Chez Riot Games un peu plus de 150 employés se sont mis en grève au début du mois (le 6 mai). Les raisons de celle-ci sont multiples, et surtout la grève survient dans un contexte particulier pour l’industrie.
Vous êtes probablement au courant que le monde du jeu vidéo a un passif particulier avec le droit du travail et la reconnaissance de ses employés. Que ce soit dans ses premières années où l’on refusait de créditer les développeurs (ce qui mena à la fondation d’Activision en 1979), ou plus récemment lors des longues heures de crunch chez Rockstar Games. Bref, contrairement à la vision romanesque qu’on en a, le travail dans le monde vidéoludique n’est pas que joyeux, il y a des problèmes comme partout… En fait plus que partout.
Un an après la grève chez Eugen System, 6 mois après la fermeture de Telltale suite à un mauvais management, les fameux crunch de Rockstar, et en plein scandale chez Quantic Dream pour de sombres histoires de harcèlement moral et sexuel (une enquête est encore en cours pour ce cas), chez Riot Games les employés ont décidé de se mettre en grève début mai. En août 2018 Kotaku révélait qu’une culture toxique pour les femmes régnait chez le développeur de League of Legends, et plusieurs employé.e.s ont décidé de poursuivre le studio en justice par rapport à des faits de discriminations sexistes.
Cependant le studio a décidé d’utiliser une clause des contrats des employés afin de les obliger de passer par un arbitrage privé plutôt que par la justice américaine. C’est cette décision qui a motivé la grève du 6 mai. Celle-ci est une des plus grosses à toucher l’industrie, et les revendications des employés sont on ne peut plus simples. Les grévistes demandent que les cas de harcèlement soient portés à la justice, et que le studio prenne ses responsabilités et fasse changer sa culture d’entreprise. De plus, ils demandent à ce que les contrats des anciens employés soient revus afin qu’ils puissent poursuivre le studio en justice sans passer par des arbitrages privés.
Riot d’ailleurs a répondu le 17 mai aux revendications des grévistes par un simple mais néanmoins efficace : Non. Seuls les nouveaux employés n’ont plus droit à la clause incriminée pour pouvoir poursuivre le studio en justice. La réponse donnée au site Bloomberg a d’ailleurs un léger goût d’hypocrisie. Voici une traduction histoire que vous puissiez apprécier la beauté de la chose : « Nous ne changerons pas les contrats de nos employés alors que nous sommes en plein litige […] Nous savons que tout le monde n’approuve pas cette décision mais nous savons que tout le monde veut que Riot s’améliore ». Plusieurs questions se posent : dans leur réponse, qui est tout le monde ? Et ils parlent de s’améliorer dans quoi ? Le traitement médiatique de leurs fautes, ou simplement le traitement de leurs employés ?
Bref, les protestataires n’ont pas non plus été satisfaits de la déclaration de leurs boss (et je les comprends tellement), et ils ont répondu être déçus que les chefs ne semblent pas prêts à changer de cap par rapport à leur politique actuelle. De plus, ils comptent évidement continuer le mouvement social, et apparemment nous en apprendrons plus sur leurs prochaines actions dans la semaine à venir.
Espérons au moins que tout ce mouvement parmi les travailleurs aura des conséquences bénéfiques sur les mentalités et sur les conditions de création des jeux à venir.
Un Rieur
J'aime tous les jeux, surtout les jeux un peu nazes ou cassés. C'est pas parce que c'est nul que c'est pas bon, et puis j'aime aussi la bouffe, et le JDR
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