Ca y est, la nouvelle édition flambant neuve de Street Fighter V est enfin là. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, cette Champion Edition sortie le 14 février sonne le glas d’une sensation d’inachevé de presque 4 années, pour moi et pour une bonne partie des joueurs.es. Et encore, je ne suis pas pleinement satisfait.
J’ai parcouru les archives du Pixel Post en long, en large, et en travers et j’ai trouvé des critiques à la pelle, mais un style est particulièrement sous-représenté, les jeux de combat. On a des jeux indés par container, des triples A, des FPS, des TPS, des RPG, des jeux de bagnoles, de gestion, de l’horreur, du plagiat, des roguelike, des jeux nazes, des pépites et bien d’autres, mais très très peu de jeux de baston, où on tape un vrai adversaire. Après moult recherches, je suis tombé sur ce test de Soul Calibur 6 de l’ami Veltar, qui s’est concentré sur le mode histoire, et un peu moins sur le mode online à la stabilité critiquable (nous y reviendrons d’ailleurs pour Street Fighter). Tout ça pour dire que lorsque j’ai reçu une clé pour SFV Champion Edition, j’étais tout surexcité de pouvoir en faire une critique. Je me suis donc replongé dans l’univers de Street Fighter après l’avoir délaissé quelque temps, et j’ai bien dérouillé. Heureusement c’est comme le vélo et ça ne s’oublie pas, enfin pas trop, et la mémoire musculaire fait des merveilles. J’ai pu retomber, avec joie, dans cette douce euphorie qu’est le « versus fighting » entre combo supersoniques et frame perfect, mais j’ai également retrouvé, avec tristesse, les points faibles du titre restés à peu de choses près dans l’état où je les avais quittés, même après plusieurs mois sans toucher au jeu et sans suivre les mises à jour.
Je mets les pieds où je veux, Little John… et c’est souvent dans la gueule.
A l’instar d’un intello devant un film pour adultes, j’aime qu’il y ait du bon gros scénario dans les œuvres qui me tombent sous la main. Je suis donc servi avec la franchise des Street Fighter, qui, depuis 1987 et SF1 (ou 1991 et SF2 si on veut un truc jouable), nous a balancé des sheryu-tonnes de lore à la tronche pour nous permettre de nous attacher à ses personnages. On s’attache (et on s’empoisonne) au travers du gameplay ou du style d’un personnage évidemment, mais je trouve ça encore mieux lorsqu’il y a deux ou trois lignes d’histoire pour se mettre dans l’ambiance. Selon les opus, les adversaires et les enjeux varient pour mieux nous donner une excuse pour se tataner.
Dans Street Fighter V, c’est l’organisation Shadaloo, menée par le fameux Bison (Mussolini avec des super-pouvoirs pour celles et ceux qui n’auraient pas la référence) et F.A.N.G (dont la mère est sûrement un goéland), qui cherche à conquérir le monde d’une manière extrêmement simple : mettre en orbite des satellites générant une onde électromagnétique capable de mettre hors-service toute la technologie moderne, puis se servir du désespoir des victimes pour alimenter Bison en Psycho Energie (c’est son sans-plomb 95 à lui) et le faire devenir invincible. Un plan sans faille, à peu de choses près que des héros vont se mettre en travers de leur route. Ah, et en bonus on a une sous-intrigue à propos d’un ancien dieu guerrier aztèque qui cherche à manger l’âme de toutes les personnes fortes à la bagarre. Ça vaut bien n’importe quel film de Spielberg de ces dernières années.
SFV est sorti le 16 février 2016 sous Unreal Engine 4, et je ne vais pas le cacher, je trouve ça moche. Depuis Street Fighter IV, il a été décidé que les graphismes seraient en 3D et bien, mesdames et messieurs et tous les autres, c’est une mauvaise idée. Pour le coup je préfère le style des anciens jeux en 2D qui était très travaillé. « Il chipote » vous direz-vous et je vous réponds que non. Quand on conçoit un modèle 3D on fait attention à ce que les textures des différents détails et accessoires (les vêtements, les cheveux, etc…) ne se rentrent pas dedans, c’était apparemment trop dur lors du développement du jeu car absolument TOUS les persos partagent cette tare. Même les victory poses peuvent buguer, et quand on fait des skins par paquets de douze, pleins de froufrous et d’effets en tous genres, ça abîme les yeux à la longue. La Champion Edition n’a pas fait de miracle et n’a rien arrangé, j’avoue avoir été déçu sur ce point.
Street Fighter est une référence immanquable du jeu de baston, chaque titre est un verset dans la bible de la franchise du point de vue des fans, et la justesse du gameplay leur donne raison. Je râle sur la forme mais le fond est bon, facile à appréhender mais très difficile à maitriser. N’importe qui peut passer un bon moment entre potes en ne connaissant que quelques combos ou, à l’inverse, try hard jusqu’à arriver dans le haut du classement. Pour les parties classées, l’équilibrage est suivi de près et de nouvelles mécaniques sont mises en place au fil des mises à jour. Malheureusement rien n’est parfait, SFV souffre donc d’un terrible fléau : tapez «Netcode+Street Fighter 5 » sur votre moteur de recherche favori et regardez le monde prendre feu. Le Netcode est un mot fourre-tout qui englobe tout ce qui touche à la synchronisation dans les jeux en ligne. On ressort souvent ce terme lorsqu’il y a des problèmes de lag et donc de synchronisation entre deux joueurs ou à l’échelle d’une map entière (dans les Call of, Battlefield, et compagnie par exemple), et sur Street Fighter, les problèmes de connexion sont aussi bien gérés que la crise des euromissiles. Depuis 2016, les joueurs.es se plaignaient de conditions de jeu déplorables à cause des roll-backs sauvages 90% du temps mais Capcom faisait la sourde oreille, assurant que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Récemment, un mod non-officiel a été mis en ligne dans le but de minimiser ces soucis. Les quelques mots d’Altimor, le modder qui a posté le fix, résument parfaitement la pensée des joueurs.es depuis la sortie du jeu : « Fix your shit Capclown ». Un mois plus tard, Yoshinori Ono, le producteur exécutif de la franchise, prononçait les mots interdits « netcode adjustment » et annonçait que tout était (presque) réglé. Il était temps.
