Les tycoons ferroviaires, c'est un de mes dadas. Développer son réseau, planifier ses routes, optimiser les voies pour fluidifier le trafic, puis finalement regarder ses trains faire leur petite vie, c'est la dose de sérotonine dont j'ai besoin après une dure journée de travail. Railway Empire 2 me procure tout ça et un peu plus.
Je n'avais pas aimé son prédécesseur. Railway Empire était un jeu au mieux sympathique, et au pire médiocre, plombé par une interface brouillonne et des limitations qui l'empêchait d'atteindre le niveau de concurrents comme Transport Fever ou le vénérable OpenTTD. Ce n'est pas qu'il était mauvais, il y avait deux trois bonnes idées et systèmes qui marchaient, mais la triche de l'IA et les limitations à une seule ère par partie ne donnaient pas envie de relancer le jeu régulièrement. Fort heureusement, Railway Empire 2 corrige tous ces problèmes, ajoute des mécaniques et des fonctionnalités de qualité de vie, sans ajouter d'autres problèmes par-dessus. Et il se permet même le luxe d'être joli comme tout. J'ai trouvé mon nouveau dealer de joie ferroviaire.
TER : Ton Entreprise Réussie
Comme son prédécesseur, Railway Empire 2 se déroule entre 1830 et les années 40. 110 ans d'histoire ferroviaire à parcourir sur deux immenses cartes couvrant l'Amérique du Nord et l'Europe. Il ne faudra pas espérer faire l'intégralité de la timeline en une seule partie (à moins d'y passer des dizaines d'heures). En effet, le rythme de défilement du temps fait qu'une décennie prend environ une dizaine d'heures de jeu. Les ères ne sont pas verrouillées à une par partie comme dans le précédent opus, mais c'est tout comme. On peut y passer des centaines d'heures pour faire toute l'histoire de 1830 à 1940, mais comme souvent dans ce genre de jeux, au bout d'un moment tout challenge disparait et la carte est recouverte de vos lignes qui finissent par tourner toutes seules. Du coup, il est tout de même plus agréable de relancer une partie à une date ultérieure pour essayer de nouvelles technologies et locomotives. En soi, c'est donc très similaire à ce que faisait le premier jeu, en vous verrouillant dans une seule ère et en vous forçant à recommencer une partie pour explorer de nouvelles technologies, mais on apprécie tout de même la liberté de pouvoir continuer après un changement d'ère si l'envie vous prend et de quitter la partie quand bon vous semble pour en commencer une autre.
Avant de détailler les mécaniques et pourquoi elles fonctionnent particulièrement bien par rapport à son prédécesseur, évoquons rapidement les modes de jeux de Railway Empire 2. Tout d'abord, le jeu propose des tutoriels séparés du reste du jeu dans des petites missions propres. Hélas ils ne fonctionnent pas très bien, les objectifs ne se valident pas lorsque vous faites ce que vous demande le tuto, et donc vous êtes softlock sur ces missions, car le jeu ne vous autorise pas à faire ce que vous voulez tant que l'objectif n'est pas validé. Ce n'est pas dramatique, c'est tout de même assez clair ce que l'on doit faire dans ce jeu, et, comme nous le verrons, les outils de construction et de planification sont intuitifs et au bout de quelques heures, cela sera comme une seconde nature. Vous aurez également une campagne vous transportant à travers l'histoire ferroviaire des USA et de l'Europe, faisant également office de tutoriel. Je n'ai pas fait la campagne (je ne fais jamais les campagnes dans les tycoons), mais je conseille tout de même d'au moins commencer la première mission pour découvrir un petit peu les ficelles du jeu avant de se lancer dans une partie libre. Le jeu propose par ailleurs un mode Partie Libre (avec argent, concurrents et gestion) et un mode Sandbox (avec argent infini et pas de concurrent). Dans le mode Partie Libre, vous pourrez ajuster la difficulté comme bon vous semble : nombre de concurrents, leur niveau, argent de départ, est-ce que vous activez l'inflation ou pas, prix des locomotives et des constructions. Les options sont suffisamment granulaires pour pouvoir précisément ajuster la difficulté en fonction de ce qui vous convient.
