Il y a quelques semaines, je vous parlais de quelques pépites méconnues en cours de développement que j’avais sous mon radar. Eh bien, il me semble que le temps est venu de vous partager mes attentes sur dix autres curiosités annoncées pour 2019, une année qui ne sera pas uniquement celle de Crackdown III, Jump Force, Shenmue III et de l’annonce d’un nouveau Final Fantasy qui commencera un enfer de développement long d’un bon lustre, mais avant tout la sortie d’une multitude de jeux moins exposés, mais pas moins intéressants.
Plague Hunter : plate-forme et puces de rats
Rescapé de Steem Greenlight (les jeunes, je vous laisse googler, les très vieux dites rien), Plague Hunter est un jeu russe avec une direction artistique russe, un propos russe et un côté qui a l’air d’avoir une rigidité toute aussi russe. Mais avec un peu de polish, ce simili Bloodborne en 2D pourrait tout à fait créer la surprise, avec son ambiance morbide sur fond d’invasion démoniaque pendant une épidémie de peste. Particulièrement sinistre, l’ambiance de Plague Hunter a une approche qui semble tout à fait âpre et désespérée, loin des messages d’espoir d’un Celeste ou d’un Ori. On est là pour déprimer, et si ça se trouve, ça sera efficace. Réponse le premier mai prochain si le jeu de Shiv n’accuse pas de nouveau retard. A ne pas confondre avec Plague Hunters, ni avec A Plague Tale, ni avec Pandemic 2, tous en développement, car la peste est le nouveau Battle Royale, il faut croire.
Caffeine : Victoria’s Legacy
Je ne sais pas si c’est une opinion populaire ou pas, mais il me semble que le café est l’un des produits qui propose l’écart le plus vaste entre les produits discount et les marques les plus raffinées. Il n’y a rien de plus différent qu’un jus de chaussette mal coulé et un café finement torréfié, choisi et fraîchement moulu par un amoureux du genre dans une arrière-boutique minuscule d’un bistro spécialisé des quais de Seine. Mais ce snobisme hideux mis à part, rappelons que le café est une drogue, et un genre de cauchemar écologique que personne ne veut vraiment regarder en face, moi le premier. Tout ça pour vous dire que Caffeine : Victoria’s Legacy est un visual novel steampunk mignon de chez Kikai Digital, qu’il sortira en août 2019, et que son intrigue tournera autour d’un monde de fantasy où faire du café est absolument tout ce qui compte dans la haute société. Alors que j’écrivais cet article, le jeu a exposé son Kickstarter, remportant pas loin de 200% de la somme demandée. A ne pas confondre avec Victoria III ou encore avec le FPS nommé Caffeine sorti en 2015.
Nine Noir Lives
Celui-ci vous fera attendre jusqu’en octobre prochain : Nine Noir Lives, un des 4 ou 5 point and click à ambiance polar noir avec des animaux anthropomorphiques en cours de développement. Je n’y peux rien, c’est pas moi qui fait les effets de mode. Avec ses jeux de mots sur les chats, son approche ultra cartoon et ses promesses de puzzle tordus à résoudre, celui-ci semble jouer à fond la carte du classicisme, à l’image de ce que peut faire par exemple l’excellente série des Deponia de chez Daedalic. Ça pourra être brillant ou anecdotique : réponse fin 2019. A ne pas confondre avec le Blacksad également en développement ni avec le film Nine Lives avec Kevin Spacey et un chat avec une cravate.
Children of Morta
Procédural-action-rpg-pixel-indé-c’estcommedarksouls : Children of Morta ressemble à s’y méprendre et de manière presque décourageante au pitch de la moitié des gros projets indés de ces cinq dernières années. Son avantage et sa malédiction : il était là avant. Annoncé en 2014, le projet mettant en scène les enfants d’une famille en quête de vengeance (pensez multi-local) a depuis pris son temps, ou énormément de retard, selon que vous soyez optimiste ou pessimiste. Toujours officiellement annoncé pour 2018, ce projet à l’état de « Beta Avancée » ne verra cependant sans doute pas le jour avant le printemps prochain. Espérons que cela soit pour le mieux, et que le jeu sorte dans un état aussi impeccable que ses fort jolis trailers le laissent penser. A ne pas confondre avec Timspinner, Chasm, Dead Cells, Eitr, Death’s Gambit, Ashen, Unworthy, La Mulana 2…
Knuckle Sandwich
Qu’on soit client ou non du résultat, l’incroyable tour de force opéré par Undertale en 2015 aurait, en toute logique, dû amener dans les stores tout un tas de clones, de tentatives de déclinaisons ou de petits machins opportunistes tentant de surfer sur la vague. Et puis… Pas tant que ça. Undertale utilisait des mécaniques que le jeu vidéo a toujours eu le plus grand mal à manipuler (l’humour, le méta-discours, la réflexion sur la violence, etc.), et a créé un trou d’air dans lequel les créateurs indépendants ont eu un peu de mal à s’engouffrer, du moins pas aussi vite que prévu. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça au lieu de juste vous laisser regarder le trailer complètement débile de Knuckle Sandwich, qu’on pourrait aimablement traduire par « Bourre-Pif » si on francisait les titres de jeux. C’est fait par un mec qui s’appelle Andrew Brophy qui voulait, comme Toby Fox, faire son jeu hommage à Mother, ça a réussi largement son Kickstarter, et ça sort dans quelques mois. A ne pas confondre avec The Art of Knuckle Sandwich, un rogue-like-jeu-de-gestion de karatéka hideux sorti dans l’indifférence générale en 2017.
