Blizzard a toujours le don pour m’avoir : même si j’ai délaissé World of Warcraft peu de temps après la sortie de Legion (avec quelques retours irréguliers), je n’ai pas pu m’empêcher de me hyper pour Battle for Azeroth, alors même que les nouveautés n’étaient pas si importantes que ça. Avais-je raison de replonger ? On va voir ça.
Legion n’a pas eu la fin la plus joyeuse qu’il soit. Même si la menace de la Légion ardente était sous contrôle (pour le moment), Azeroth perdait à la fois Illidan et beaucoup de son sang vu que le Titan Noir Sargeras parvint tout de même à planter une épée au sein même de la planète. Et bien entendu, le sang de la planète/Titan/whatever s’est révélé être une ressource très précieuse que la Horde et l’Alliance se sont empressés de récolter, quitte à totalement mettre à mal leur trêve temporaire et à ignorer le mal qui ronge leur monde. Il n’y a pas à dire, dans le monde de Warcraft, les mauvaises habitudes reviennent au galop. Surtout du côté de Sylvanas, cheffe de guerre de la Horde, qui n’a pas pu s’empêcher de se dire que mettre le feu à l’arbre sacré des Elfes de la Nuit était la meilleure idée qu’il soit, alors même que la planète est en train de mourir. Bref vous l’aurez compris, Blizzard, dans sa subtilité habituelle, nous parle d’écologie dans Battle for Azeroth mais pour de vrai, tout le monde s’en fiche.
Economie d’énergie
Alors oui, le titre de l’extension a un double sens : Battle for Azeroth peut aussi bien désigner la « bataille » pour sauver la planète ou pour sa domination. Il n’empêche que j’ai directement tiqué lorsque j’ai remarqué en tout premier lieu que mon royaume PvP était devenu un royaume PvE par défaut, alors même que l’accent était mis sur le retour de la guerre entre la Horde et l’Alliance. Une décision justifiée par le fait que tous les joueurs ne choisissaient pas forcément leur royaume et se retrouvaient traînés dans des serveurs PvP par les amis, leur guilde etc. Il n’empêche. Je n’ai jamais été une énorme fan de PvP sauvage, surtout quand il signifie avoir trois joueurs de la faction opposée qui vous tuent en boucle mais j’avais choisi mon royaume, j’assumais et j’appréciais quand même ce petit frisson lorsque j’allais faire des quêtes.
Divertissement qui aurait été d’ailleurs bien utile au milieu de toutes les quêtes insipides de cette extension. Les quêtes des MMORPG ne sont jamais très excitantes mais même celles qui demandent de trucider la moitié de l’écosystème d’une région ont parfois l’avantage de faire avancer l’histoire. Ici, quelques quêtes très linéaires vous feront découvrir le mystère de chaque lieu, à Kul’Tiras pour l’Alliance et Zandalar pour la Horde, entourées par plein de remplissage qui n’a pour but que d’augmenter vos réputations et vos niveaux. Ca devient rapidement lassant et malgré le soutien d’un excellent podcast, je commençais à être irritée par ces quêtes fedex qui ne semblaient plus vouloir finir, le jeu ayant tendance à vous donner trois missions supplémentaires quand vous en rendez deux. Certaines zones, comme Nazdar, montrent douloureusement le manque d’imagination des développeurs, les missions étant toutes les mêmes mais dans des lieux légèrement différents. Pareil pour Vol’dun, où je suis pratiquement sûre d’avoir vu des quêtes pré-Cataclysm recyclées. Le seul bon point étant Drustvar pour son ambiance mais on ne va pas se mentir, l’originalité n’est ici pas très folle non plus. D’ailleurs, contrairement aux autres extensions, aucune région n’a retenu mon attention et me donne envie de la refaire avec un autre personnage.
Recyclage
Du côté des donjons, ceux-ci servent principalement à conclure le scénario d’une zone et peuvent même sérieusement vous spoiler si vous avez le malheur d’y mettre les pieds avant d’avoir fini les quêtes en question. Leur difficulté est tout à fait moyenne, voire basse, et ils ne présenteront un challenge qu’en mythique, si vous n’êtes pas suréquipé bien entendu. Rien de vraiment dépaysant de ce côté-là donc et c’est un peu le cas pour tout le reste. Bien sûr, on essaiera de vous donner une impression de nouveauté en changeant légèrement les talents et les sorts de votre personnage et en remplaçant les armes prodigieuses par quelque chose de beaucoup moins pratique, le Coeur d’Azeroth, un collier qui récupère de l’azérite et qui vous permet de renforcer votre armure, avec des bonus superficiels qui auraient très bien marché en gardant le principe d’arme prodigieuse. Et pendant ce temps-là, les vraies nouveautés, comme quelques nouvelles races alliées, sont bloquées derrière des conditions liées à Legion. Que certaines ne soient pas débloquées tout de suite car il faut faire des réputations de Battle for Azeroth, c’est normal. Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que pour les autres, on force ceux qui n’ont pas spécialement fait Legion à retourner dans des vieilles zones pour les occuper un peu en ce début d’extension morose et qu’il est du coup un peu mensonger de les présenter comme des features de Battle for Azeroth.
