Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali tape à la vitesse de l'éclair dans Outshine et BatVador dirige une secte groovy dans Honey, I Joined a Cult.
Outshine
Aucun jeu du studio belge Fishing Cactus ne ressemble au précédent, la variété des expériences et le dépaysement ludique étant au cœur de sa ligne éditoriale. Leur dernier bébé, le typing game Outshine, ne fait pas exception, en vous proposant de maltraiter allègrement votre clavier dans des décors de SF New-Age.
Un clavier qui surgit hors de la nuit
Vous n'avez pas vraiment besoin de savoir de quoi parle Outshine avant de vous lancer à cœur perdu dans cette folle aventure. De fait, on n'est pas franchement là pour s'ambiancer autour de la profondeur d'un scénario ambitieux. Il est néanmoins intéressant de noter que l'ambiance retenue par le jeu gravite autour d'une sorte de monde virtuel rétrofuturiste évoquant tour à tour l'anticipation psychédélique des années 70 et les dystopies routières à la WipeOut des années 90. En gros, des méchants ont été très méchants avec vous, et voilà votre avatar virtuel propulsé sur une route futuriste, attaqué par des robots, des programmes et des machines terrifiantes du futur. Il ne vous reste plus qu'à taper les mots mystérieux s'affichant au-dessus de tout ce beau monde pour avancer.
Je crois ne pas avoir touché de jeu d'action au gameplay plus simple et efficace que celui d'Outshine cette année. Votre bonhomme avance sur une ligne prédéfinie, et vous pouvez au choix esquiver les obstacles, les détruire à coup de missile, vous protéger avec un bouclier, ou dégommer vos adversaires en tapant des commandes écrites à l'écran. C'est à peu près tout ce qu'il y a à savoir, ce qui permet de très vite apprécier l'intensité absolument folle des différents parcours débloqués au fur et à mesure de l'aventure.
Outshine est ainsi extrêmement simple à prendre en main, tant que vous savez à peu près vous servir de votre clavier. L'écran est toujours parfaitement lisible, la position relative de votre personnage par rapport à son entourage toujours évidente, et l'interface est suffisamment légère pour ne jamais parasiter votre champ de vision. Un point particulièrement appréciable dans ce jeu forcément très axé sur le score et sur la maîtrise : la finesse avec laquelle on peut moduler l'expérience pour progresser à son rythme.
Et tu tapes tapes tapes
Outshine vous permet ainsi de choisir au sein d'une multitude d'options pour régler la difficulté et la méthode de scoring du jeu : plus ou moins d'ennemis, complexité des mots à taper, rythme de la musique, multiplicateurs de score... Vous aurez autant de moyens d'augmenter ou de diminuer la difficulté que vous le souhaitez pour découvrir chaque course de la manière qui correspond à votre méthode de progression. Et à ma grande surprise, même en baissant franchement le niveau de difficulté et la vitesse de jeu, Outshine reste un excellent moment toujours coloré et rythmé, grâce à sa bande-son épousant toujours votre manière de jouer.
Ajoutons à ce joli tableau la possibilité d'adapter les commandes du jeu à tous les types de clavier existants (AZERTY, QWERTY, BÉPO...) ou simplement de remaper les commandes à votre convenance, et vous obtenez là un des petits jeux de rythme les plus généreux de l'année. Bien entendu, l'expérience est par nature légèrement répétitive et limitée par son concept, et ne plaira qu'aux amateurs de ce genre de challenge. Mais dans son genre, c'est une des pépites de 2022.
Outshine a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Les jeux de rythme et les typing games sont tout sauf situés dans ma zone de confort. Quel plaisir alors de me confronter aux meilleurs du genre une fois de temps en temps pour constater à quel point un jeu comme Outshine arrive à merveille à combiner accessibilité, challenge et adaptation à tout un tas de manières de jouer. Alors que je suis proprement nul à ce genre de choses, je ne me suis jamais senti mis de côté, ayant au contraire toujours envie de relancer une petite partie pour améliorer mon faible score.
Honey, I Joined a Cult
Premier jeu du studio Sole Survivor Games et édité par Team17 à qui l’on doit entre autres le chouette Automachef et le décevant Sunday Gold, Honey, I Joined a Cult s’inspire de Prison Architect pour nous faire incarner un gourou de secte à l’âge d’or du New Age. Un jeu solide et amusant, à qui l’on pourrait seulement reprocher de traîner un peu et de se répéter parfois.
