Cette fois-ci dans Partie Rapide, glau se fraie un chemin dans la Brume d'Enshrouded tandis que Zali passe un court mais amusant moment sur le point and click rétro Twilight Oracle.
Enshrouded
La jungle surpeuplée des productions vidéoludiques est pleine de mystères. Qu'est-ce qui motive un studio à se lancer dans un énième jeu de survie-exploration-construction-RPG médiéval-fantastique en accès anticipé sur Steam ? Qu'est-ce qui lui fait penser qu'il va être meilleur que les 4823 autres actuellement répertoriés ? Surtout si, comme Enshrouded, il repose sur une direction artistique totalement générique et ne contient aucun mécanisme original ? Vous connaissez déjà le programme : on coupe des arbres, on construit une maison, on s'équipe pour bastonner quelques monstres, de quoi obtenir de nouvelles ressources, et on repart pour un tour. La routine habituelle, quoi. J'exagère un peu, y a bien quelques détails nouveaux. En particulier, ce monde déserté est partiellement envahi par la Brume — d'où le titre — qui est farcie aux champignons (et aux zombies), et où notre personnage ne peut rester que quelques minutes. Reste que dès les premiers pas, on pense très fort à Valheim (entre autres), en bien plus lisse.
Brume des foins
À quelques détails près, Enshrouded est donc un survival résolument vanille, aux dessins légèrement cartoonesques. Et vous savez quoi ? Ce n'est pas si grave. Jouer à Enshrouded, c'est enfiler des pantoufles bien chaudes et lancer une belote avec les copains en sirotant une kro pour la millième fois : on sait précisément à quoi s'en tenir, mais on est toujours content d'y retourner. Et ça ronronne dès à présent, au point que rien ne laisse deviner que le jeu est encore en développement. Le combat est très correct, les quêtes s'enchaînent, la carte semble immense et détaillée. Si on voulait chercher des poux, on pourrait reprocher un équilibrage encore tâtonnant, un pool d'ennemis qui se répète un peu, dotés d'une IA perfectible ; mais dans l'ensemble, tout est déjà agréable et facile à jouer.
À tel point qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer. Il y a bien sûr des ressources toujours plus nombreuses à rassembler, ainsi que les nombreuses quêtes lancées par les PNJ de notre petit village. Mais surtout, il y a ce monde ouvert vallonné, préparé avec amour. On sent que Zelda et Elden Ring sont passés par là : l'aventure, c'est d'abord l'envie d'aller voir ce qui accroche l'œil dans le lointain. Une vallée sombre, une tour en ruine, une caverne découverte par hasard. Peut-être un peu plus directif que la moyenne des survivals, Enshrouded compense le manque de possibilités créatives — le jeu de lego est encore assez limité — par des envies de promenade.
Tout cela fonctionnera-t-il en multijoueur ? On le sait : c'est un ingrédient qui fonctionne souvent dans le survival — j'ai même de bons souvenirs de parties entre amis sur ARK: Survival Evolved, pourtant l'un des pires exemples en la matière. Dans Valheim, le coût des recettes et la relative difficulté incitait à recruter des compagnons. Ce n'est pas le cas ici : Enshrouded est clairement prévu pour l'expérience en solitaire. Tout est assez accessible, et le jeu n'est pas bien difficile en soi. Un jeu-pantoufle, on vous dit.
Enshrouded a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
On n'est jamais à l'abri d'une surprise, mais l'expérience montre que les early access dévient rarement de leur direction initiale : Enshrouded ne sera probablement pas un chef-d'œuvre, faute d'un petit grain de folie. Par contre, c'est déjà un survival solide où l'on s'amuse même en solo. On a parfois simplement envie d'un sorbet vanille tout à fait plan-plan, et cela n'a rien de honteux. Il est même vraisemblable qu'Enshrouded fasse partie de ces titres qu'on relance régulièrement avec plaisir, juste pour profiter des dernières nouveautés.
Twilight Oracle
Depuis quelques années, le développeur indépendant Cosmic Void s'est spécialisé dans les point and click rétro inspirés des années 90. Sa petite touche perso ? Une ambiance bizarroïde, tirant vers la SF psychédélique. Sa dernière production en date, Twilight Oracle, est une sorte de Monkey Island sous acide, ce qui n'est pas forcément pour me déplaire.
C'est pas sorcier
Élève idiot et complètement raté dans une école de magie, Léo a échoué à ses examens. Avec les trois autres derniers élèves de sa promo, le voici envoyé par ses professeurs sur une mystérieuse planète lointaine, chargé de retrouver et d'appréhender des "renégats". Une fois sur place, coincés sur une île déserte cheloue, les quatre étudiants découvrent que, bien entendu, on ne leur avait pas dit toute la vérité sur leur mission.
Décrire avec précision ce que raconte Twilight Oracle revient un peu à raconter un rêve de la veille tout en ayant un sérieux coup de mousseux dans le nez : une expérience bizarre, décousue et pas nécessairement super cohérente. Léo et ses camarades d'infortune se retrouvent dans une série d'environnements parfaitement étranges, dignes d'un tableau surréaliste. Carottes sous-marines, faune, bonbons géants, violoncelles surgissant des flots, poissons parlants : une inquiétante étrangeté constitue l'écosystème de l'île. Mais c'est plutôt un atout, au fond. Une fois que j'ai assimilé le fait que je n'allais rien comprendre de particulier, j'ai parfaitement accepté ce fatras étrange (mais marrant) pour me concentrer sur les puzzles proposés par le jeu.
La structure de Twilight Oracle est ainsi des plus classiques, un pur point and click à l'ancienne. On se promène de tableau en tableau, on ramasse des bidules, on parle à des gens étranges et on combine des objets pour résoudre des énigmes, et c'est tout. Si j'ai pas mal tourné en rond à certains moments, à faire un peu de chasse au pixel, je dois néanmoins souligner que cette courte aventure de 3 heures se déroule de manière plus fluide qu'un classique de LucasArts.
Cela tient notamment à la nature très ramassée de la quête principale. Une dizaine de personnages, à peine plus d'objets, et une aventure hyper dense : on ne se retrouve jamais complètement perdu avec des dizaines d'objets à présenter à des hordes de gugusses multipliant les requêtes farfelues. Trois ou quatre énigmes à chaque chapitre du jeu, et c'est tout. Là encore, c'est plutôt appréciable : je préfère très largement un petit point and click assumant sa nature de bref voyage anecdotique mais bien ficelé qu'une aventure boursouflée qui rajoute du gras pour le plaisir.
Twilight Oracle a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Pour l'amateur de jeux d'aventure que je suis, Twilight Oracle est une agréable petite sucrerie que je ne peux que recommander. Court, drôle, plutôt joli, il ne révolutionne pas, loin de là, une formule usée jusqu'à la corde. Mais il se contente de faire passer un mignon petit moment dans un univers onirique, et c'est déjà un joli petit succès.
glau
Se perd dans des mondes ouverts, dans les rouages de sa propre usine ou dans le fracas des chars, mais trouve toujours un petit chemin de fer pour rentrer.
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