En jeu, vous êtes donc confronté à des concurrents, jusqu'à un maximum de trois. L'aspect gestion n'est pas ultra-complexe. L'argent entre facilement, et sort de manière claire (il n'y a pas de frais cachés surprises qui vous plombent, ou de frais kilométriques sur vos trains comme sur d'autres tycoons ferroviaires). Il faudra tout de même faire attention à l'équilibre de vos comptes et, par exemple, ne pas placer des dizaines de postes de maintenance qui vous coutent une somme fixe chaque jour pour éviter des pannes sur vos trains. Tous les trimestres, le jeu vous affiche un bilan détaillant vos entrées et sorties d'argent (séparant investissements et frais fixes). Contrairement au premier jeu, vous n'avez pas à gérer le personnel à la main par train. Vous avez un onglet personnel global qui s'applique à l'ensemble de votre compagnie qui vous permet de choisir leur temps de travail, salaire, formation, ce qui augmente, ou baisse, leur efficacité et joue sur la perception de votre compagnie par le public. Comme dans le jeu précédent, il y a un petit aspect boursicotage qui vous permet d'acheter des parts de vos concurrents, jusqu'à en obtenir 100% et les acheter. Une fois l'entreprise adverse acquise, vous avez le choix de fusionner, et récupérer l'intégralité de leur réseau au sein de votre entreprise, soit d'en faire une filiale et de la laisser aux bons soins de l'IA et de récolter le surplus financier tous les trimestres. Dernier point, et non des moindres, la recherche qui fonctionne simplement en accumulant un montant fixe de point de recherches par mois (que vous ne pouvez pas influencer). La gestion n'est pas folle de complexité, mais elle est suffisamment divertissante pour satisfaire vos envies de courbes qui montent.
SNCF : Société Nationale de la Construction Fun
Railway Empire 2 est un tycoon somme toute très classique. Il n'y a pas de mécaniques révolutionnaires. Vous êtes lâché sur une immense carte avec des villes et des industries diverses et c'est à vous de faire un réseau ferroviaire pour approvisionner les villes en denrées dont elles ont besoin, tout en faisant bien évidemment attention à votre argent et à vos concurrents. Les villes grandissent lorsque vous les approvisionnez et obtiennent de nouvelles usines en fonction de la population (une est débloquée à 40 000, une troisième à 80 000). Vous voilà donc aux États-Unis ou en Europe, et vous construisez votre première gare dans votre ville de départ, et une seconde dans une industrie proche qui livre des denrées dont la ville a besoin (au début, il s'agira de produits de première nécessité, et au fur et à mesure les produits seront de plus en plus complexes et nécessiteront parfois une chaine de production entière). Vous les reliez et là : vous découvrez un des meilleurs systèmes de construction de voies ferrées des tycoons ferroviaires. Comme dans la plupart des jeux du genre, il faudra faire attention au terrain pour éviter les pentes trop abruptes que vos locomotives n'apprécieront pas, les tunnels et les ponts trop longs. Fort heureusement, en mode construction, la carte est remplacée par les courbes de niveau vous permettant de tracer vos lignes de manière raisonnable en fonction du dénivelé. Ce mode construction est un mode planification. C'est-à-dire que vous pourrez tracer vos voies ferrées même si vous n'avez pas l'argent pour les construire et le jeu s'en souviendra.
