Si je devais vous raconter un peu ma vie, ce que je fais dans au moins la moitié des articles que j’écris pour The Pixel Post, il faudrait que je vous raconte comment chaque matin, pour les besoins de la base de données du site, j’épluche avec patience et consternation toutes les annonces de jeux de la veille (oui y compris ces dix pages quotidiennes de shovelware déversées sur Steam comme des ordures comprimées dans une décharge publique). Dans le torrent infini des jeux annoncés, une fois retirés ceux qui ne sortiront jamais, ceux qui n’ont aucun intérêt et ceux qui changent de genre en cours de développement pour devenir des battle royale metroidvania procéduraux, il reste quelques dizaines de petites pépites méconnues dont je suis le développement avec une attention toujours aiguisée. C’est de quelques-uns de ces modestes petits projets obscurs, tous annoncés entre la fin de cette année et la fin des temps, dont j’entends vous parler aujourd’hui.
Arcadian Atlas, le tactical RPG rétro à l’ancienne
C’est via Kickstarter que Becca et Taylor Blair ont fait financer leur projet consistant à recréer un Tactical RPG japonais à l’ancienne, façon Final Fantasy Tactics ou Vandal Hearts. 100 000$ et quelques années de développement plus tard, force est de constater que le boulot abattu par les deux développeurs au sein du studio Twin Otters tient en respect. Aucune date pour le moment bien que le jeu soit en gestation depuis quatre ans. Mais les nouvelles sont rassurantes : le studio, très actif, communique régulièrement sur le développement du titre.
El Hijo, jeu d’infiltration prometteur
« El Hijo est un western-spaghetti d’infiltration dans lequel vous aidez un enfant de six ans à retrouver sa maman ». Le genre du pur jeu d’infiltration reste à mon goût trop peu exploité par la scène indé. El Hijo ne promet rien d’autre : une ballade en 3D isométrique dans une Amérique fantasmée du 19è siècle où vous n’avez pour seule arme que votre astuce et votre discrétion. Les premières images de ce El Hijo dont on a encore vu assez peu de choses sont assez belles, et les promesses du jeu me parlent tout particulièrement (davantage que l’annonce de Desperados III, pour tout vous avouer).
Sword of Calengal, Secret of Mana à l’Italienne
Les noms qui viennent immédiatement en tête face à Sword of Calengal ne parleront qu’aux trentenaires : Secret of Mana, Ys ou encore Terranigma. En reprenant les codes du jeu d’action à l’ancienne, les développeurs italiens de Sword of Calengal ont une cible clairement nostalgique dont je ne suis pas en principe très friand. Mais force est de constater que ce qui a été montré jusque là est très propre et très prometteur. Le jeu est encore bien loin d’être prêt, mais comptez sur nous pour vous tenir au courant de son avancée.
Love Esquire, RPG de drague humoristique au fond, pourquoi pas ?
On parle assez peu de jeu vidéo philippin (je pense que vous en conviendrez). Ça ne m’a pas empêché de vous gonfler assez souvent avec The Letter, un excellent Visual Novel horrifique, particulièrement roublard et bien écrit, sorti l’année dernière par le jeune studio Yangyang Mobile. C’est dans une ambiance plus légère que s’annonce Love Esquire, qui va commencer sa campagne kickstarter dans quelques jours, mais dont le développement est déjà bien avancé. RPG et jeu de drague érotique et humoristique pastichant les codes du genre pour en faire un peu n’importe quoi comme l’avait fait The Letter avec le genre horrifique, Love Esquire sera à n’en pas douter l’un des jeux à suivre de ces prochains mois, ne serait-ce que parce que le précédent jeu de Yangyang avait un niveau d’écriture inhabituellement élevé, et revendiquait fièrement la grande qualité de son scénario. A raison.
Backbone, une enquête sombre et bestiale
Vous avez trouvé Zootopia un peu neuneu ? L’adaptation à venir de Blacksad vous hérisse le poil ? Rien n’est perdu, vous pouvez toujours tenter de vous rabattre sur Backbone, annoncé par le jeune studio EggNut pour 2019. Ambiance pluvieuse, longs impairs, corruption dans une Vancover perdue et habitée par des animaux anthropomorphes : que demander de plus ? Des promesses de scénario très immersif et d’une direction artistique en pixel art particulièrement soignée. Le jeu d’aventure rétro traverse décidément un âge d’or : on ne va pas s’en plaindre.
Tiny Thor, platformer façon Amiga
Nettement moins intelligent, mais tout aussi rétro : voici Tiny Thor, annoncé pour la fin de cette année (après avoir été repoussé et sans avoir donné de nouvelles depuis avril, donc je ne miserai pas mon salaire sur une sortie en 2018). Développé à la suite d’une Ludum dare qui a mal tournée, l’idée de ce projet est de faire retrouver les sensations (y compris sonore) des platformers PC du début des années 90, au point d’avoir ramené Chris Hülsbeck (Turrican) pour la bande son. Une philosophie un peu différente de l’approche Super Nintendo/Megadrive, qui donne une patte un peu différente qui rappellera peut-être à certains le bon vieux temps du MS-DOS.
Incredible Mandy, entre Shadow of the Colossus et Zelda
Vous savez quoi ? Pour celui-ci, je vais me contenter de vous mettre le trailer qui est bien assez parlant comme ça, et de vous signaler qu’à la surprise générale car ça n’arrive jamais dans le monde des jeux indés, le jeu sera vraisemblablement livré à la fin de l’année, comme prévu. Comme quoi tout arrive.
The Treehouse Man, pixels nordiques au milieu du Styx.
Vous connaissez ce cliché ridicule comme quoi le jeu indé, ça serait essentiellement des développeurs finlandais qui créeraient des jeux en noir et blanc avec des gimmick de plateforme hardcore et une ambiance onirique bizarre façon Tim Burton en pixel art avec des éléments de rogue-lite et une musique déprimante ? Bon, c’est globalement faux, mais ça n’empêchera pas The Treehouse Man de sortir prochainement, en nous proposant une ballade en bateau entre la vie et la mort, so edgy (je suis totalement client).
Nykra, aventure contemplative et psychédélique
Vous savez ce que j’aime en 2018, du moins que j’aime davantage que la perspective de la fonte du permafrost qui va tous nous tuer beaucoup plus tôt que prévu par les pires scénarios climatiques ? C’est le retour de la SF psychédélique contemplative des années 70. Stalker, Moëbius, Druillet, Jodorowsky… Une pelletée de titres récents ou à venir empruntent à cette ambiance fluorescente pleine de clavier et de métaphysique chimiquement assistée. Et parmi ceux-là, le Nykra du studio ENDESGA me parle tout particulièrement avec ses histoires de portails dimensionnels, de littérature extraterrestre et de civilisation méca-organiques disparues depuis des millénaires. Et c’est joli. Il ne manque qu’une date de sortie autre qu’un vague « 2018 » annoncé depuis trop longtemps pour que ce soit vrai, et tout le monde sera content.
Forsaken Castle, Castlevania mais avec une guerrière kawaii.
Symphony of The Night, plus ou moins, mais avec un personnage féminin pour taper les monstres. J’aimerais avoir davantage de choses à dire sur ce jeu qui a explosé son kickstarter en récoltant quatre fois la somme demandée au départ, mais ses créateurs Californiens ne semblent avoir aucune autre ambition : un Metroidvania des plus classiques, mais mignon et bien fichu. Pourquoi pas, après tout ? Prévu pour « octobre 2017 », le jeu est moins mort qu’il en a l’air, avec une communauté très active et des devs très prompts à communiquer sur l’avancée des travaux.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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