Oops... I Did It Again
Le jeu se lance après une intro un peu longuette (mais qui peut être passée) expliquant comment nous, gourou raté d’une secte qui vient d’être démantelée, tentons de nous réinventer dans… bah une nouvelle secte. Les idées New Age ont le vent en poupe dans les années 1970 et nous n'avons visiblement pas de morale. Une fois choisies les caractéristiques de notre nouvelle secte, il va être temps de recruter adeptes et sympathisants pour réaliser la vision ultime du gourou. Côté esthétique, on nous promet les années 1970 et on ne nous a pas menti, de la musique (qui boucle un peu trop vite) aux décors en passant par les lunettes de vos adeptes. Les couleurs et les décorations, souvent personnalisables, permettent de créer un charmant havre de couleurs flashy et désaccordées, ou non, selon vos talents en décoration d’intérieur (je vous laisserai juger du mien).
Côté gameplay, c’est le paradis de la microgestion. Chaque adepte a ses particularités, untel a horreur des tapis, untel préfère travailler la nuit et machin préfère les toilettes collectives, écoutez, on ne peut pas recruter que des génies. Outre aménager les emplois du temps et les priorités de vos adeptes, il faut maximiser l’impact des salles qu’utilisent les sympathisants. Plus les salles sont optimisées, plus elles généreront de l’argent et de l’influence qui vous permettront d’améliorer vos salles et de débloquer des améliorations. En plus, il est possible, et souhaitable, d’envoyer ses adeptes en mission pour, au choix, récupérer des objets de décoration qui feront augmenter le niveau de prestige des pièces, faire baisser le niveau d’alerte et éviter les manifestations ou augmenter le niveau de communication, ce qui permettra d’attirer des sympathisants de meilleure qualité. Il faut le dire, vos premiers sympathisants et adeptes sont très, très, limités. De temps en temps, votre gourou posera des objectifs qui, une fois remplis, vous octroieront des bonus. Il est nécessaire de veiller à la santé mentale et physique des adeptes, car certaines blessures les empêchent de travailler et s’ils pètent les plombs, ils portent préjudice à votre réputation (et ne peuvent plus travailler alors que c’est à ça qu’ils servent, quel scandale).
Peace, love et exploitation
Honey, I Joined a Cult est donc idéal pour les fans de microgestion, mais a le bon goût de ne pas laisser les autres de côté. Même avec une gestion assez moyenne, on peut arriver au bout du jeu. Ce sera juste un peu plus long. Et en parlant de longueur, c’est mon principal reproche au jeu. Le système est solide, l’histoire (réduite) se tient, la progression est logique, la traduction est correcte, mais amasser suffisamment de prestige et d’argent pour arriver au final prend vraiment beaucoup de temps, surtout qu’à partir d’un moment, il n’y a plus rien à améliorer et votre secte se gère toute seule. Les événements qui ponctuent les missions ont tendance à se répéter et les objets que l’on ramène sont toujours un peu les mêmes. C’est probablement moins vrai si toute la secte est parfaitement optimisée, mais pour les joueur·se·s moyen·ne·s dont je fais partie, ça devient un peu lassant sur la fin.
Si le système de jeu est solide et tout à fait sérieux, le reste est plutôt tourné vers la galéjade. Des bulles de dialogues des personnages (« Peut-on laisser des empreintes digitales sur un navet ? » se demandent aléatoirement vos disciples) aux actualités dans les journaux en passant par les événements qui interrompent les missions et permettent de gagner des bonus, tout est occasion à faire de l’humour (et ça flirte parfois dangereusement avec le too much, mais sans toutefois déraper). Ici quelqu’un vous vend des NFT, là on met à l'épreuve vos connaissances en géographie et mixologie, etc. J’ai gloussé et souri assez souvent et l’ambiance absurde prend bien, surtout que le système de gestion montre bien que ce type de sectes s’appuient sur le travail gratuit de leurs adeptes et les revenus qu’ils génèrent pour se développer et accomplir les desseins du gourou, qu’il s’agisse de vivre dans le luxe ou d’amener la fin des temps. En parlant d’objectifs, Honey, I Joined a Cult propose au moins trois fins différentes, ce qui lui offre une bonne rejouabilité, malgré la redondance de certains événements.
Honey, I Joined a Cult a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Sans révolutionner quoi que ce soit, Honey, I Joined a Cult fera plaisir aux fanatiques de la microgestion, sans oublier les autres. Même s’il tire en longueur par moments et qu’il force parfois un peu trop le trait de l’humour, il propose un système solide, rejouable, groovy et amusant.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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