De la gestion, une catastrophe climatique et de très mignons artworks, il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour avoir envie de tester Diluvian Winds, développé par Alambik Studio et édité par Goblinz Publishing et IndieArk. Pour un premier jeu, Diluvian Winds est à la fois une jolie expérience prometteuse et un peu frustrante en accès anticipé.
En tant qu’éditeur, Goblinz Publishing annonce sur son site mettre l’accent sur « les problèmes environnementaux et sociaux », des fois, ça tape à côté comme avec Neurodeck et des fois ça donne As Far As The Eye qui est un jeu charmant et original qui manque cependant d’équilibrage et se révèle incroyablement difficile. J’ai beaucoup d’affection pour As Far As The Eye, non seulement pour son ambiance et sa direction artistique, mais aussi pour le propos qu’il développe sur l’utilisation parcimonieuse des ressources et le respect de la nature. J’étais donc curieuse de voir ce qu'allait proposer Diluvian Winds.
Y a plus de saisons ma bonne dame
Un blaireau, tout en haut d’un phare, regarde inquiet vers le large pendant qu'un écureuil récolte des salades… Ce n’est pas le début d’une blague nulle ni une métaphore, c’est le début de Diluvian Winds, qui nous transporte dans un monde visiblement ravagé par une météo sauvage. De bric et de broc, ce monde en proie au dérèglement climatique est peuplé d’animaux anthropomorphiques qui tentent de survivre et de reconstruire des communautés. Votre phare sert de refuge et de repère pour les diligences qui déplacent les habitants de ce monde déréglé où rien n’est permanent à part le phare et son gardien.
Chaque journée de jeu va se dérouler en quatre phases : l’accueil de la diligence lors duquel certain·e·s de vos hôtes s’en vont et d'autres arrivent en fonction de la place disponible. Ensuite, il est temps d’assigner à chacun une tâche pour la journée : construire, récolter des ressources, se reposer ou consolider les constructions existantes. Puis c’est l’heure du repas, chaque recette aura des effets sur le lendemain et la journée se termine avec l’entretien du feu et un récapitulatif des effets à venir. Et puis… c'est reparti pour un tour.
Solide, mais pas particulièrement originale, cette formule sert de base sur laquelle viennent se rajouter différentes idées et mécaniques. D’abord, et avant tout, la météo. Dans Diluvian Winds, l’antagoniste, c’est le climat. Périodiquement, un raz de marée ou une éruption sous-marine vient ravager vos constructions. Plutôt donc que de développer à l’infini, il s’agit surtout d’empêcher que tout ne s’écroule, d’autant que la place dont vous disposez est limitée au-dessus comme en dessous de la mer. Bien sûr, la météo du jour impacte les capacités des personnages, certains préfèrent le soleil, d’autres, la pluie et certaines météos sont plus propices à des tâches qu’à d’autres. Il faut donc planifier ses ressources sur plusieurs jours pour pouvoir entretenir les bâtiments, le feu et nourrir vos hôtes.
Les personnages qui arrivent au phare appartiennent à différentes espèces avec leurs propres particularités (5 espèces terrestres et 5 espèces aquatiques pour le moment) : les castors produisent plus de bois tandis que les souris sont douées dans le travail du fer et les canards sont experts en production d’huile (écoutez c'pas moi qui fais les règles). Chaque invité·e ne reste qu’un nombre limité de jours et partira avec la première diligence arrivée une fois ce délai passé. Chacun·e possède également une quête (avoir des insectes pour le dîner, produire une certaine quantité d’une certaine ressource, construire une pièce précise, etc.) qui, lorsqu’elle est effectuée, rapporte un certain nombre de morceaux de plan nécessaires pour débloquer les étapes de l’arbre de compétences. Il faut également souligner que certaines pièces sous-marines apportent un élément d’automatisation en permettant de planifier des productions sur plusieurs jours. Ce n’est pas très avancé, mais l'interaction des différentes pièces et ressources permet d'augmenter la complexité.
En somme, Diluvian Winds ne révolutionne rien, mais il propose un système qui fonctionne avec des animaux mignons et c'est très bien comme ça.