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé
J’ai acheté Street Fighter V le 27 novembre 2016 à 8h31, précisément (merci l’historique Steam). Je n’ai pris que la version de base, mais j’ai quand même pu profiter du DLC de juin 2016 qui ajoutait un mode histoire, car oui, il n’y en avait pas à la base. Tous les modes de jeu « supplémentaires » et les mises à jour d’équilibrage sont gratuits quelle que soit la version de Street Fighter V, mais ils ont été rajoutés à posteriori. On arrive maintenant à ce qui me pompe le plus l’air avec ce titre. Ce n’est pas les graphismes (qui empêchent maintenant mes yeux de faire la mise au point), ou les musiques (qui de toute évidence n’ont pas été composées pour moi), ni même les problèmes récurrents de connexion, mais le fait que ce jeu est vendu en kit.
En janvier 2018 sortait l’Arcade Edition, qui ajoute un mode Arcade (présent dans les anciens jeux) qui consiste en plusieurs séries d’affrontements contre des combattants issus d’un même titre, un mode Extra Battle qui permet de gagner plus d’XP et de FM, et un mode Team Battle. Donc rien d’extraordinaire, et rien de nouveau par rapport aux anciens opus. Il existe beaucoup (beaucoup, beaucoup,…) de costumes de bon et de mauvais goût, qu’ils soient en lien avec un event ou issus du background, et de stages différents, rogner un peu de leur budget pour ajouter du contenu n’aurait pas été de refus : on aurait pu s’attendre à voir tous les protagonistes de la série mais certains sont aux abonnés absents. Dans la timeline, ô combien complexe, de Street Fighter, l’histoire du 5ème jeu se déroule après le 4ème (normal me direz-vous) mais avant le 3ème (comme Fast and Furious : Tokyo Drift), pourtant ici tout le monde est mélangé sans raison valable et les meilleurs sont portés disparus. Je porte toujours le deuil de Crimson Viper, malgré de nombreux matchs avec Mika, Balrog ou Vega.
Si la Champion Edition contient tout le contenu créé jusqu’à présent, dont les 40 personnages actuellement présents, arènes et costumes (à l’exception des skins Fighting Chance, des skins en collaboration avec des marques et du contenu du DLC Capcom Pro Tour, un DLC dont une partie des recettes constitue une cagnotte pour la Capcom Cup), pour ceux qui avaient acheté les éditions précédentes, il n’a pas toujours été aussi facile de débloquer le contenu du jeu. A la sortie le roster comptait 16 personnages, puis six autres ont été ajoutés tous les ans pour arriver aux 40 d’aujourd’hui. Malheureusement, pour débloquer tout ce beau monde il a fallu aligner la « Fightmoney » (FM) ou le vrai pognon. Gagner de la monnaie du jeu est très simple, il vous suffit de farmer jusqu’à plus soif, de poser votre démission et d’oublier vos familles, vous pourrez alors vous offrir un personnage. Ou sinon, vous pouvez payer 5€. Il faut être sûr de son choix car si le gameplay ne vous plait pas vous l’avez dans le baba, faute de pouvoir le tester en amont. Des seasons pass sont sortis pour compléter son roster à prix réduit, mais ils ne donnaient accès qu’aux nouveaux persos, pas aux costumes ni aux stages, d’où les critiques légitimes des acheteurs.ses. Pourquoi vous dire tout ça alors que ça semble réglé avec cette nouvelle édition ? Eh bien, elle nous est présentée comme la dernière en date mais une zone de flou subsiste sur le fait qu’elle soit la dernière tout court. Capcom reste très évasif sur le sujet, « the most robust version of the acclaimed fighting game! » peut-on lire sur le site, et ne répond pas franchement lorsque les fans se posent la question. J’espère de tout mon coeur ne pas tomber sur l’annonce d’un nouveau DLC payant dans 6 mois.
Street Fighter V Champion Edition a été testé en version PC via une clé fournie par l’éditeur.
Alors, on en est où maintenant ? Eh bien on a enfin le jeu auquel on s’attendait lors de la sortie de 2016. Est-ce que j’aime jouer à Street Fighter V ? Oui, car c’est l’un des meilleurs titres du genre de par sa diversité dans le gameplay des personnages. Est-ce je cautionne la technique marketing de Capcom, qui considère les fans comme des vaches à lait ? Non. Si vous avez toujours eu envie de vous lancer corps et âme dans les jeux de baston sans jamais oser franchir le pas, c’est le bon moment avec cette Champion Edition. Par contre, si un nouveau DLC est annoncé faites-moi plaisir, ne l’achetez pas et attendez sagement Street Fighter VI.
Kalkulmatriciel
Cc c Kalkul. J'adore parler à tous les PNJ, mettre des mandales et saboter les coop.
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