On connaît ça par cœur, ça apparaît à intervalles irréguliers mais récurrents : les employés d’une entreprise du milieu vidéoludique souffrent de problèmes de harcèlement et de discrimination. Cette fois-ci, c’est Paradox Interactive, studio à l’origine, notamment, de l’excellent Crusader Kings 3.
La révélation fait suite aux résultats d’une enquête menée par les syndicats Unionen et Sveriges Ingenjörer et rendue publique par le média suédois Breakit. Ces derniers avaient fait parvenir des questionnaires aux employés de Paradox afin d’avoir leur ressenti sur la situation au sein de l’entreprise. Au total, 133 personnes ont répondu sur les 400 que compte l’éditeur à Stockholm, et les réponses montrent clairement des soucis de harcèlement et de discrimination.
Ainsi, comme le rapporte Gamesindustry.biz, et selon les deux syndicats suédois, 44% des 133 employés ont admis avoir été victime ou témoin de mauvais traitements. Toujours parmi ces 133, on retrouve 26% de femmes (ce qui donne à peu près 35 employées). Or, 69% de ces femmes disent avoir fait l’expérience de traitements abusifs, là où le pourcentage d’employés masculins n’est que de 33%. C’est habituel que les femmes soient les principales cibles de ces conduites détestables mais c’est toujours mieux quand on a sous les yeux des chiffres pour faire taire les quelques-uns encore dans le déni.
Autre point problématique et hélas tout aussi récurrent, la culture du silence : de l’aveu des employés eux-mêmes, lorsque des comportements problématiques sont signalés, la hiérarchie a une nette tendance à protéger les responsables, fragilisant les victimes actuelles et décourageant forcément celles qui pourraient vouloir se déclarer par la suite.
Les résultats de cette enquête ont été présentés à la PDG de Paradox, Ebba Ljugerud, lundi dernier, et aux équipes le mercredi. Ce même mercredi 1er septembre, Ebba Ljugerud annonçait quitter son poste de PDG au profit de Fredrik Wester (qui était déjà PDG avant l’arrivée de Ljugerud). Des vues différentes quant à la stratégie de l’entreprise ont été invoquées comme motif, et Wester a nié tout lien entre les résultats et le départ de Ljugerud. Paradox va désormais conduire un questionnaire interne par le biais d’une société tierce et faire le lien avec les conclusions de celui des deux syndicats. D’après l’entreprise, il s’agira de se servir de ces travaux pour agir légalement, et pas seulement sur le harcèlements et les divers abus, mais aussi « examiner des sujets comme la discrimination à l’embauche et au salaire, les préjugés, l’inclusion, et bien d’autres ». De la classico-classique réponse pour tenter de montrer que Paradox va prendre des mesures, mais dans les faits, il faudra suivre tout ça de près, notamment s’agissant de la future enquête interne.
Quoiqu’il en soit, difficile de ne pas se poser de sérieuses questions sur le fond. On a encore tous en tête les révélations sur la culture d’entreprise toxique à Activision Blizzard, et cela y compris du temps où ce n’était que Blizzard Entertainment. La récurrence de ces affaires, dans les grosses entreprises comme les plus petites, devient si banale que l’exception semble être, de plus en plus, d’apprendre qu’une entreprise ne souffre pas de ces comportements.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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