Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift s'est endormi devant le VN/tactical d'enquête Process of Elimination, et s'est réveillé devant l'early access de Ravenswatch, le nouveau roguelite d'action de Passtech Games.
Process of Elimination
Attention, l’article ci-dessous contient de légers spoilers.
C’est, je crois, la première fois que ça m’arrive sobre et en pleine journée : je me suis endormi devant un jeu vidéo. Et bien endormi hein, on est parti sur de la bonne sieste dans le canapé en plein après-midi, alors que je suivais assidument le 12 000ᵉ dialogue de l’intrigue. Je vous vois venir : oui, j'aime les VN, oui, je suis un habitué de la diarrhée verbale, des kilomètres de texte et du minimum syndical de l’interaction. Même face aux très verbeux Persona 5, The Letter, Paranormasight ou Ace Attorney, je peux rester des heures devant le PC ou la Switch sans sourciller et sans voir le temps passer. Mais pas là. J’ai désespérément tenté de m’accrocher, mais, comme une partie de son cast, Process of Elimination m’a abandonné en chemin.
Danganrompiche
Nous commencerons par évacuer l’éléphant dans la pièce : oui, c’est Danganronpa, c’est abusé à quel point c’est Danganronpa. Un dangereux tueur en série nommé The Quartering Duke sème la terreur en kidnappant des gens deux par deux, puis en faisant voter le public pour la personne à assassiner en direct. Pour le contrer, la fameuse Detective Alliance est sur le coup, agence dont les détectives sont classé·e·s selon leur rang, et dont le nom de code correspond à leur particularité. Armor Detective est en armure, Doleful attire les ennuis, Gourmet est experte en bouffe, Posh est une aristo, Senior est… un vieux, etc. Tous sauf notre personnage, qui, comme dans Danganronpa, est le seul à n’avoir aucune particularité et se retrouve catapulté dans l’équipe sans qu’il sache trop pourquoi et hérite du nom de code Incompetent Agent. Tout ce beau monde se retrouve isolé sur une île, dans un manoir, jusqu’à la découverte du cadavre de l’un d’entre eux, ce qui va faire monter la paranoïa et forcer à enquêter pour trouver le ou les traitres. Comme. Dans. Danganronpa.
Bon, soyons complètement honnêtes, ces similarités sont particulièrement remarquables sur les deux premiers chapitres – un bon tiers de l’aventure, donc – avant de prendre une tout autre direction sur la suite en termes de structure – mais malheureusement pas en termes de personnages. Et surtout, Process of Elimination a quand même sa propre particularité, celle qui m’a d’ailleurs attiré à la base : sa façon de concevoir les enquêtes. Car là où un Danganronpa ou Ace Attorney présentent l’affaire sous forme de point&click pour la découverte d’indices, les équipes de NIS ont proposé une formule assez rafraichissante et assez raccord avec le propos, en les faisant se dérouler dans des séquences de tactical.
Une partie de la philosophie de la Detective Alliance, c’est que chacun·e de ses membres dispose de points forts et de points faibles, et que le meilleur de chacun·e ne pourra être obtenu qu’en travaillant en équipe. Chaque détective possède donc sa liste de stats, sur ses capacités de recherche, d’analyse, d’assistance, et il s’agira, en un nombre de tours limité, d’en tirer le maximum pour collecter les indices, les analyser et débloquer des arguments à sortir pour la phase post-enquête. Des séquences assez simples au début, mais qui finissent par se diversifier et proposer des variations franchement intéressantes : personnage qui poursuit nos détectives pendant l’enquête, labyrinthe à traverser, pièges à désactiver.
Le problème, c’est que ces phases, aussi bien fichues soient-elles, sont bien, bien trop rares. Avant d’atteindre la séquence d’enquête d’un chapitre, il faut d’abord s’enquiller des heures de dialogues, pour enfin avoir la main sur le jeu 20/30 min, avant que la post-enquête ne se mette à expliquer quasiment tous les détails à notre place, ne nous demandant que de partielles précisions pour s’assurer que l’on avait compris – avec parfois d’inexplicables pics de difficulté. Un aspect qui m’aurait peut-être moins gêné si la partie VN n’était pas aussi terriblement inintéressante. Si le scénario reste convenu et que les twists se repèrent à des kilomètres, il aurait pu être relativement plaisant à suivre, si chaque péripétie n’avait été horriblement diluée dans des dizaines et dizaines de dialogues et interactions inutiles, atténuant la portée de chaque rebondissement et l’impact émotionnel de chaque mort.
