Total War Saga : Thrones of Britannia est le premier spin-of de la saga de jeux de stratégie de Creative Assembly. Alors que vaut ce retour à l’Histoire après un long détour par le monde fantastique de Warhammer ?
Les Total War Saga ont été annoncés en juillet 2017. Promettant des jeux plus petits et un petit peu moins ambitieux pour permettre aux développeurs d’explorer de nouvelles pistes sans forcer de nouvelles idées dans les titres principaux, l’idée était de revenir à l’Histoire par la petite porte après les deux jeux Warhammer. Le premier dans cette nouvelle série est donc Thrones of Britannia qui se propose de vous lancer dans la conquête des îles britanniques en 878 après les invasions Vikings. Aux manettes de 10 factions, divisées entre 5 peuplades (Anglos-Saxons, Gallois, Gaeliques, Viking des précédentes invasions, et Viking « roi des mers ») vous devrez donc unifier la Bretagne sous votre coupe, tout en repoussant les divers raids Viking.
Le changement c’est …
Total War est une licence avec une longue histoire, et par conséquent il y a beaucoup de bagage. Mais ici Thrones of Britannia ne présente que très peu d’innovations qui justifient son existence. Oui c’est dur, ce n’est censé qu’être un petit jeu entre deux gros titres, mais justement on pouvait s’attendre à plus d’innovation, et peut être moins de contenu, pour un titre qui servait justement à ça. Faisons donc le point sur ce qui (n’)est (pas) nouveau dans ce Total War Saga.
D’un côté la campagne n’a quasiment pas changé, seulement quelques mécaniques se sont vues peaufinées. Par exemple vous n’aurez plus à rechercher des technologies pour faire les bâtiments de niveau supérieur, vous n’aurez qu’une seule recherche à faire pour le construire, et vous pourrez le mettre dans n’importe quelle colonie, peu importe son niveau. Parlons un peu du système de recherche : il est bien plus limité qu’avant, vous ne débloquerez un certain arbre qu’en remplissant certaines conditions, par exemple recruter tant de lanciers. Le recrutement a également changé un petit peu vu que désormais vos unités arrivent instantanément, mais à 20% de leur force, il faudra leur laisser le temps de se refaire. Ce qui disparaît par rapport à Warhammer est quand même plus handicapant : plus de marche forcée pour traverser plus vite la map, plus d’embuscades pour prendre par surprise une armée adverse, plus de commerce manuel (vous échangerez automatiquement avec la plupart des factions), plus de pacte de non-agression (remplacé par une déclaration d’amitié), et vos villages n’ont plus de garnisons, ils tomberont donc très rapidement si vous ne placez pas vos armées de manière optimale. Si chaque faction a une mécanique propre, elle est anecdotique par rapport aux différences entre les peuples de Warhammer. Enfin, la nourriture fait son apparition comme ressource importante, vos armées et certains bâtiments la consommant, il faudra faire attention à l’équilibre.
Globalement, sur la campagne stratégique, Total War Saga : Thrones of Britannia est très conservateur. Ce qui ne serait pas forcément une mauvaise chose si en plus de garder la plupart des mécaniques des jeux précédents, les changeant à peine, le jeu ne perdait pas au passage certaines choses qui apportaient un vrai intérêt stratégique comme l’embuscade. En voulant tailler dans le gras, The Creative Assembly a rendu la campagne monotone et très franchement ennuyeuse, s’éloignant de la direction grande stratégie que prenait Warhammer pour devenir un simple enchaînement de constructions et de mouvements de troupes. Et le système de famille à la Crusader Kings, pâle imitation du maître, ne saurait donner d’intérêt, n’étant jamais à même de représenter un danger réel pour votre dynastie.
