Double Kick Heroes, Just Shapes and Beats et maintenant Old School Musical. Les jeux musicaux indés ont le vent en poupe en cette année 2018, pour le plus grand plaisir de mes esgourdes. Sorti il y a deux semaines donc, Old School Musical, développé par le studio français La Moutarde, porte très bien son nom : il s’agit d’un jeu de rythme retraçant l’histoire du jeu vidéo. A travers des pistes chiptune d’artistes reconnus et une patte graphique bien rétro en pixel art, on prend tout au long de l’aventure un certain plaisir à enchaîner les notes tout en essayant de reconnaître les clins d’œil présents dans chaque niveau. De là à en faire un incontournable ? C’est moins sûr.
Je n’ai entendu parler de Old School Musical que l’année dernière lors de la Paris Games Week. Et pourtant, le titre édité par le label français Playdius fait parler de lui depuis 2015. Il en aura fallu du temps au petit studio pour sortir son bébé, mais le voici enfin, un an donc après ma première approche assez enthousiaste.
Un œil en arrière
Old School Musical nous fait suivre les aventures de Tib et Rob, deux frères liés par une enfance difficile qui devront sauver l’univers d’une menace qui les dépasse. A travers une vingtaine de niveaux, il faudra affronter les lignes de notes qui nous assaillent pour tantôt fuir, tantôt se battre ou simplement progresser dans le monde que l’on traverse. Ces mondes d’ailleurs, que le scénario agréable (soulignons ce point : un scénario sympa pour un jeu de rythme) nous présente, sont autant de façons de revisiter l’histoire du jeu vidéo.
Car oui, si l’histoire principale n’est finalement qu’un prétexte, c’est bien d’un titre nostalgique qu’accouche La Moutarde. R-Type, Mega Man, Metal Gear, Outrun ou même, plus récemment, The Last of Us, chaque niveau aura son thème graphique et les costumes que porteront nos héros dans les différents niveaux y correspondront. Mais il n’y a pas que l’aspect graphique, tout en pixel art, qui nous rappellera les belles années de notre enfance (sauf la mienne parce que je suis trop jeune pour avoir connu les consoles 8 et 16 bits), mais aussi ses compositions chiptune. Quelque 50 morceaux viendront rythmer l’aventure et les mini jeux. Des morceaux composés par des artistes de la scène reconnus comme Dubmood ou encore Zabutom. Yponeko, moins connu, restera tout de même la personne ayant le plus composé, car étant directement rattaché au studio.
Une bonne note
Sur l’aspect musical, si on déplorera peut-être un manque de rythme général qui nous fait parfois grogner pour se motiver, je dois avouer que c’est maîtrisé. Les morceaux, reprises ou plus originaux, sont vraiment bons individuellement (gros coup de cœur pour les morceaux Iso City et Korobeiniki). Par contre, c’est sur le gameplay qui va avec que ça pèche un peu plus. Il faudra taper sa manette en rythme en utilisant les quatre boutons à droite plus les gâchettes hautes (sur une manette Xbox 360). Autant les boutons A, B, X et Y, on les reconnait, on arrive à les lire lorsqu’ils apparaissent à l’écran. Autant lorsqu’on passe sur un segment à gâchettes, tout devient plus brouillon et moins précis. La faute à des barres trop fines qui sont peu lisibles avec le décor en mouvement en arrière-plan. Mais encore plus dommage, la gestion de la difficulté est, à mon sens, ratée. Les morceaux en facile sont BEAUCOUP trop faciles, lorsqu’on passe en moyen, c’est encore trop facile mais, quand on se décide à passer au mode difficile, là le jeu s’emballe.
Si j’ai tout de même réussi certains morceaux que je connaissais déjà bien en difficile, faire des niveaux que l’on ne connaît pas du tout dans le mode de difficulté le plus élevé tient du suicide sauf si on est un expert des jeux de rythme à la manette. On s’en aperçoit peut-être encore plus lorsqu’on tente le mode Chicken Republic, disponible après la fin de l’histoire, un mode ajoutant des effets divers à l’écran et aux touches pour compliquer la chose. Il manquait vraiment à Old School Musical un niveau de difficulté entre les deux afin de nous présenter un titre devant lequel on ne pique pas du nez de temps en temps à cause du manque de rythme et de challenge ou sur lequel on écrase sa manette de nervosité, avec les yeux tellement concentrés sur l’image qu’on en sort en ayant mal. J’avais déjà abordé ce point lors de mon Partie Rapide sur la bêta du jeu. Dommage qu’il n’y ait pas eu d’équilibrage de ce côté-là.
Du ri fifi sur la recette
Comme dit plus haut, l’histoire de Old School Musical, bien que prétexte au sujet du jeu, se laisse suivre de façon très plaisante, avec des personnages et des dialogues bien écrits ainsi qu’un humour omniprésent. Certes, celui-ci ne vole pas très haut et ne plaira absolument pas à certains, avec ses blagues à base de « J’te sors un morpion géant de là où je pense » ou de « Ta mère est tellement grosse que… ». Mais chez moi ça fait mouche, d’autant que certaines situations rigolotes sont assez bien amenées et pas juste jetées à la tête du joueur en lui disant « Tiens ! Voilà une blague ! Rigole maintenant ». Les références visuelles cachées un peu partout dans les niveaux sont elles aussi sympa à trouver et, lorsqu’on les découvre, on lâche régulièrement un petit sourire en coin en se disant que, bah oui finalement, c’était logique de trouver cette référence dans ce niveau si on y réfléchit bien.
Donc voilà, je viens d’écrire un petit test somme toute classique, construit correctement, à l’appréciation de lecture plus ou moins forte, mais, au final, très banal, ne se démarquant pas de la masse de tests sortis chaque jour par les centaines de personnes écrivant sur le jeu vidéo, professionnels comme amateurs. Un peu comme Old School Musical en fait. Oui, le titre de la Moutarde est réussi. Oui, on prend du plaisir à enchaîner les niveaux et les morceaux. Mais OSM se contente simplement de réciter sa partition du jeu musical efficace par cœur, sans jamais apporter ce quelque chose qui le fera sortir du lot. Je le répète, on prend du plaisir, mais, une fois le jeu terminé et éteint, on l’oublie assez vite et on retourne à sa petite vie. Alors voilà, rien que pour son prix très honnête je vous conseille de le faire un coup et, si vous ne l’avez pas aimé, au moins vous aurez eu droit à une chouette playlist.
Benjamin "Noodles"
Faire des jeux de mots c’est mon dada. J'aime bien tous les jeux aussi. Sauf les mauvais ou ceux qui nous prennent pour des glands.
Articles similaires
Toads of the Bayou - Crapaud l'artiste !
nov. 25, 2024
Miniatures - La poésie du souvenir
nov. 20, 2024
Rogue Flight - Monte dans le robot, Zali !
nov. 16, 2024