Premier jeu PC de Subliminal et deuxième jeu en général du studio, Button City avait fait son apparition sur nos écrans lors de l’édition de 2020 de Wholesome Games. Après un financement de la part de WINGS, le jeu débarque désormais dès le 11 août.
Voir des images de Button City permet de comprendre rapidement pourquoi il a été sélectionné pour Wholesome Games : des animaux mignons en guise de personnages, du low poly extrêmement coloré et une petite histoire simple à base de sauvetage de salle d’arcade et d’amitié. Mais Button City a un peu plus d’atouts que ça dans sa manche.
Un gameplay inégal
Dans Button City, on incarne Fenouil, un jeune renard qui vient d’arriver dans une nouvelle ville. Craintif et timide, il vit seul avec sa mère et a du mal à s’adapter à sa nouvelle vie. Jusqu’à ce qu’il apprenne l’existence de la salle d’arcade, où il découvre tout un nouveau monde, celui des Gobabots, jeu de robots et de smoothie à la mode pratiqué par tous les jeunes de la ville. Un enrôlement dans une équipe manquant d’un joueur plus tard et Fenouil se retrouve embarqué dans une aventure mêlant rivalité enfantine et tentative de sauvetage de ladite salle d’arcade, menacée de rachat et de destruction pour assouvir les ambitions capitalistes d’un homme d’affaires.
A partir de là, il s’agira de visiter les différents lieux de la ville, celle-ci étant divisée en couches suspendues dans le ciel, ce qui justifie l’espèce de téléportation qui sert de moyen de déplacement aux habitants. Si l’on aurait pu s’attendre à n’avoir droit qu’à un enchaînement de mini-jeux, Button City se révèle être assez riche dans ses propositions. Evidemment que les mini-jeux restent au coeur de l’expérience, après tout le sujet principal est la salle d’arcade et les jeux qui la composent, Gobabots en particulier. Mais le titre propose aussi bien des quêtes très classiques, qu’elles soient principales ou secondaires, qui n’auront pas les objectifs les plus passionnants mais qui sont assez engageantes dans leur histoire pour être une pause bienvenue. Il existe également des objectifs nécessitant de ramasser des objets ou de trouver un certain nombre de personnes, qui peuvent facilement être ignorés.
Malheureusement, les mini-jeux sont assez inégaux, en tout cas dans la version que j’ai eue en main. Ils sont au nombre de trois et, à part Gobabots qui a une importance capitale dans l’histoire principale, ils sont optionnels, permettant juste de gagner une monnaie propre à la salle d’arcade pour acheter des améliorations dans ceux-ci. L’un d’entre eux, Rythmania, ne fonctionnait simplement pas, en espérant qu’une mise à jour à la sortie corrige ce problème. rEVolution Racer, un jeu de course, se trouve être assez dur à prendre en main. Gobabots en revanche est assez agréable : il s’agit de contrôler un robot, avec possibilité d’en acheter des différents pour modifier légèrement le gameplay, qui devra réussir à récupérer des baies sur la carte pour les amener dans un mixer géant pour créer un smoothie, tout en empêchant ses adversaires d’en faire de même en les attaquant. Je me suis surprise à en redemander malgré le concept simplissime et le jeu le sait puisqu’il est possible de parler à des PNJ dans la ville et de les défier en duel.
Une autre ombre au tableau du gameplay est la lenteur du personnage principal, qui arrive à rendre immenses les carrés minuscules qui représentent les quartiers de la ville et qui fait trainer en longueur chaque action que l’on essaie d’entreprendre. Le déplacement a une sensation assez désagréable, avec un personnage qui parait lourd et difficile à manier. Si je peux comprendre ce choix de la part des créateurs, j’aurais tout de même aimé l’ajout d’un bouton pour courir, cette sensation de me trainer en permanence ayant souvent été la raison pour laquelle j’ai stoppé ma partie.
Une histoire courte mais touchante
Dire que les premiers instants dans Button City ne m’ont pas fait peur serait mentir. Le titre nous accueille dans un monde où tout le monde se délecte de smoothies à la baie de goji et de carrot dogs et dans lequel votre personnage déclare qu’il adore nettoyer les déchets qui jonchent la ville. Un sous-ton mêlant écologie performative et Instagram d’influenceurs bien-être commençait à se faire sentir, qui a rapidement été démenti et balayé par le reste de l’histoire. Si le jeu a un véritable propos anti-capitaliste, pas étayé à l’infini mais tout de même bien présent, il parle également de la difficulté de se faire des amis dans une nouvelle ville, de voir une partie de son identité et de son enfance disparaître mais aussi de devoir apprendre à l’accepter, de la difficulté d’être enfant de parents divorcés et la culpabilité qui accompagne la situation.
Plus que le jeu hipster auquel je m’attendais, j’y ai trouvé une histoire touchante et terriblement juste sur l’enfance, l’amitié et comment faire face à des sujets « d’adultes » qui nous dépassent. Des thèmes régulièrement abordés par les jeux indépendants mais qui l’est ici sans le côté nostalgique à outrance que peuvent déployer certains d’entre eux, un exploit pour un jeu centré sur le principe de salle d’arcade. Le studio a réussi à l’éviter par l’ajout d’éléments propres à l’univers, comme les bots présents un peu partout et le fonctionnement étrange de la ville, ce qui permet de ne pas pouvoir placer l’action à une époque connue. On apprécie également jouer des enfants/jeunes adolescents qui font leur âge et qui élaborent des plans absolument ridicules pour les adultes que l’on est mais qui font sens avec leur vision du monde, à l’opposé de tous les petits génies talentueux que la fiction essaie de nous dépeindre à longueur de temps. Sans oublier des quêtes secondaires franchement drôles et de la symbolique discrète, que je ne vais pas spoiler ici, mais qui montre le soin qu’ont mis les créateurs dans chaque partie de leur jeu.
Button City ne réinvente rien. Il raconte une très bonne histoire qui a déjà été racontée, nous fait faire des quêtes Fedex déjà vues et même Gobabots n’est pas un mini-jeu extrêmement original. Le titre est, surtout au niveau du gameplay, un peu l’anti Death’s Door : il ne répond pas à la copie parfaitement mais y met tellement d’amour qu’il en devient attachant. Un charme et un coeur indéniables, visibles dans sa direction artistique, qui le fait vraiment sortir du lot avec son low poly et ses couleurs à la limite de la saturation des sens parfois, qui donnent des personnages incroyablement mignons et des décors terriblement sucrés. En bref, il ne changera pas votre vision du jeu vidéo mais saura à coup sûr illuminer pendant quelques heures votre été un peu trop pluvieux. Et c’est tout à fait ce que l’on cherche dans un jeu sélectionné par Wholesome Games.
Button City a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il sera disponible à partir du 11 août sur Steam pour PC et Mac, Switch, Xbox Series et PS5.
Si Button City se fait remarquer avant tout par ses graphismes surprenants, c’est pour l’histoire touchante d’un groupe d’amis et de leur résistance innocente et enfantine face au capitalisme qui souhaite les déposséder d’un lieu qui leur est cher que l’on continue d’y jouer. S’il présente pour le moment de gros défauts que l’on espère voir corrigés à la sortie, comme le mini-jeu impossible à faire fonctionner, la courte expérience (4h pour moi pour la quête principale, en faisant quelques quêtes secondaires) vaut le coup d’oeil, ne serait-ce que pour un peu de feelgood dans une période qui reste un peu morne.
Fanny Dufour
Rédactrice le jour et rédactrice en chef la nuit. J'aime qu'on me raconte des histoires, mais seulement dans les jeux.
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