Saviez-vous qu’une récente étude a montré que les Point and Click étaient les meilleurs jeux, qu’ils étaient bons pour la santé et permettaient le retour de l’être aimé ? Ils nous font voyager dans des univers incroyables, de la piraterie au monde des morts en passant par le film noir et les temples incas. Et en plus, ils nous donnent l’impression d’être intelligents… enfin, quand ils sont réussis… oui NAIRI : Tower of Shirin c’est à toi que je parle !
Quand HomeBearStudio, très petit studio dont l’animation du logo est la plus mignonne que j’ai jamais vu, a lancé son Kickstarter en Octobre 2016, c’était avec la promesse d’un Point and Click doté d’un univers original rempli d’animaux anthropomorphes, d’une histoire simple, mais mature (bonjour Pixar, assieds-toi sur le canapé), le tout sous la forme de jolis dessins et avec une multitude d’énigmes à résoudre. Autant dire que j’étais déjà en train de poinçonner mon doigt pour signer avec mon sang. Et si le jeu a accusé un peu de retard (on est passé de mars 2017 à novembre 2018… dans la moyenne d’un Kickstarter quoi), j’ai pu rapidement ressentir tout l’amour que portent les deux créateurs du studio au genre et leur envie de bien faire. Mais consultez n’importe quel livre sur les relations amoureuses et vous verrez que l’amour et l’envie ne suffisent pas.
Quand t’es dans le désert
Nairi est une petite fille on ne peut plus normale. Bon d’accord, elle vit à Shirin, une grande ville perdue dans le désert, elle a pour tuteur un raton-laveur, pour voisin un ours et on comprend vite que ses parents appartiennent à l’aristocratie locale, mais sinon rien de bien particulier. Enfin, jusqu’au jour où ses parents se font arrêter, qu’elle se retrouve obligée de quitter la ville, cachée dans une caisse en bois et bientôt capturée par une bande de chats brigands du désert.
L’objectif que vous devrez accomplir sera alors très simple, rentrer à la maison (tiens Pixar toujours là ? Tu veux quelque chose à boire ?). Heureusement pour vous, Nairi ne sera pas seule puisque Rex, un ancien rat des champs du désert devenu rat de bibliothèque, l’accompagnera dans sa quête.
Cette entraide sera surtout l’occasion pour les deux personnages d’en apprendre plus sur Shirin, ville où se déroule la majeure partie du jeu. Si humains et animaux cohabitent sans une seule forme de discrimination, la ville n’en est pas moins très hiérarchisée entre les quartiers riches d’où est originaire Nairi et les quartiers plus modestes, voire pauvres, où elle se retrouve. Des quartiers qu’elle n’a jamais vus et où règnent deux factions rivales ainsi qu’un pub où se retrouvent tous les canards du coin (blague involontaire, mais je la garde). S’ajoute à cela un élément mystique puisqu’avant d’aider Nairi, Rex est surtout un archéologue en recherche de réponses concernant les origines de la ville et de la grande tour qu’elle abrite.
L’univers constitué par Shirin est le gros point fort du jeu : la ville est vivante de jour comme de nuit, on comprend rapidement son fonctionnement et ses habitants sont variés (loup, canard, crocodile, pingouin, chat, hibou et j’en passe). Les personnages comme les décors sont très joliment dessinés et ils sont accompagnés d’une musique légèrement arabisante qui constitue le nœud sur le paquet cadeau. On regrettera simplement de ne pas avoir les pieds dans le sable pour parfaire le tout, mais on n’en tiendra pas rigueur (et puis ça reste entre les doigts de pied c’est gênant).
Le juste milieu ? Connaît pas
Si l’univers du jeu est réussi, ce n’est malheureusement pas toujours le cas de la partie technique. En tout bon Point and Click qui se respecte, NAIRI : Tower of Shirin utilise les bases du genre : écran fixe, personnage qui a des poches magiques pouvant contenir plusieurs objets beaucoup trop grands et lourds et bonne dose d’humour. La difficulté en revanche est (très) mal dosée.