The Winds of (no) Change
Évacuons tout de suite une grande question qui accompagne souvent les accès anticipés (et même, hélas, les jeux théoriquement finis), d’un point de vue technique tout fonctionne, pas de bug à déplorer, nous pouvons donc nous pencher sur ce qui est actuellement disponible.
Contrairement à certains de mes petits camarades, j’adore les campagnes et les modes histoire dans les jeux de gestion, probablement parce que je manque d’imagination pour me fixer des objectifs et trouver de l’intérêt à un jeu au-delà de quelques heures. Ça tombe bien, car Diluvian Winds propose un mode histoire dont les quatre premiers chapitres (plus un chapitre 0) sont disponibles. Malheureusement, ce mode narratif peine à être autre chose qu'un long tutoriel très linéaire et très rigide. Chaque chapitre introduit une ou deux nouveautés et ne laisse guère le loisir de s’en écarter, ça donne l’impression de vous prendre par la main et de ne jamais vous lâcher. On se prend à espérer que la suite s'extirpera du carcan du tutoriel pour développer l’histoire et l’univers.
Un mode « scoring » est disponible en bêta (et pour le moment, il est difficile de savoir ce qui fait des points). Vu la linéarité étouffante du mode histoire, le mode bac à sable qui consiste donc à survivre le plus longtemps possible est, pour l'instant, le plus satisfaisant, car il permet de construire et évoluer à sa guise. Dans la mesure où les ressources et les espèces sont limitées, il faut souligner que le jeu possède un aspect très répétitif inhérent à ce type de jeu de gestion où la survie à court terme prime sur tout le reste. Le cycle des intempéries est également assez répétitif, la seule chose qui change, c’est l’intervalle entre les intempéries et le type et l’intensité de la catastrophe qui va arriver. De même, les événements aléatoires sont très peu nombreux et tournent vite en rond.
Cependant, malgré des aspects très répétitifs et un mode histoire plutôt décevant, Diluvian Winds est loin d’être dépourvu de qualités et ce qui est prévu pour la suite est plutôt prometteur. D’abord, c'est joli et incroyablement mignon. Les animaux sont adorables, l’intérieur des pièces donne envie d’aller s’y blottir, aucune méchanceté ni mesquinerie ne semble régner dans cette utopie-dystopie animalière où l’entraide et la concorde règnent dans un monde dévasté par le climat. Ensuite, dans les limites de ce qui est disponible, Diluvian Winds propose des systèmes qui fonctionnent bien, avec la possibilité de jouer sur un certain nombre de composantes. Les développeur·euse·s promettent également d’enrichir l’univers en complétant avec des possibilités de construction de modules aériens et donc avec cinq nouvelles espèces aériennes. Des nouvelles salles ainsi que davantage d’événements aléatoires sont aussi au programme, de même que la suite du mode narratif. La sortie de l’accès anticipé est prévue d'ici à six mois/un an.
Le problème de l’accès anticipé dans le cas présent, même s’il se justifie, car un certain nombre d’améliorations pourront être effectuées grâce aux retours des joueur·euse·s (et que c’est un accès anticipé tout à fait honnête qui offre une bonne base bien fonctionnelle et plaisante à jouer), c’est que si les mises à jour apportées ne sont pas très conséquentes, elles ne donneront guère envie de relancer le jeu avant la sortie définitive.
Diluvian Winds a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Diluvian Winds est un joli jeu de gestion qui propose une utopie dans une dystopie. Malgré un mode narratif qui n’arrive pas à être autre chose qu’un très (trop) long tutoriel et un aspect très répétitif à la fois inhérent au genre et au format d’accès anticipé, il regorge de bonnes idées et vu sa feuille de route, il devrait au final être au moins un jeu de gestion tout à fait honnête avec une adorable direction artistique. Est-ce que ça ira au-delà, sans doute pas, mais c’est déjà pas mal et pour son prix actuel ce n’est pas un pari trop risqué. Reste que le format d’accès anticipé n’est pas forcément très adapté dans le cas présent, car les mises à jour risquent de ne pas être assez importantes à chaque fois pour avoir envie de le relancer avant sa sortie définitive.
Les + | Les - |
- Une DA absolument adorable et créative | - Le mode narratif n'est pour le moment qu'un long tutoriel |
- Fourmille de petites idées et détails ingénieux | - Répétitif en raison du nombre limité de ressources et de bâtiments |
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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