Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali a sauvegardé des écosystèmes hexagonaux dans le puzzle game Preserve, et Veltar s'est mué en berger des airs dans l'apaisant FLOCK.
Preserve
En accès anticipé depuis quelques jours, Preserve est le nouveau jeu du studio slovaque Bitmap Galaxy. Axé sur une représentation simple (voire simpliste) de la préservation des écosystèmes, il propose une expérience axée sur la réflexion et la relaxation. En réalité, on est effectivement ici plus proche d'une version élaborée du solitaire que d'un cours d'écologie.
T'as beau pas être biome
Je préfère commencer par dire, avant de faire le schtroumpf grognon, que je pense que Preserve est un puzzle game plutôt prometteur. Le titre part d'une idée simple : poser des cartes pour transformer progressivement des terrains en espaces viables pour des espèces animales, puis ajouter des cartes de bestioles correspondantes. Plus vous terraformez, plus vous marquez de points, et plus vous pouvez étendre votre terrain de jeu et tirer de nouvelles cartes, et donc ajouter de nouvelles plantes et de nouvelles bestioles. Il y a un système très basique, mais diablement efficace, de points permettant de progresser : mettre davantage d'espèces dans une même zone multiplie vos points, adjoindre des lacs à côté de cases habitées augmente la valeur des tuiles, etc. On comprend tout en quelques minutes, c'est très satisfaisant. Et les objectifs sont toujours très clairs : marquer un certain nombre de points, résoudre un puzzle avec un minimum de cartes, etc.
Tout juste pourrai-je reprocher un début d'accès anticipé un tout petit peu vide, dont on fait le tour en quelques heures. Quatre biomes à explorer (climat tempéré, savane, fonds océaniques et caraïbes) avec leurs variations de règles, un petit mode puzzle, un bac à sable et basta. Mais dans l'ensemble, on détecte tout à fait le gros potentiel derrière le système. Et puis, c'est effectivement très joli et plutôt cosy, avec une difficulté très graduelle. De plus, Preserve est proposé pour une dizaine d'euros seulement, ce qui est en pleine cohérence avec son contenu actuel.
Mes réelles réserves tiennent plutôt à une déformation professionnelle : bien que n'étant pas moi-même écologue, je travaille depuis trois ans pour un laboratoire d'écologie théorique au sein duquel je fais, entre autres choses, de la vulgarisation sur la question. Et il s'avère que Preserve est un exemple d'assez mauvaise représentation des questions de biodiversité. Bitmap Galaxy parle "d'écosystème vibrant" et de "création de symbiose parfaite", mais ce que montre le jeu ne ressemble pas vraiment à la création d'un écosystème, même vulgarisé au maximum. On est plutôt dans l'aménagement du territoire d'un espace déjà artificialisé.
Preserve prend en compte extrêmement peu de paramètres pour représenter ce que constitue l'équilibre d'une niche écologique. On se contente de planter des trucs de manière mécanique, et d'y placer des animaux de manière simpliste pour optimiser un nombre de points. Pas de réseau trophique, d'incompatibilité entre espèces ou encore de problème d'accès aux ressources, ni même de place à l'aléatoire ou aux variations dans le temps. Chaque niveau se termine par un panneau de félicitations nous informant qu'on a sauvé la nature. En réalité, on a juste dessiné un zoo (ou au mieux une réserve naturelle), parfaitement surveillé et administré par la main de l'homme. Ce n'est pas grave, puisqu'il est surtout question ici de se détendre en posant de jolies cartes sur des hexagones. Mais Preserve nous propose en théorie de "créer et entretenir des biomes fertiles et diversifiés au sein desquels chaque composant coexiste en harmonie symbiotique". On en est assez loin.
Preserve a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Relaxant, astucieux et confortable : Preserve s'inscrit parfaitement dans la vague des city builders tranquilles entamée par Townscaper et poursuivie par Gourdlets, Lakeside ou encore Synergy. Nettement plus fragile quand on le regarde sous son aspect écologique qui ressemble plus à un tutoriel de jardinage, il parvient tout de même à être un jeu de réflexion plutôt complet, dont on suivra les prochaines mises à jour avec plaisir.
FLOCK
Disponible sur Xbox, PC, et PlayStation depuis le 16 juillet dernier (et l’était directement sur le Game Pass dès sa sortie officielle), FLOCK est un mignon petit jeu qui nous met dans la peau d’un berger des airs. Oui, c'est pas forcément le concept le plus évident là comme ça, mais je vais vous expliquer.
