Per Aspera est le premier jeu du studio Tiön Industries. Le jeu vous place dans les bottes d’une IA chargée de terraformer Mars pour accueillir la vie humaine. Jeu de gestion avec une surcouche narrative, le jeu est enrobé dans un style graphique très marqué. À voir si ça suffit à en faire un bon jeu.
Mars est revenue à la mode. Je ne sais pas si elle avait vraiment perdu de son charme, mais quoi qu’il en soit, depuis quelques années, on voit la planète rouge un peu à toutes les sauces et le jeu vidéo n’échappe pas à la règle. Récemment, Surviving Mars, édité par Paradox et développé par Haemimont Games, vous proposait également de coloniser notre voisine, et même de la terraformer dans un DLC. Dans d’autres genres, nous avons bien sûr les Red Faction, Just Cause martiens où l’on pète la tronche à l’EDF (pas moi qui invente, vérifiez) qui a eu le droit à un remaster, DOOM (2016) qui se déroule sur Mars ou encore Mars Horizon, chroniqué par moi-même il y a peu. Per Aspera se place plus dans la branche Surviving Mars, puisqu’il s’agit d’un jeu de gestion/city builder où vous devrez construire votre colonie, la voir prospérer et finalement terraformer la planète pour que les Martiens puissent se balader à l’air libre et probablement faire des trucs d’humains (ne pas porter de masques, crier au complot, voter fasciste, ce genre de choses). Chose rare dans le genre, le jeu est très narratif et suivre le scénario fait intégralement partie de l’expérience. Ce genre de mélange est toujours aléatoire, le plaisir des jeux de gestion, pour ma part, étant de recommencer des parties à tout-va.
Mars et son AMI pour la vie
Dans Per Aspera, vous incarnez AMI (Advanced Machine Intelligence), une IA super-intelligente dont le cerveau électronique est copié sur le modèle original (le nôtre), envoyée par l’Oxy-UN (l’ONU de l’oxygène, basiquement les pays occidentaux pas ravagés par la pollution où les citoyens peuvent encore respirer à l’air libre) pour préparer le terrain à la colonisation de Mars et gérer les opérations de terraformation main dans la main avec les colons humains. Mais évidemment, tout ne se passera pas comme prévu et la missions s’avèrera plus compliquée puisqu’il semblerait que vous ne soyez pas seuls sur Mars, qu’une force s’oppose à la terraformation de la planète rouge et que des intérêts divergents (comme les pays asiatiques, hors Oxy-UN, ennemis jurés de l’Occident) tentent de mettre des bâtons dans les roues dans cette mission « de paix » qui n’est peut-être pas ce qu’elle semble être. De manière assez surprenante : le scénario est prenant. Incarné par des doubleurs de qualité (dont Troy Baker qui, je pense, doit mourir s’il n’est pas dans un jeu vidéo par an minimum), on est très vite aspiré par ce scénario mystérieux et le personnage que l’on incarne, AMI, est une IA pleine de curiosité dont les premières paroles sur Mars sont littéralement quelque chose du genre « MAIS. Je PARLE ! ». Elle est très touchante et c’est top de voir une IA apprendre de ses relations avec les humains et de grandir en relation avec eux, plutôt que de s’y opposer, comme 80% des IA de fiction.
En revanche, dès qu’un jeu de gestion est narratif, le souci est qu’on a tendance à trop vous tenir la main pour aller là où le scénario veut vous guider. Ici ce n’est pas spécialement un problème, étant donné que de toute façon, on doit suivre le plan de terraformation et qu’il n’y a pas trente-six mille manières d’y arriver. Plus deux ou trois qui sont toutes valables et n’agissent pas sur le scénario. Là où Per Aspera pèche en revanche, et j’espère que ce n’était que dans ma version de test, c’est que certains déclencheurs semblent cassés. Je vais essayer de vous expliquer sans spoiler. Dans ma partie, un évènement majeur de fin de jeu, alors que l’on avance bien dans la terraformation, s’est déclenché AVANT un évènement précédent qui était censé vous y préparer et vous donner les clés pour comprendre un choix capital auquel vous serez confronté. Du coup, j’ai été pris de court et ai pris une décision que je ne voulais pas car il me manquait tout simplement un pan du scénario. Le pire étant que par la suite, après avoir save scum comme un sale pour choisir ce que je voulais, l’évènement PRÉPARATEUR que je n’avais pas eu s’est déclenché APRÈS l’évènement majeur, rendant le tout très confus et ayant, je crois, cassé ma partie.
