne après plusieurs heures de jeu à lancer des clés bleues sur des coffres violets. C’est ballot, parce qu’à part ça, c’est chouette, Treasure Stack.
Treasure Stack a été testé sur Switch via une clé fournie par l’éditeur.
En changeant un peu le prisme habituel des Tetris-like, Treasure Stack multiplie les petites idées amusantes, et s’avère très plaisant à jouer en multi, sans négliger un contenu solo cosmétique, mais riche. Dommage que le jeu n’ait pas un gameplay plus solide et qu’on peste parfois face à des commandes peu instinctives.
Baba Is You
J’ai toujours aimé les jeux de réflexion : puzzles, Point & Click, Picross… c’est ma drogue. Aussi, quand j’ai intégré l’équipe de TPP, j’ai eu hâte de pouvoir mettre les mains sur ce genre de jeux pour en dire tout le bien que j’en pensais. Et puis la joie a été remplacée par la peur de ne pas réussir à les finir. Si Nairi : Tower of Shirin m’a confronté à cette situation, mais seulement parce qu’il était bugué, Baba Is You, lui, m’a juste piétiné sans même baisser les yeux.
Du Sokoban avec du code
Allons à l’essentiel (après tout nous sommes dans une partie rapide) : il n’y a pas d’histoire dans Baba Is You. Ce petit jeu indépendant développé par Arvi Teikari, un jeune Finlandais à l’imagination fertile, est avant tout le résultat d’une Game Jam danoise de 2017 (remportée par ce dernier par ailleurs). Le principe est simple : emmener votre personnage (le plus souvent Baba, une sorte de petit chat) d’un point A à un point B (le plus souvent un drapeau) en franchissant les obstacles sur sa route. Ah… j’oubliais toute la subtilité du jeu, vous allez pouvoir modifier les règles de chaque niveau puisque ces dernières apparaissent sous forme de blocs à déplacer.
Prenons un exemple : vous incarnez Baba (Baba Is You) et vous devez atteindre le drapeau (Flag Is Win) qui se trouve de l’autre côté de la rivière alors que vous ne savez pas nager (Water Is Sink). Et si vous faisiez disparaitre l’eau (Water Is Nothing) ? Et si vous transformiez l’eau en vous (Water is Baba) ? Mieux encore, et si vous deveniez le caillou de l’autre côté de la rivière qui lui peut toucher le drapeau (Rock Is You) ? Bon en fait la solution était toute simple, il suffisait de dire que ce n’était pas le drapeau qui vous faisait gagner, mais le mur à côté de vous (Wall Is Win).
C’est là toute la magie de Baba Is You, qui m’a rappelé le méconnu « Catrap » de mon enfance sur GameBoy, et qui n’a pas grand chose d’autre pour lui : il n’est pas très beau (comme vous pouvez le voir), sa musique est très anecdotique (même si elle a le mérite de ne pas taper sur les nerfs) et comme expliqué plus tôt, il n’y a pas d’histoire. Il y a bien une sorte de world map (ou plutôt une island map) où vous allez pouvoir voyager de niveaux en niveaux, eux-mêmes constitués d’une grosse dizaine de puzzles à réussir pour débloquer le niveau suivant. Mais bon, ce n’est pas vraiment ce que l’on demande à un puzzle game en général, on veut surtout qu’il soit inventif et qu’il ne vous donne pas l’impression d’avoir le QI d’un bulot avarié.
Baba is hard, You are cry
Continuons d’aller à l’essentiel : j’ai passé plus de temps à réfléchir sans toucher à ma manette qu’à jouer. Et ce n’est pas le jeu qui est mal fini (bon, j’avoue avoir insulté une partie de sa famille et laissé sous-entendre qu’il devrait consulter un généticien) mais bordel qu’il est dur. Le pire est qu’il n’est pas injustement difficile. Même s’il est exclusivement en anglais, on est sur un langage très basique que quiconque peut comprendre ne serait-ce qu’en testant les différentes possibilités du jeu. En réalité, Baba Is You est plutôt ce maître en arts martiaux qui a tout compris de la vie et que vous ne pouvez que respecter en espérant apprendre de lui (et secrètement un jour le prendre en traitre).
J’expliquais précédemment que chaque niveau contient une grosse dizaine de puzzles. Il faut savoir qu’il suffit d’en réussir une moitié pour pouvoir débloquer le niveau suivant. Eh bien même avec ça, je suis resté bloqué un (très) long moment. Et la difficulté ne fait qu’augmenter bien sûr, chaque niveau rajoutant sa propre mécanique avec de nouvelles possibilités (nouveaux objets, interactions différentes, etc). Le jeu va même plus loin puisqu’il propose la possibilité de refaire certains niveaux avec une difficulté accrue (c’est fou comme le fait de changer un seul p*** d’élément peut bloquer complètement votre stratégie). On regrettera du coup l’absence d’une option « indice » permettant d’avoir le premier mouvement à effectuer au bout d’un certain temps de blocage.
Baba Is You a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Si vous réussissez facilement tous les puzzles du jour, merci de ne pas m’écraser avec votre insolence, le jeu le fait très bien tout seul.
Baba Is You est un très bon puzzle game qui n’aura aucune pitié envers vous. Si vous êtes courageux et patient, vous ne verrez pas passer les heures en tentant de résoudre les plus de 200 puzzles qui le composent. Si vous ne voulez pas vous prendre la tête par contre, fuyez (You Is Run).
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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