On vous en parlait ici après l’Indie World du mois d’avril 2021 : la franchise OlliOlli allait faire son grand retour après deux opus cultes (2014 et 2015) mais exigeants, avec une difficulté parfois un chouia absurde pouvant rebuter de nombreux.ses joueur·euses. Changement d’univers et de patte graphique pour le dernier-né de Roll7, cette fois-ci, on skatera sur de la crème glacée rose, on cassera des cristaux géants et on percera des ballons-chats. Au programme : quelques heures de tricks et de kiff à pleine vitesse.
Mettons-nous d’accord : pas besoin d’être déjà monté sur une planche à roulettes pour jouer à OlliOlli World – et heureusement, même si un petit intérêt pour l’objet et le sport en question semble nécessaire (on ne se lance jamais complètement par hasard dans ce genre de jeux) -, le tout consistant uniquement à rouler, grimper sur des rampes, descendre des escaliers abrupts et sauter au-dessus de divers obstacles, tout ceci les pieds vissés à une planche de skate. Mon attachement quasi direct au jeu est tout de même assez personnel, puisque j’ai vécu une grande majorité de ma vie – et plus particulièrement de mon enfance – frustrée de ne jamais pouvoir descendre les rues de mon quartier sur un skate, mes parents ne faisant clairement pas assez confiance à mon agilité pour me laisser faire (je suis de la team « ne bridez pas vos enfants », mais ils m’ont probablement évité une ou deux fractures, soyons honnêtes). La vérité, c’est qu’aujourd’hui je suis toujours extrêmement maladroite, et que mes planches de skate sont peut-être mieux accrochées dans mon salon que sous les roues d’une voiture. Et alors que les skateparks des environs me font peur parce que remplis de semi-professionnels intimidants, ceux de OlliOlli World, colorés et vidés de toute forme de jugement, donnent une profonde envie d’y rouler à vive allure, notamment grâce à un univers varié et à des personnages atypiques et toujours bienveillants. Bref, un lieu où l’on se sent bien, et qu’on peine à quitter.
C’est vraiment très joli joli
Voyez comme j’évite à la perfection les titres du type « tout roule » ou « comme sur des roulettes » pour un jeu de mots recherché et de qualité !
La vérité c’est qu’ils ont été difficiles à éviter, mais j’ai tenu bon, et je suis fière de moi (a priori pas de paroles de chansons françaises non plus, écoutez, 2022 est une nouvelle année).
Mais bref, nous ne sommes pas là pour faire des jeux de mots (si, un peu) mais bien pour parler du travail remarquable qui a été fait autour de la direction artistique : OlliOlli World est magnifique. Entièrement dessiné à la main et arborant une palette de couleurs parfois pastel, parfois flashy, il ne peut qu’attirer par son univers délibérément fun et varié, cartoonesque, rappelant bien sûr certains dessins animés du genre Adventure Time. Les premiers niveaux donnent l’impression de skater près d’une plage de Los Angeles, avec ses glaces, ses palmiers, et ses bandes de surfeurs/skateurs à casquettes. Une façon de commencer tout en douceur, dans un univers un tant soit peu familier.
Votre but dans OlliOlli World sera tout simplement d’évoluer dans cet univers loufoque et d’impressionner les dieux du skate : pour cela, vous devrez traverser plusieurs mondes (chacun associé à un dieu, avec son univers spécifique), et réussir chaque piste proposée (d’autres chemins se débloqueront par la suite, mais ne sont pas obligatoires pour finir le jeu). ll vous faudra les parcourir en franchissant des obstacles de taille, et en effectuant divers tricks (=figures) stylés. Le titre peut ainsi s’amuser avec des couleurs et des motifs différents en fonction du dieu à impressionner : forêts, cascades, déchetterie géante, désert remplis de squelettes de créatures étranges, les idées vont bon train et fonctionnent à chaque fois.
Avec ou sans les petites roues, c’est vous qui choisissez
Alors que dans la vraie vie on laisse assez peu de place aux néophytes des planches à roulettes, OlliOlli World vous fait confiance dès le départ : vous êtes la nouvelle recrue d’une bande de skateurs sympathiques qui croit en vous et qui vous accompagnera tout au long de votre voyage. Si les mondes sont bien différents les uns des autres et permettent une diversité et une liberté graphique sympathiques, le gameplay est, lui, forcément un peu répétitif. Eh oui, parce qu’au bout de quelques heures, tout se ressemble un petit peu : un nouveau monde propose des petits tutos de différentes figures (certaines vous seront absolument nécessaires pour passer certains niveaux), puis vous lance sur plusieurs pistes, où votre objectif principal sera de franchir la ligne d’arrivée. En plus de cela, vous aurez l’opportunité de remporter des points (donnés par les tricks effectués) et d’ainsi accéder à des paliers purement symboliques, mais qu’il est toujours plaisant d’atteindre.