Pour résumer, je me suis baladé pendant 90% du jeu. Tout est logique, peut-être même un peu trop pour une fois, et le petit carnet fourni par Rex pour donner des indices au joueur sous forme de dessins ne m’a pas servi (il n’en reste pas moins une bonne idée). La seule difficulté que j’ai rencontrée était de me repérer dans Shirin, et encore, je n’en aurais pas tenu rigueur au jeu si CHAQUE passage d’un écran fixe à un autre n’était pas ponctué par quelques secondes de chargement. Du coup, bien que les différentes quêtes soient logiques (et faciles) dans l’histoire qui nous est contée, on a plus l’impression de passer son temps à se balader (et se perdre) d’un bout à l’autre de la ville pour apporter tel objet ou fabriquer tel autre.
Et puis sont arrivés les derniers 10% du jeu et leur difficulté extrême. Loin de moi l’idée de vouloir un jeu d’énigmes trop facile, au contraire, j’aime bien me prendre la tête parfois, ne serait-ce que pour la petite décharge d’adrénaline et de satisfaction quand je trouve enfin la bonne réponse. Et quand je suis arrivé dans ces derniers 10%, j’ai été plutôt content de rencontrer de la difficulté, même si elle semblait clairement trop abrupte par rapport au reste du jeu. Et c’est d’ailleurs à ce moment-là que l’on est content d’avoir à disposition le petit livre de Rex, même si pour le coup, il ne m’a suggéré que des choses que je comprenais déjà… Mais c’est avec sa dernière énigme (que je ne vais évidement pas vous divulgâcher) trop difficile et manquant de logique que le jeu semble venir se jouer de nous (inutile d’espérer tenter toutes les combinaisons d’objets possibles comme on l’a tous fait un jour, c’est ici peine perdue).
Nairi : Tower of Shirin 0.5 part 1
J’ai aussi malheureusement connu plus d’un bug pendant mon test, et bien que pouvant être contournés, ils n’en restaient pas moins majeurs. Cela a commencé avec une galerie d’artworks que l’on peut débloquer dans un des magasins de la ville. Manque de bol, quand on veut en consulter un, on ne peut plus fermer la fenêtre nouvellement ouverte et on est obligé de redémarrer le jeu. Et puis le même problème est apparu avec certains objets récupérés, je pense notamment ici à un livre permettant de déchiffrer des symboles (heureusement que la Switch a une option capture d’écran). Et enfin, lors de la dernière énigme (comme si elle n’était pas déjà assez complexe), avec un nouveau problème qui m’a fait me demander s’il était bien possible de finir le jeu… Pour une expérience aussi courte (5h à 2/3 bugs près), on aurait aimé un jeu fini dès sa sortie. Précisons que l’éditeur a annoncé avoir résolu ce problème sur la version PC du jeu et devrait sortir un patch rapidement sur la version Switch.
En parlant de la version Switch, le jeu propose plusieurs configurations de jeu, console en mode portable ou dans son dock, manette complète en main ou avec un Joy-Con. Je vous recommande chaudement soit la version portable, soit la version dans son dock mais avec la manette complète. L’utilisation d’un simple Joy-Con manque terriblement de précision et le curseur à l’écran connaît même des ralentissements pour peu que vos mouvements soient trop rapides.
Dernière précision qui me semble nécessaire, concernant l’histoire. Sachez que vous ne connaitrez pas la fin de celle-ci à la fin de votre partie. Et oui, il ne s’agit que du début de l’aventure pour notre jeune Nairi. Il me semble important que vous soyez au courant pour ne pas finir frustré comme un certain testeur alors que des réponses semblaient enfin sur le point de tomber… et alors que HomeBearStudio n’a jamais communiqué sur ce sujet ni sur une éventuelle suite pour le moment.
NAIRI : Tower of Shirin a été testé sur Nintendo Switch via une clé fournie par l’éditeur
NAIRI : Tower of Shirin est une bonne porte d’entrée (un peu branlante cependant tant qu’elle ne sera pas patchée) pour les gens qui veulent se mettre au Point and Click ou jouer avec un petit humain de l’âge de Nairi, son héroïne. Attention cependant au manque d’équilibrage de sa difficulté en toute fin de partie. Il ne me reste plus qu’à espérer que la suite teasée à la fin verra bien le jour, parce que je reste sur ma faim et que, malgré tout, j’aimerais bien avoir l’occasion de retourner dans l’univers de Shirin un jour.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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