Pour les bons points, comme d’habitude, il faut souligner l’excellent travail fait sur les environnements et les musiques, notamment la nouvelle musique de Jaina et son ancienne, que l’on peut entendre être chantonnée de temps en temps à Kul’Tiras pour la première et dans le quartier du donjon Portvaillant pour la deuxième. Je suis cependant chagrinée par les allusions constantes à Black Panther à Zandalar. Rien à voir avec le film, qui est plutôt bon, mais entendre des références à longueur de temps à de la pop-culture chagrine la rôliste en moi, qui est automatiquement sortie de l’immersion. Blizzard est assez coutumier du fait, on se rappellera notamment des clins d’oeil à Game of Thrones en Pandarie, mais il serait sympathique qu’ils commencent à se limiter à des petites répliques rigolotes ici et là dans des quêtes plutôt qu’en faire les phrases de base des gardes. D’autant plus que le début de Battle for Azeroth manque vraiment de quelque chose niveau histoire, on nous jette à la figure plein de petites pièces qui sont un peu dures à connecter entre elles pour le moment, donc si on ajoute à ça des allusions peu subtiles au monde réel, autant dire que le « RPG » de MMORPG se fait rare.
Obsolescence programmée
Pour être honnête, le problème n’est pas tant Battle for Azeroth que World of Warcraft en général. Cette extension n’a pas vraiment changé grand-chose par rapport à Legion et vous devez vous dire que j’aurais dû m’en douter et peut-être changer de style de jeu si ça me défrise autant. Mais je suis attachée au monde de Warcraft, aux histoires un peu stupides, aux décisions illogiques des personnages. Alors je m’en fiche si ça veut dire farmer des donjons et des expéditions en boucle, j’aime bien ça, je fais ça avec des amis ou en écoutant autre chose à côté et ça me convient très bien. Je pense que le problème vient vraiment des MMORPG en général et de la fin d’une époque. C’est annoncé depuis longtemps mais ces dernières années sont marquées par la fermeture de plusieurs d’entre eux et l’émergence de genres centrés sur un concept de parties rapides mais pleines d’action, là où les MMORPG sont un marathon. En 2005, quand World of Warcraft est sorti, ça faisait sens. Aujourd’hui, Steam est saturé de nouveaux jeux chaque semaine et si l’on aime les jeux vidéo, on commence à manquer de temps pour s’investir sur un titre en ligne qui demande d’être connecté plusieurs heures pratiquement tous les jours. Et pour la première fois, avec Battle for Azeroth, je sens la lassitude aussi bien du côté des joueurs que des développeurs, qui semblent manquer d’idées et qui ne font que le strict minimum, du moins en ce début d’extension. A voir si la suite sera plus agréable.
World of Warcraft : Battle for Azeroth a été testé sur PC via une version fournie par l’éditeur.
Je vais conclure en avouant que le principe de tester une extension d’un MMORPG en se basant sur ses premiers mois est un peu stupide. Peut-être que tout ce que je dis ici sera caduc avec les prochaines mises à jour, qu’elles me donneront tort ou peut-être que ça sera encore pire. Battle for Azeroth n’est pas une mauvaise extension en soi, elle est classique et reproduit beaucoup des erreurs qui ont déjà été commises auparavant et qui m’ont fait quitter Legion. Mais que l’on soit clair : même si j’ai souligné beaucoup de mauvaises choses, je ne suis pas déçue et je ne suis pas fâchée, simplement résignée. C’est juste que mon rapport à World of Warcraft a changé. Je ne m’y connecte plus tous les soirs pendant des heures, il n’est plus mon jeu de base mais plutôt ce cocon rassurant, dernier vestige de mon adolescence, dans lequel je me réfugie quand je veux quelque chose de simple, de connu et de divertissant. Même si en tant que rédactrice jeux vidéo, je pense qu’il s’essouffle et qu’il serait peut-être temps que ça s’arrête, en tant que joueuse, j’espère avoir toujours World of Warcraft dans un coin pour me rassurer et de nombreuses larmes seront versées quand ça ne sera plus le cas.
Fanny Dufour
Rédactrice le jour et rédactrice en chef la nuit. J'aime qu'on me raconte des histoires, mais seulement dans les jeux.
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