… pas tout de suite
S’il y a un endroit où ce Total War Saga est encore plus conservateur ce sont les batailles. Forcément après la folie furieuse qu’offraient les Warhammer avec la magie, les créatures gigantesques et les dragons, revenir à des batailles historiques classiques donne un petit coup. Ca aurait pu être réussi en tentant deux trois choses mais ici on est loin du compte. Heureusement que la base est solide, les batailles en temps réel étant l’ADN-même de la série, mais rien ici ne vous changera de vos batailles des titres historiques précédents. Pire même : par rapport à Medieval II, sorti en 2006, on se rend compte que très peu de choses ont évolué ! Mis à part les graphismes, le principe reste le même : recruter des piquiers pour contrer la cavalerie, l’infanterie lourde pour charger les lignes, les archers pour couvrir et la cavalerie pour contourner. Ce qui marchait dans le premier marchera dans celui là. Et en vrai ce qui marchait dans Warhammer fonctionnera aussi. Tout ce que vous faisiez dans les jeux précédents sera ici utile. Ne pensez même pas oublier ce que vous avez appris, le jeu ne vous mettra jamais en difficulté. Mais bon c’est toujours aussi joli au moins.
Saluons tout de même le travail de The Creative Assembly qui nous a ici offert une carte des îles britanniques pleine d’amour pour leur pays. La carte est immense, détaillée, pleine de petites choses qui renvoient à l’histoire de la Bretagne : ruines romaines, mégalithes, pâturages, et j’en passe. C’est simple la carte est tellement grande qu’on pourrait presque reconnaître certains lieux rien qu’en y jetant un œil (par exemple les falaises de Douvres). Bon en revanche il va falloir leur dire que si les Highlands sont des montagnes, ce ne sont pas non plus les montagnes bleues du Seigneur des Anneaux. Mais oui cette carte est sublime.
Par contre gardez à l’esprit que le jeu est parfois difficile. Attention avec qui vous commencez et à quel niveau de difficulté. Par exemple évitez les Gaeliques, l’Ecosse étant un brin trop grande, limitant ainsi la réactivité de votre armée et le climat ne pardonnant pas. Le Wessex est un bon début : la faction est déjà grande, riche, et est en position de force pour subjuguer ses voisins rapidement, d’autant qu’elle a déjà pas mal de vassaux. Faites donc attention à ne pas faire comme moi et lancer une partie en facile avec le Wessex car vos précédentes parties se sont mal passées : vous allez prendre le coup de la campagne ennuyeuse en plein dans les dents multipliée par 10, considérant qu’au bout d’un moment vous n’aurez qu’à fabriquer des bâtiment sans vous soucier de rien : argent, nourriture, prestige ? Tout coule à flot et en moins de 7h j’avais remporté les 6 types de victoire et repoussé l’armée d’invasion Viking finale, pendant que mon territoire s’étendait de la Cornouaille au Mur d’Hadrien. Donc si vous jouez Wessex, jouez en moyen, mais si vous voulez essayer une autre faction commencez en facile peut-être.
Total War Saga : Thrones of Britannia devait être un petit renouveau pour la licence qui revenait à ses racines historiques. L’idée de centrer l’action sur une petite période et sur une zone géographique précise est séduisante, mais au final on se retrouve face à un jeu qui ne tente que trop peu. Conservateur, redondant et peu innovant, Thrones of Britannia prouve encore une fois que la saga Total War a énormément profité de la licence Warhammer pour se renouveler, mais que les développeurs n’ont hélas pas encore trouvé comment introduire certaines des innovations de la saga fantastique dans les jeux historiques. En espérant que Three Kingdoms, prochain titre de la licence principale, sache mieux s’inspirer de ce que proposait Warhammer. Au final Thrones of Britannia est un jeu anecdotique dans l’histoire de Total War, et c’est dommage tant la période était intrigante.
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
follow me :
Articles similaires
Miniatures - La poésie du souvenir
nov. 20, 2024
Rogue Flight - Monte dans le robot, Zali !
nov. 16, 2024
Great God Grove - Queer et élastique
nov. 11, 2024