Nouvelle semaine pour les chiffres : de lundi à vendredi dernier, que s’est-il passé de notable dans l’industrie du jeu vidéo qui ne soit pas une annulation d’un salon ou l’annonce d’un grand nombre de flops ? Du crowdfunding sur Kickstarter, des décisions politiques et toujours plus d’argent dans le monde de l’e-sport pour vous cette semaine.
Lundi : 101
Comme les dalmatiens dans un célèbre film de Disney… Ou alors comme le Wonderful de PlatinumGames. Un jeu qui avait connu un succès d’estime sur Wii U, mais comme tous les jeux sur cette console, les ventes n’ont pas été extraordinaires. Ce jeu de 2013 vient de réussir un financement via Kickstarter qui a très largement dépassé les attentes initiales avec un financement de plus de 4300% par rapport à l’objectif de 50 000$, soit près de 2,3 millions de dollars. Grâce à tout cet argent récolté, Platinum pourra donc éditer son jeu sur Switch, mais également sur Steam et sur PS4 et Xbox One tout en produisant des contenus additionnels pour cette nouvelle version du jeu.
Mais revenons sur ce pourcentage de réussite sur Kickstarter, il est souvent utilisé pour prouver un engouement par rapport à un projet ou le côté pertinent du projet sur son marché. C’est pourquoi il est très important de mettre un premier objectif très bas tout en ayant une stratégie de communication qui vise très haut. Personne ne s’attendait à ce qu’un projet porté par un tel studio ne dépasse pas les 50 000$. Sa simple notoriété et le nombre de fans permettent d’espérer bien plus, sans trop devoir sortir le grand jeu dans la com. Mais on retrouve cette pratique partout, même sur des porteurs de projets qui n’ont pas la même audience de départ. Pour réussir, ils investissent deux fois l’objectif initial (ou plus) dans les dépenses marketing de leur campagne. Transformant progressivement ces plateformes en télé-achat du web qui vous proposent des couteaux magiques, des poêles qui ne collent pas ou tout autre objet miracle du quotidien à grand coup de pubs Facebook.
Mardi : 500 000£
Pour une startup nommée Labworks et qui se développe à Londres. Ce studio vous est peut-être inconnu mais il est en pointe sur un nouveau type de jeu qui va peut-être réussir là où la 3D, la VR et autres trucs qui étaient tant l’avenir il n’y a pas si longtemps n’ont pas (encore) réussi : les jeux audio. Appelés voice-activated games par les anglophones (alors que audio games quoi, non ?), ils ont vocation à envahir vos enceintes connectées, casques connectés, frigos connectés, et même vos chaussures connectées et votre slip connecté. Ils parient donc sur le succès des objets répondant à votre douce voix pour trouver la leur.
Très ambitieux projet qui peut se déployer sur déjà 200 millions d’objets qui vous répondent (ils ne comptent donc pas sur les smartphones, ce qui me semble étrange), il reste cependant à prouver qu’il existe une place pour les jeux sur ces objets connectés. Pour le moment ils ont su convaincre des investisseurs, reste à voir pour le marché.
Mercredi : 50 000 000€
C’est ce que le budget fédéral allemand mettra à disposition de la création de jeux vidéo chaque année dans un fond dédié. Annoncé depuis 2018, ce projet passe les étapes les unes après les autres et devrait bientôt voir le jour. Permettant, sous certaines conditions, de financer 25 à 50% du budget d’un jeu, il aidera à la création vidéoludique et sera, on l’espère, employé à valoriser la diversité du média qui nous intéresse ici.
Point amusant, c’est le ministre des transports et des infrastructures numériques qui est le porteur du projet là où la France aurait sûrement donné cela à son ministre de la culture, qui sait se faire discret sauf quand il tombe malade.
Jeudi : 1 000 000$
D’investissement dans un premier round (de seed, si vous avez suivi lors d’un précédent épisode) pour l’ESPL. Mais qu’est-ce donc que l’ESPL ? vous demandez vous. Eh bien c’est une nouvelle entreprise d’e-sport qui souhaite créer des tournois sur du jeu mobile, un nouvel eldorado pour les investisseurs. La compagnie n’entend pas en rester là puisque dans le même temps, ses dirigeants font part de leur volonté de faire une levée de fonds de série A assez rapidement pour continuer leur croissance et ainsi pouvoir faire durer cette entreprise.
L’espoir de voir sa ligue devenir une ligue majeure ou au moins une ligue rentable est un bel objectif que beaucoup vendront aux investisseurs, alléchés par un marché en pleine croissance, mais peu réussiront (comme dans tout marché, ce n’est pas spécifique au jeu vidéo). Mais, pendant cette course sur un marché jeune, certains en profiteront pour créer des entreprises facilement financées, sans réel autre espoir que celui de vivre sur le compte de ces financements pour se rémunérer grassement avant de passer à une autre bulle qui fait rêver.
Vendredi : 18 ans
Pour pouvoir profiter des loot boxes dans les jeux sur le marché australien. Cette proposition de loi provient d’un rapport suite aux nombreux soucis liés à cet élément de monétisation dans les jeux vidéo. Le rapport en question préconise d’autres mesures pour limiter l’accès ou prévenir des risques liés aux micro-transactions et autres mécaniques s’approchant des jeux d’argent. Après une phase où les scandales ont éclaté puis une phase de calme sur le sujet, vient à présent le moment où les dossiers arrivent sur le bureau des législateurs qui pourraient en profiter pour faire passer quelques lois assez facilement populaires allant à l’encontre des pratiques des géants du domaine. Je ne m’inquiète pas trop pour ces industriels du jeu vidéo qui ne manqueront jamais d’imagination pour trouver un moyen de faire payer les joueurs jusqu’au dernier centime possible.
JoK
J'aime les chiffres, tous les chiffres, et aussi les jeux vidéo mais pas tous
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