Et la dernière cerise de ce mode construction, c'est le système de signalisation. Dans la plupart des jeux comme Transport Fever 2, il faut placer à la main les signaux de direction sur les lignes et les feux au niveau des aiguillages, ce qui peut s'avérer quelque peu fastidieux. Pas là. Vous décidez de la direction de votre voie, et le jeu place automatiquement les signaux. Pareil en gare où vous placez juste un aiguillage généré automatiquement en fonction du nombre de voies qui sortent de votre gare. Et en plus, le jeu se permet même de vous laisser doubler les voies entre deux gares d'un clic (le bouton nécessaire n'apparait pas dans certains cas). Je pèse mes mots en disant qu'il s'agit probablement d'un des meilleurs systèmes de construction de voies ferrés. Pas de casse-tête sur l'optimisation des feux, des aiguillages, fini de vous retrouver avec des trains bloqués (d'autant que Railway Empire 2 vous signale si vous vous êtes trompés dans une direction ou dans un aiguillage de gare) sans que vous ne compreniez pourquoi. C'est la meilleure innovation de qualité de vie sur un jeu du genre depuis longtemps et quel plaisir de construire son réseau avec ce mode de construction.
Une fois vos gares et voies construites, vous devez donc bien évidemment créer une ligne. Vous avez le choix entre plusieurs types de lignes : mixte (passager et fret), express (uniquement passager et courrier), et fret. Au début, je pensais que faire une ligne de fret entre une industrie de matière première et la ville qui en a le plus besoin serait le plus optimal. Mais il s'avère que, assez logiquement, il est préférable de faire une ligne mixte entre l'industrie, Ville A, et Ville B (pour livrer la production de Ville A à Ville B et inversement, tout en ayant des passagers et du courrier pour remplir le train en cas de problèmes de production). Le système logistique devient vite assez complexe et on peut assez facilement se retrouver avec une gare saturée nécessitant donc plus de voies. Votre spaghetti logistique peut être optimisé en ajoutant certains bâtiments dans vos gares. Par exemple, il peut être intéressant de placer un entrepôt dans un de vos hubs pour qu'il redistribue le surplus de certains biens dans les autres villes, vous évitant d'avoir à ouvrir des lignes entre chaque industrie et ville. De la même manière, installer des hôtels dans vos gares rurales (qui ne desservent que des industries) permet aux passagers utilisant des trains mixtes d'effectuer des correspondances dans ces gares. Ce système est donc très simple sur le papier, mais très vite il faudra optimiser vos lignes, les gares ne sont pas extensibles à l'infinie et si vous faites d'une ville un hub trop grand les trains s'accumuleront. Dernier point : en haut sur l'interface vous pouvez faire défiler les lignes, ce qui vous permet de voir d'un clic si une ligne fonctionne ou pas, combien d'argent elle gagne, si elle est en surcapacité ou non (et donc d'ajouter, ou retirer un train), et toutes les informations nécessaires.
Railway Empire 2 a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur
Railway Empire 2 est un des meilleurs tycoons ferroviaires auquel j'ai eu le plaisir de jouer. Gaming Minds Studio semble avoir bien compris ce qui n'allait pas dans le premier et a corrigé la quasi-intégralité des problèmes qui plombaient le jeu original. Le point le plus brillant est le système de construction et ses améliorations de qualité de vie (les signaux quoi, quel bonheur) corrigeant les choses qui m'ont probablement gâché tous les autres jeux du genre. La gestion n'est pas en reste, même si au final il ne s'agit que de gagner de plus en plus d'argent jusqu'à pouvoir acheter tous vos concurrents et dominer le marché. Et cerise sur la locomotive : le jeu est vraiment joli et se balader à la première personne dans vos trains est très relaxant. Et en plus, il y a du multi en coop.
Les + | Les - |
- Le système de construction intuitif | - Le temps défile un peu lentement empêchant de jouer l'intégralité de la timeline en une partie |
- Le système de signalisation automatique | - L'argent rentre un peu facilement |
- Plein de modes de jeu et de difficulté | - Un arbre de recherche long qui ne permet pas de dézoomer |
- Pas moche du tout | - Les tutos ne fonctionnent pas |
- Remplacer toutes ses locomotives en un seul clic | |
Tritri
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