Terraformation continue
Partie cassée à un stade bien avancé donc. Car soyons honnêtes : terraformer une planète, ce n’est pas une tâche qui se fait entre la poire et le fromage, et ça prend du temps. Plus ou moins 10h au stade où j’en étais dans ma partie (stade 4 pour être précis : atteindre un niveau viable d’oxygène et de dioxyde de carbone dans l’atmosphère). Pour en arriver là, il vous faudra donc construire votre colonie. D’abord autour d’un hub, vous devrez vous étendre de plus en plus en fonction des ressources à votre disposition (finies, les veines s’épuisent, il vous faudra en trouver de plus en plus pour soutenir votre colonie grandissante). Les ressources s’articulent autour d’une poignée de matières premières et de quelques chaines de production à gérer. Le but n’est pas, comme dans un Anno, de faire de multiples chaînes de production de plus en plus complexes. Ici l’objectif est d’atteindre un équilibre précaire entre production, demande, offre. Le tout sans déborder vos petits robots qui sont chargés de transporter les ressources à travers votre colonie. Comme dans la colonisation d’une planète, ou même de n’importe quel endroit isolé, tout ne tient qu’à un fil et il faudra constamment surveiller si vous produisez assez de ressources, en particulier eau et nourriture, sous peine de voir votre colonie dépérir peu à peu. Je parlais plus haut de nourriture et d’eau, car vous n’êtes pas que là pour envoyer des robots sur la planète rouge, mais aussi des humains, et les faire survivre. Les humains ne produisent rien, ces fainéants, mais cependant, s’ils sont nourris et logés convenablement, ils effectuent les recherches, ce qui est vital pour avancer dans le projet de terraformation. Le bien-être des colons est donc au cœur du gameplay et de la progression, intrinsèquement liés pour atteindre l’objectif final de rendre Mars habitable.
Parlons-en de la terraformation. Articulée autour de phases inspirées de l’état actuel des théories qu’il faudrait appliquer pour terraformer Mars, vous devrez tout d’abord, par exemple, faire fondre les calottes polaires riches en CO² pour faire monter la température, ensuite libérer le CO² prisonnier du permafrost, et j’en passe. Ce long et délicat processus pourra être accéléré grâce à des projets spéciaux : balancer une comète pour libérer son énergie cinétique et son eau, des miroirs orbitaux pour concentrer la lumière solaire pour que plus de chaleur soit piégée dans l’atmosphère, ou encore des bombes atomiques sur les pôles pour accélérer la fonte, vous avez tout un attirail d’outils plus ou moins fantaisistes à votre disposition. Hélas, comme l’aspect narratif, il semblerait que j’ai cassé la terraformation. À peu près au moment où j’ai eu le souci évoqué précédemment, j’ai également passé une étape de la terraformation. Mais j’avais atteint le niveau d’oxygène requis pour passer à l’étape suivante… et donc le jeu ne m’a, encore une fois, pas validé une étape, et semble m’avoir privé de projets spéciaux dont j’avais besoin. Résultat, le niveau d’oxygène dans l’atmosphère s’est emballé, atteignant un confortable 60% (21% actuellement dans l’atmosphère terrestre, le maximum fut de 35% au carbonifère il y a environ 300 millions d’années). Je serais mes colons, j’éviterais de craquer des allumettes à l’air libre. De plus, j’avais bien fait monter la température au-dessus de 0, mais les océans gelés n’ont jamais fondu, n’ayant, je pense, pas validé le déclencheur. Or je comptais là-dessus pour approvisionner en eau mes colons, qui sont actuellement en train de doucement mourir de soif. Frustré, j’ai lâché.
Per Aspera a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Per Aspera a tout le potentiel pour être un bon jeu : une DA accrocheuse, des mécaniques malines et intéressantes, et une surcouche narrative prenante qui nous donne envie de continuer la partie et de connaître le fin mot d’une histoire intrigante. Hélas, le jeu est, dans l’état auquel j’y ai joué (sur une version presse donc), extrêmement bugué au niveau de ses déclencheurs : histoire ou terraformation, les deux parties du gameplay qui sont dictées par des triggers, j’ai cassé les deux soit par un bug, soit en allant trop vite dans la progression. J’ai donc perdu une partie de presque 10h, sans avoir la moindre envie de recommencer si c’est pour recroiser le même genre de problème. Dommage, si Per Aspera profite d’un patch day one, je m’y replongerai mais en l’état, il est très compliqué de le conseiller malgré le fait que sa thématique m’ait emballé.
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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