Process of Elimination a été testé sur PlayStation 4. Il est également disponible sur Nintendo Switch.
La mécanique derrière Process of Elimination est maline et originale, et colle parfaitement au propos déroulé par son intrigue. Quel dommage que son scénario, au lieu d’aller à l’essentiel et d’enchainer les péripéties et les séquences d’enquête, sabote le tout en nous dégueulant des kilomètres de texte insipide, porté par des personnages caricaturaux au chara design discutable.
Ravenswatch
Le format de l’early access m’a créé un nouveau type de dilemme - comme si je n’en avais pas assez - : est-ce que je joue maintenant ou à la sortie définitive ? La question se pose pour le Hades 2 de Supergiant, censé débarquer courant 2023, et se posait pour le très sympathique Ravenswatch, nouveau roguelite d’action signé Passtech Games (Curse of the Dead Gods). Et, si j’ai passé un bon moment sur ce début d’early, je n’ai toujours pas de réponse à ma question.
Conte à rebours
Je n’ai aucun doute quant à la qualité du titre à sa sortie d’accès anticipé, et ce pour deux raisons. La première, c’est que l’early access de Curse of the Dead Gods avait été menée de la même manière (en sortant les chapitres et le contenu au fur et à mesure), avec le succès qu’on lui connait, la seconde étant que le gameplay, l’esthétique et la structure de jeu de Ravenswatch sont déjà extrêmement solides. Ma question, en revanche, concerne l’intérêt d’y jouer maintenant, alors que seulement un chapitre est disponible et qu’un paquet de pouvoirs, monstres, évènements et personnages sont à prévoir d’ici sa sortie en V1.0.
Que l’on s’entende : il y a déjà de quoi s’amuser, seul·e comme en coop. Aux quatre personnages déjà jouables s’ajoutent deux autres à débloquer, tester les capacités et particularités de chacun d’entre eux occupera déjà quelques heures, et l’aspect roguelite, dont le concept est en plus assez original, est évidemment propice à la rejouabilité.
Ce fameux concept, c’est que chaque chapitre contient un Maître-Cauchemar, qui fait office de boss de fin de zone, et que ce boss se réveille au bout d’un temps imparti. Chaque zone est donc un compte à rebours, durant lequel il faudra faire les bons choix. Remplir des quêtes annexes, affaiblir le boss, farmer des niveaux et objets magiques : toutes ces tâches sont indispensables à la réussite du chapitre, mais il sera impossible de toutes les accomplir avant l’arrivée du boss, qui nous téléporte instantanément dans son arène une fois le temps écoulé.
Un facteur temps ajouté au déjà très bon équilibre risque-récompense que proposait Curse of the Dead Gods, et qui influence également la façon de jouer ses personnages. En effet, le chapitre est découpé en un cycle jour/nuit, et ces différentes phases vont influer sur les compétences et caractéristiques de certains héros – le petit chaperon rouge se transforme en loup-garou la nuit, les pouvoirs de givre de la reine des neiges changent selon l’heure – ainsi que sur le comportement des monstres rencontrés.
La seule crainte, pour le moment, est inhérente à son gameplay très typé hack’n’slash/MOBA et concerne le mode solo. Certains personnages fonctionnent bien mieux en tant que supports - Aladdin et son soin, par exemple - et dévoilent toute leur pertinence en coopération, quand leurs pouvoirs et attaques s’avèrent assez limités dans une partie solo. Rien de bien grave : les personnages qui fonctionnent bien en solo fonctionnent TRÈS bien (le joueur de flûte dans mes veines), d’autres encore arrivent, et Passtech Games a tout le temps pour en patcher certains.
Ravenswatch a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il sortira également sur Switch, PS4, PS5 et consoles Xbox en version définitive.
Ravenswatch est encore très early en termes de contenu, ce qui pourra frustrer les plus impatient·e·s d’entre nous. Pour les autres, le titre de Passtech Games a déjà tout de l’excellent roguelite d’action en coopération et promet de très belles parties à sa sortie en V1.0. Ses chapitres chronométrés, son cycle jour/nuit, son esthétique de contes revisités et ses personnages variés sont autant de bonnes raisons de surveiller son développement, dont la roadmap ne laisse présager que du bon.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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