Ion Maiden
Clairement pas le jeu le plus intelligent de la sélection, le retro-FPS Ion Maiden mise tout sur une early access accompagnée d’une bruyante campagne de communication à coup de citations enthousiastes de John Romero et sur l’espoir que les gamers de 2018 aient envie de retrouver les sensations d’un FPS « comme au bon vieux temps ». Fabriqué sur le Build Engine (Redneck Rampage, Shadow Warrior…) vieux de 23 ans, et édité par « le studio 3D Realms qui vous a apporté Duke Nukem 3D et Blood » 3D Realms, Ion Maiden pourrait créer la surprise dans la niche, pas si courue que ça, des pixel-FPS classiques orientés bourrinage décérébré. A noter que le personnage incarné étant une femme, le jeu sera nécessairement accompagné de commentaires pleurnichards de petits bébés réacs qui demanderont à ce que leurs jeux soient moins politiques et ouin ouin. Notons d’ailleurs que Wolfenstein Youngblood sort également en 2019. Ion Maiden est à ne pas confondre avec un groupe de métalleux grabataires qui a quasiment le même nom comme le fait, hélas, le logiciel que j’utilise pour faire ma veille documentaire.
Arc of Alchemists
Je sais, vous vous dites que moi, amateur de mauvais jeux japonais, qui essaye de vous vendre un JRPG de Compile Heart à l’aspect enfantin avec dix bonnes années de retard technique (et des problèmes de retard successifs dans le calendrier de production), ça peut faire peur. Eh bien tant pis, car je vais quand même vous dire d’ajouter Arc of Alchemists, RPG post-apo à l’ambiance nostalgique mais détendue, à vos listes de souhaits pour le courant de l’année prochaine. Ça sera peut-être nul, mais je veux croire que ça sera le light-rpg de magie dont le monde a secrètement besoin. A ne pas confondre avec Arc The Lad, Alchemist of Arland, Atelier Nelke, ni avec le MMORPG Ark, toujours en développement. Suivez, un peu.
Coffee Talk
Il y a les gens qui s’inspirent, il y a les jeux qui s’inspirent lourdement, il y a les jeux qui plagient un peu, et il y a Coffee Talk, qui est un invraisemblable clone du Va-11 HALL-A de Sukeban Games. Ce n’est certes pas le seul « simulateur de barista dans un monde de SF ou de Fantasy », style qui est étrangement devenu un genre à part entière depuis quelques mois, mais Coffee Talk est peut-être celui qui a le moins de scrupules. A peine paré de sa fausse moustache « on a troqué le cyberpunk pour de la fantasy », Toge Games, développeur indonésien spécialiste de ce genre de filouterie, n’a cependant pas une réputation aussi entachée que celles des usines à clonage d’application chinoises, et a parfois su livrer des jeux, certes éhontément pompés sur d’autres, mais d’une facture et d’une esthétique très correctes. Ce qui fera la différence entre « simple clone » et « petit machin indé sympa », ça sera la qualité d’écriture, que les devs semblent mettre sur le devant de la scène. Réponse dans le courant de l’année prochaine, sans plus de précision. C’est aussi le deuxième jeu sur le café de cette sélection, je pense qu’il faut que je dorme une ou deux heures de plus par nuit. A ne pas confondre donc avec Caffeine cité plus haut, ni avec Va-11 HALL-A, N1RV ANN-A, ni avec The Red Strings Club, ni avec Coffee Simulator 2015, oui c’est un vrai truc.
Flotsam
Annoncé il y a peu de temps, Flotsam est un « city builder post apocalyptique feel good » qui vous propose, aux quasi antipodes d’un Frostpunk, de construire une ville pleine de bonne humeur, sur l’eau, et avec des poubelles pour ingrédients principaux. Recyclage, petits ponts de bois et collecte de vieux barils pourris pour reconstruire un monde moins horrible après une catastrophe globale à base de fonte des glaces : c’est l’expérience qu’entend vous proposer Pajama Llama Games dans le courant de l’année 2019. On est toujours partants pour les city builders farfelus, ici ! A ne pas confondre avec le groupe de Thrash Metal Flotsam & Jetsam qui, pas de bol pour mes flux RSS, fait une tournée pile au moment où le jeu est en train de finaliser son développement.
Felix The Reaper
Avec un humour qui semble typique des productions des allemands de Daedalic, mélange de cartoon et de pince-sans-rire, le Felix the Reaper de Kong Orange est un puzzle game qui vous place aux commandes de Felix, qui travaille pour le ministère de la mort et doit faucher des âmes, et tout ceci est surtout l’occasion de présenter un puzzle game en 3D qui a l’air de tenir du Hitman-light mélangé avec un casse-tête qui n’est pas sans évoquer le très oublié Kill the Bad Guy. J’ai un peu peur que ça ne dépasse pas vraiment ce côté « lol c rigolo de tué dé gens », et tout dépendra de la capacité de Kong Orange à livrer, au-delà de la blague, un véritable puzzle design ambitieux. A ne pas confondre avec…. non en fait, celui-ci, ça va. Du coup je n’ai pas de chute. Mettez à jour vos wishlists.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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