Vous savez quoi ? Cela fait un an déjà que The Pixel Post a été lancé sur les Internets. Un an vous vous rendez compte ? Nous, on n’a pas vu le temps passer. Du coup on a essayé de se souvenir des débuts du site, de nos premiers articles et de comment notre perception du médium vidéoludique a évolué depuis (spoiler : encore plus de sel). Puis on s’est dit qu’il serait finalement plus intéressant de remonter encore plus loin dans le passé et d’explorer des tranches de vie de nos rédactrices et rédacteurs. Pas juste des morceaux de vie type « Fanny va acheter du pain et va gueuler sur la boulangère parce qu’il n’y a pas assez de farine » ou « Zali et sa petite ville : une histoire en 12 tomes ». Non rien de ça, mais plutôt se remémorer des instants, parfois des époques entières, qui nous ont marqué dans notre vie de joueurs de jeux vidéo. Que cela se soit passé il y a 5 ans comme 48 ans (pour nos membres les plus âgés) il y aura toujours quelque chose qui nous aura touché d’une manière ou d’une autre, et nous sommes ici pour vous partager ces moments avec vous.
Un soir, alors que j’étais chez mes cousins vers l’âge de 12 ans, je me suis retrouvée à regarder mon oncle jouer à World of Warcraft. Je n’avais jamais entendu parler de ce jeu avant et j’étais fascinée par sa concentration (il allait partir en raid comme je l’ai compris plus tard), par son personnage d’homme-vache à moitié comique et à moitié impressionnant et par tous ces boutons désignant ses sorts de soin de druide. En attendant de retrouver ses coéquipiers, il nous a expliqué à ma mère et moi les bases du jeu et je savais qu’en rentrant, je devais l’essayer moi-même.
Je n’avais pas beaucoup d’expérience en jeu vidéo à l’époque. Bien entendu j’avais joué à quelques jeux de base : Pokemon qui a été toute mon enfance sur Game Boy Color et après Advance SP, les Harry Potter sur les mêmes consoles, quelques jeux en multi local pour jouer avec ma mère, les Sims et bien entendu, les SmackDown! vs Raw sur ma PS2 achetée uniquement pour ça. Car même si mes parents ne m’ont jamais empêchée de faire quoi que ce soit à cause de mon genre, je traînais qu’avec d’autres petites filles qui n’avaient pas forcément cette chance et je n’étais pas du tout plongée dans l’univers du jeu vidéo qui était encore un peu trop masculin.
Bref, enfin rentrée chez moi, j’ai persuadé ma mère que je pouvais bien télécharger la version d’essai de WoW, que ça n’engageait à rien de toute manière. Alors je l’ai fait et malgré le fait que ça tournait super mal sur mon PC pourri de l’époque, je suis tombée amoureuse. Et j’ai passé le clavier à ma chère maman pour qu’elle essaie elle-même. C’est comme ça que nous nous sommes retrouvées avec un nouveau PC, une boite contenant le jeu de base et l’extension Burning Crusade et une carte prépayée pour l’abonnement. Une fois sérieusement en jeu, j’ai dû rattraper tout mon manque d’éducation sur le jeu vidéo : comprendre ce que voulaient dire tous ces acronymes bizarres que les gens spammaient sur le canal général, choisir un rôle pour mon personnage et, le plus dur, jouer avec ZQSD.
Mes premières années sur WoW ont été les meilleures. Lire des guides et des forums à longueur de journée, faire de belles rencontres à travers les donjons que l’on devait organiser en demandant à plein de gens randoms de notre niveau s’ils étaient disponibles et quelques moments WTF aussi, comme lorsque je me suis retrouvée à plutôt haut niveau dans la zone de base des elfes de sang à aggro tous les mobs avec quelqu’un que je connaissais pas, pour juste finalement monter en haut d’une tour et sauter dans l’eau pour réinitialiser l’aggro. Nous ne nous sommes pas parlés, je ne me rappelle même plus de son pseudo, mais nous avons fait un truc débile ensemble et ça suffisait à créer une sorte de lien. J’ai encore plein d’anecdotes du genre : ne connaissant même pas la base du jeu, je me retrouvais à tanker sur ma paladin avec une arme à deux mains, ce qui me privait de nombreux sorts utiles, mais je m’en sortais malgré tout tellement bien que mes compagnons réguliers de jeu louaient mes exploits à tous ceux qui se retrouvaient greffés à notre petit groupe. J’avais également rencontré quelqu’un au détour d’un donjon avec qui je montais péniblement de niveau, tout en parlant des repas qu’il allait cuisiner à sa femme et des travaux dans sa maison. C’était ça World of Warcraft à l’époque : un jeu où on pouvait être un noob total, où on pouvait demander à des gens de nous escorter à la sortie des capitales qui n’avaient pas de carte à l’époque, où on rencontrait n’importe qui n’importe quand et avec qui on créait des liens éphémères mais restants en souvenir pour toujours.