Comme un aigle
Élément préliminaire qui va peut-être en convaincre certain(e)s de poursuivre leur lecture : FLOCK est développé par Hollow Ponds et Richard Hogg, dont on avait pu voir le travail dans I Am Dead et sur Hohokum, deux jeux aux designs enfantins, très colorés et dont la qualité est plutôt reconnue. Et ça tombe bien puisqu’on retrouve tout ça dans FLOCK, avec en plus cette histoire de berger.
Qu’est-ce que j’entends donc par cela ? Il se trouve que l’on incarne une sorte de berger volant, porté dans les cieux par un somptueux oiseau qu’on peut customiser (on peut aussi choisir le design de notre perso et des personnalisations supplémentaires seront déblocables plus tard). L’objectif de base du jeu, c’est de voler un peu partout dans un environnement ouvert afin de découvrir différentes espèces d’oiseaux fictifs et, parfois, les ajouter à notre troupeau. Pour cela, il faut récupérer des sifflets qui ont été subtilisés par des bioules et plus spécifiquement des bioules dépouilleurs (voir l’image de mon "pokédex à oiseaux bizarres" ci-dessous). Ces sifflets, il faudra les dénicher en faisant paître nos moutons volants sur des zones spécifiques révélant la cachette de ces fameux bioules.
Une fois le sifflet correspondant récupéré, notre oiseau-monture imitera le cri de l’espèce que l’on souhaite ajouter à notre troupeau et en réussissant à bien gérer le rythme, l’oiseau visé nous suivra. Plus on avance dans le jeu, plus on a de sifflets et plus la limite de taille du troupeau va augmenter, donnant vraiment l’impression d’une armée d’oiseaux improbables. Quand je dis improbables, ce n’est pas un euphémisme : certains ressemblent à des baleines, d’autres à des serpents, d’autres à des moutons, d’autres à des fruits, etc. En plus de l’aspect visuel original, chaque animal possède un comportement et un cri uniques, rendant la recherche et la découverte d’une nouvelle espèce et sous-espèce toujours intéressantes. Ça peut aller d’un qui n’est présent que le matin, un autre qui est forcément en groupe, ou une sous-espèce qui n’apparaît que si on a un membre de l'espèce principale dans notre troupeau. Vous avez compris, ça varie pas mal et c’est une bonne chose.
Tout cela est d’autant plus plaisant que cela se déroule à travers une exploration douce du petit monde du jeu. En effet, l’exploration est une autre partie intégrante de FLOCK et repose sur deux piliers. Le premier, comme je l’évoquais rapidement plus haut, c’est un environnement ouvert. Au départ, une unique zone est disponible à cause d’un "ennuagement" mystérieux recouvrant les zones plus basses. À mesure que l’on progresse dans la quête principale (qui consiste en gros à récupérer des informations sur des oiseaux rares et mythiques), ces zones basses se dévoilent et augmentent beaucoup les possibilités d’exploration, avec ce que ça entraîne comme diversité de paysages. La sensation de liberté est surprenante malgré un monde qui au final semble plus vaste qu'il ne l'est et cela est sans aucun doute bien aidé par le fait qu'on se déplace en volant.
Justement, le second pilier, c’est tout bêtement le plaisir du vol. On a des tas de façons de gagner en vitesse, d’optimiser les trajectoires, de frôler les petits lacs comme les montagnes. Ça se rapproche un peu du plaisir de glisse dans Journey, où on sent vite le "flow" lorsqu'on a trouvé la bonne trajectoire et qu’on profite alors d’un instant de vitesse pure et lissée. On peut également prendre la hauteur via de grands courants d’airs ascendants pour pouvoir enchaîner sur un vol piqué intense, afin d’arriver au plus vite auprès de quelques donneurs de quêtes secondaires ou d'atteindre un point de la carte en peu de temps.
Ah et je le mets là parce que ça vaut quand même le coup de le préciser : il y a un mode multijoueur orienté coopération. Vous pouvez rejoindre un monde dans une partie publique, ou privée, chacun fait l'aventure de son côté, mais, si vous en êtes au même niveau "d'ennuagement", vous pourrez vous rencontrer et profiter de quelques interactions. Pas de dialogues ou de trucs trop développés, c'est surtout des emotes et c'est pratique pour s'entraider sur les emplacements des créatures.
Le monde de FLOCK est léger, doux, apaisant. Les créatures qui le peuplent sont mignonnes, bizarres et surprenantes. Alors forcément, quand on ajoute à ça un aspect exploration sans pression, une sorte de pokédex à compléter et un gameplay de vol satisfaisant, on a un jeu de qualité, pour un peu moins de 20€, et qui vous occupera juste le temps qu’il faut (entre quatre et dix heures selon vos envies de complétion). Une aventure cosy parfaite pour aborder la fin de l’été seul(e) ou en coop.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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