Un des personnages vous propose également une petite série de quêtes annexes (faire tant de tricks différents, exploser tous les ballons, éviter tous les chats, etc.) qui permet de débloquer des objets pour personnaliser son petit skateur – on se prend d’ailleurs très vite au jeu de la customisation de son personnage, même qu’il y a Danny Trejo. Le jeu est construit de telle façon que les quêtes ne sont en aucun cas obligatoires : vous pouvez très bien réussir les niveaux sans atteindre un nombre de points conséquent – ça a souvent été mon cas par exemple – profitant simplement des lieux et de la vitesse. Le but principal étant de s’amuser et de jouer comme bon nous semble.
Parce que la grande force de ce nouveau titre de la franchise OlliOlli, c’est son accessibilité. Alors que les précédents opus demandaient parfois une technique un peu trop pointue (fini l’atterrissage précis en appuyant sur le « A »), OlliOlli World demande juste un peu de dextérité pour enchaîner les tricks, et d’adresse pour manipuler les différents boutons/sticks (croyez-moi, si vous avez tendance à confondre votre droite et votre gauche, il y a quelques moments compliqués). Le stick de gauche nous permet de sauter – mais également d’effectuer certaines figures en le tournant dans un sens précis -, alors que le « A » nous permet de gagner de la vitesse en poussant avec le pied, tandis que les gâchettes, elles, permettent de faire quelques tricks. Rien de très compliqué au niveau de la manipulation, mais la difficulté s’ajoute avec la vitesse : quelques pistes donnent du fil à retordre, et vous recommencerez peut-être une dizaine, une vingtaine de fois avant de passer un obstacle. Chaque nouvel essai est l’occasion de gagner en précision, et la réussite est, après quelques jurons, d’autant plus satisfaisante. Et si la notion de difficulté reste présente, elle n’est pourtant pas injuste, et les points de sauvegarde vous inciteront à recommencer, encore et encore, jusqu’à réussir, soit de façon approximative, soit brillamment, mais personne ne sera là pour vous juger.
À vouloir trop en faire, on perd forcément son équilibre
Le jeu propose de multiples façons de gagner des points tout au long de notre course à la reconnaissance. Chaque piste vous propose plusieurs plafonds de points à crever, ainsi qu’un rival à battre. Ces points se gagnent grâce aux tricks effectués : si le titre nous en apprend quelques-uns grâce à des tutoriels rapides mais efficaces, il nous propose également un petit dictionnaire de tricks, pour se perfectionner et en essayer des nouveaux.
Une palette large qui fait plaisir à voir, puisque le jeu se diversifie d’autant plus, mais qui se perd dans des subtilités de manipulation des touches parfois complexes quand notre personnage roule déjà à pleine vitesse en évitant les obstacles. La prise en main est donc facile pour les bases, mais assez longue pour explorer toutes les possibilités. Le titre donne parfois l’impression d’idées assez mal exploitées, mais qui passent heureusement au second plan, le jeu acceptant d’être utilisé par le joueur et non l’inverse : c’est à nous de choisir comment jouer, rien ne nous sera imposé. La liberté jusqu’au bout.
OlliOlli World a été testé sur Nintendo Switch via une clé fournie par l’éditeur. Il est également disponible sur PC, PlayStation 4 et 5, et Xbox One et Series X.
OlliOlli World signe le retour de la franchise de la plus belle façon qui soit : un jeu accessible à tous, que l’on peut exploiter à fond en remplissant tous les objectifs ou que l’on peut prendre à la cool, simplement en se baladant en skate dans les différents univers qu’il nous propose. Le style graphique et les nombreuses possibilités au niveau du gameplay donnent un nouveau souffle de liberté à la franchise. Vous n’avez plus qu’à le savourer en attendant le retour du soleil.
Chloé
Gameuse padawan depuis que j'ai découvert Céleste, j'espère un jour avoir le titre de maître Jedi grâce à TPP.
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