Mais WoW ne m’a pas seulement initiée aux codes du jeu vidéo : son plus grand impact sur moi a été sur le jeu de rôle. Pleine de clichés, ma première réaction a été de ricaner lorsqu’un draeneï prêtre m’a demandé si je voulais rejoindre sa guilde spécialisée dans cette activité. Je devais avoir 14 ans à l’époque et j’avais toujours aimé écrire des histoires, dès le moment où j’ai lu mes premiers romans. Mais faire du jeu de rôle ? Seuls les gens prenant un jeu beaucoup trop à coeur faisaient ça, j’étais une adolescente avec des amis, loin d’être isolée dans sa vie. Mais il était poli et écrivait parfaitement, ce qui me plaisait, ayant toujours été très à cheval sur ça. J’ai demandé à ma mère ce qu’elle en pensait (elle aussi avait continué à jouer régulièrement) et elle m’a dit d’essayer, pour voir. Alors j’ai accepté sa proposition, en précisant bien que j’étais totalement novice en la matière. Me voilà donc chez Auta i Lomë, à passer mes soirées à participer à leurs événements et aller dans une taverne à Hurlevent (qui a changé de place depuis) pour faire du RP avec des inconnus. Bizarrement, mes meilleurs moments dans le jeu étaient donc quand je ne jouais pas vraiment.
Malheureusement, World of Warcraft commençait déjà à se détériorer. La recherche de groupe aléatoire pour les donjons, du drama dans la guilde, des gens insultants envers chaque nouveau joueur et volant du stuff aux autres, n’ayant plus la conséquence de se faire totalement ostraciser par tout le royaume… Les belles années commençaient à disparaître, les premiers émerveillements étaient depuis longtemps passés. J’ai eu la chance de passer encore du bon temps auprès des Briznuks (Horde donc cette fois), à faire des raids tranquillement avec des gens qui avaient mieux à faire qu’à prendre la tête à leurs coéquipiers pour un manque de DPS ou autre. Mais à la fin de Cataclysm, j’étais de nouveau seule, isolée sur des royaumes où l’on ne connaissait plus personne, à passer plus de temps à m’engueuler avec des inconnus qu’à vraiment m’amuser. J’ai continué à y jouer mais beaucoup moins sérieusement, jusqu’à Legion où j’ai lâché l’affaire (pour mieux revenir pour la prochaine extension en août, forcément). Mais World of Warcraft m’a ouvert les yeux sur le jeu vidéo et m’a donné l’occasion d’explorer d’autres choses : déjà tous les MMORPG sortis un jour mais aussi beaucoup de RPG solos et par la suite, plein plein d’autres choses que je n’aurais jamais pensé à chercher sans ce jeu à la base.
Malgré tout ce qu’on peut en dire aujourd’hui, j’aimerais éternellement World of Warcraft pour tout ce qu’il m’a apporté dans la vie. C’est un vieux jeu, un peu cassé et en train de mourir, mais auquel je reviendrais toujours, comme on garde un vieux doudou un peu sale et décousu. Et si aujourd’hui je suis sur ce site, à râler constamment sur des jeux que j’aime au fond malgré tous leurs défauts, c’est aussi grâce à ce titre.
Fanny Dufour
Rédactrice le jour et rédactrice en chef la nuit. J'aime qu'on me raconte des histoires, mais seulement dans les jeux.
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