Cette année a été assez contrastée pour moi niveau jeux vidéo indépendants testés sur le site. Il y en a eu de très bons, comme Night Call, des déceptions comme Sunless Skies et Crying Suns, et des cas particuliers, comme Eastshade dont je me rappelle avec tendresse, mais dont les bugs étaient tellement importants qu’ils ont totalement gâché mon expérience de jeu. Et puis mi-septembre, Mutazione de Die Gute Fabrik, demandé un peu par hasard lorsque Zali nous a fait sa fameuse liste de sorties du mois.
J’ai déjà eu l’occasion de parler de Mutazione, je vais donc faire un résumé très rapide : on y incarne une adolescente, Kai, qui retourne sur l’île où a grandi sa mère pour y rencontrer son grand-père mourrant. Elle trouve là-bas une communauté, isolée du reste du monde pour cause de mutations, mais aussi de peur du monde extérieure. Mais elle y trouve surtout des gens blessés, qui n’ont jamais eu la possibilité de guérir en restant entre eux, tant l’omerta sur leur passé est forte. C’est l’arrivée de l’oreille extérieure de Kai qui va permettre à cette île de revivre et d’aller vers l’acceptation plutôt que le ressentiment.
La première chose qui se remarque immédiatement dans Mutazione, ce sont les graphismes. Que l’on aime ou pas le style (j’aime beaucoup personnellement), on ne peut pas nier une certaine maîtrise dans le choix des couleurs, dans la représentation des gigantesques plantes mutantes, mais aussi dans la représentation d’éléments qui nous sont familiers dans la vraie vie, comme un centre commercial, mais qui deviennent déplacés, étrangers, même dérangeants dans leur version détruite post-apocalyptique, où la nature a repris ses droits. Mais évidemment, ce qui fait qu’aujourd’hui, je me rappelle avec amour de ce titre, c’est sa narration. Généralement, il y a souvent un problème de rythme dans les jeux qui se déroulent seulement sur quelques jours. Soit les personnages se confient trop vite de façon peu naturelle, soit ils le font trop tard et un bloc d’informations est lâché sur le joueur. Ici, tout semble logique : si au début, les habitants sont globalement accueillants, ils restent quand même assez superficiels dans leurs interactions avec Kai.
Puis, ils voient le bien que la présence de Kai fait à son grand-père, ils la voient aider la communauté, refleurir les jardins de chacun, chargés d’émotion et de souvenirs, et ils s’ouvrent, progressivement, difficilement, mais nécessairement. Toutes les histoires sont intéressantes et importantes, de la tragédie familiale au crush entre deux adultes qui s’apprécient tous les deux sans arriver à se le dire. On s’installe de plus en plus dans une routine où l’on va saluer chaque personne le matin, voir ce qu’ils font, ce qu’il y a à manger au restaurant du village. On s’attache à ces personnages et on se surprend à avoir hâte de participer à leurs événements communautaires, le barbecue du soir, le concert du groupe de rock du village. Mais malheureusement, tout a une fin et quand on finit par quitter Mutazione, c’est le cœur lourd, mais satisfait d’avoir fait partie quelque temps d’une communauté et d’avoir réussi à la rendre meilleure juste en écoutant. Je ne peux donc que vous conseiller de faire le voyage à votre tour.
Fanny Dufour
Rédactrice le jour et rédactrice en chef la nuit. J'aime qu'on me raconte des histoires, mais seulement dans les jeux.
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