Ah, l’éternel débat sur la longueur des jeux vidéo… Sont-ils trop longs inutilement ? Trop courts pour leur prix ? Personnellement, je me suis toujours éloigné le plus possible de ces discussions, du moment que je passe un bon moment, peu m’importe que le jeu soit long à terminer ou au contraire défile à la vitesse de l’éclair. Enfin ça, c’était avant Lucifer Within Us.
C’est Kitfox Games, le studio montréalais, toujours assez modeste mais qui a déjà derrière lui notamment le sympathique The Shrouded Isle, qui est venu nous livrer ce jeu d’enquête. Et ça tombe bien puisque l’on manque toujours de ce genre de jeux et que je suis en pleine période pour, après avoir déjà fait dernièrement Paradise Killer. Tout ne pouvait que bien se passer, encore plus après avoir vu le trailer.
Enquête movie maker
Tout semble aller pour le mieux dans le monde de Lucifer Within Us. Cela fait maintenant un siècle qu’il n’y a plus eu de meurtre dans cet univers mêlant progrès technologique et religion (très) poussée. Mais ça, c’était avant qu’Ada, le personnage que vous allez incarner, soit appelée pour comprendre la mort violente et soudaine de Mère Miriam, la prêtresse de l’abbaye de Sainte-Walburge. Et attention puisque, s’il s’agit bien d’un meurtre, dans Lucifer Within Us cela veut dire que le coupable est possédé par un Daemon : heureusement qu’Ada est à la fois enquêtrice et exorciste !
Vous avez déjà mené une enquête dans un jeu vidéo ? Vous ne devriez pas être perdu. On commence par fouiller les lieux pour trouver des indices, on interroge les témoins parmi lesquels se trouve le coupable et on confronte les affirmations à ce que l’on sait et ce que l’on a découvert.
Mais Lucifer Within Us réussit à se sortir du jeu d’enquête classique grâce à deux bonnes idées. La première vient de son univers : en effet, comme je le disais, vous êtes dans un monde où un coupable n’est en réalité que la victime d’un Daemon qui le contrôle en jouant sur ses peurs/envies. Ainsi, si comme dans tout jeu d’enquête il vous faudra trouver le coupable, quand et comment il a réalisé son crime, il sera aussi nécessaire au travers de son mobile de comprendre quel Daemon a bien pu le pousser à passer à l’acte (votre personnage se balade avec son petit compendium consultable à tout instant pour trouver le Daemon à l’origine du méfait).
En plus de l’originalité de son univers et ce qu’il apporte dans le jeu, Lucifer Within Us bénéficie d’un gameplay très réussi et qu’on aimerait voir réutilisé tellement il est bien pensé. Chaque personne interrogée sur ses agissements aux alentours de l’heure du crime voit son témoignage ajouté à votre chronologie sous la forme d’une piste, à la manière d’un logiciel de montage. Cela permet à la fois de revenir facilement sur certains points précis du récit mais aussi tout simplement de confronter les dires des uns et des autres concernant un moment donné : Vous étiez vraiment en train de vous occuper des rosiers ? Pourtant j’ai un témoin qui m’explique qu’à ce moment-là, il vous a vu passer à l’intérieur du bâtiment, d’ailleurs les traces de pas correspondent à vos chaussures. C’est si instinctif à utiliser qu’il va être difficile de faire sans maintenant. Le jeu permet même de passer d’un témoignage à un autre sans avoir à se balader à l’autre bout du niveau pour retrouver la personne.
Allez, une fois la première enquête finie y a bien UN truc qui m’embêtait : le doublage du jeu. Je n’ai rien contre les doubleurs en soi et c’est une très bonne idée, en plus d’une traduction écrite du jeu en français de proposer un doublage qui va avec mais à l’écoute, on a l’impression que les doubleurs québécois cherchaient à cacher leur accent, donnant aux conversations des personnages un petit quelque chose qui manque de naturel et baissant ainsi la qualité de leur travail (cela dit, ça reste moins choquant que la situation inverse avec un personnage français dans un film Marvel qui parle avec un pur accent de nos amis nord-nord américains). C’est bien dommage, d’autant plus que laisser aux doubleurs leur accent n’aurait absolument rien enlevé à la qualité du titre et de ses dialogues.
Un univers sombre (parfois très sombre même…) mais qui reste plaisant à suivre et qu’on a envie de découvrir plus avant, un gameplay aux petits oignons qui arrive à sortir son épingle du jeu : aurais-je trouvé mon petit GOTY surprise de l’année ? Ah, si seulement…
Le coup du soufflé
Voyez-vous, j’avais passé la première enquête/tutoriel plutôt tranquillement, la seconde avec son témoin/suspect supplémentaire s’était déroulée elle aussi sans encombre et c’est lors de la troisième enquête, alors que j’étais sur le point d’aller confronter le/la/les coupables (vous avez vu comment j’essaye d’éviter les spoils ?) que j’ai réalisé un truc auquel je ne m’attendais pas. Je me souviens même l’avoir dit à voix haute tout seul devant mon ordi : « Attends, ça va être la fin du jeu là ? »
Malheureusement oui, c’était la fin du jeu qui arrivait déjà après 2 (très) petites heures de jeu. 3 enquêtes dont une qui fait office de tutoriel séparent le début de la fin de l’aventure de Lucifer Within Us. Et elles ne sont pas spécialement plus longues au fur et à mesure (contrairement à un Ace Attorney par exemple). Pour 20 dollars (je n’ai pas le prix exact mais on va pas se mentir, cela devrait être le même chiffre en euros), ça fait peu tout de même.
Comprenez-moi, une nouvelle fois je n’ai absolument rien de base contre les jeux courts, mon meilleur ami est un jeu cou… euh j’ai passé de très bons moments sur des jeux qui dépassaient à peine les 60 minutes. Mais la brièveté de Lucifer Within Us a une incidence sur son histoire. En effet, les plus gros moments scénaristiques du jeu se déroulent après la troisième enquête, à un moment où vous n’avez plus qu’à passer les dialogues pour voir comment se termine l’histoire.
On est à peine rentré dans ces enquêtes entremêlant foi, Daemon, vieilles haines et technologie qu’on vient débrancher la prise, ça y est c’est fini vous pouvez partir. Et c’est bien dommage tant l’univers semble pouvoir nous fournir quelque chose d’intéressant (pour une suite peut-être ? Ou des enquêtes supplémentaires distillées dans le temps ?) .
Cela donne vraiment l’impression que le jeu a connu une fin de développement précipitée. Il manque quelque chose, ne serait-ce qu’une enquête supplémentaire pour dévoiler ces éléments entassés dans la scène finale. Et ce glossaire des démons qui semble pouvoir contenir plus que les 4 initiaux (voir image du dessus) n’aide pas à se départir de cette impression. C’est une vraie déception pour un jeu qui avait pourtant tout pour lui… Allez Kitfox Games, tu annonces une suite plus longue, tu prends ton temps et on oublie tout !
Lucifer Within Us a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Si l’on se base uniquement sur son gameplay, Lucifer Within Us a tout pour plaire et j’espère sincèrement qu’on pourra revoir son système de témoignages dans d’autres jeux tellement il est bien pensé. Quel dommage que sa fin précipitée laisse une mauvaise dernière impression…
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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