Aujourd’hui dans Partie Rapide, Murray vous parlera de Tangle Tower, un jeu d’enquête sur fond de drame familial, et Zali de Encased, un sympathique RPG PC qui a récemment entamé son early access.
Tangle Tower
Quand j’étais (plus) jeune, j’adorai regarder les sagas de l’été à la télé. Zodiac, Dolmen, l’Été Rouge et j’en passe, j’étais à fond. Et pourtant c’était toujours la même formule : un à plusieurs meurtres, des acteurs plus ou moins convaincants, une famille (ou deux) déchirée, un secret déterré vers l’épisode 3/4 et enfin un coupable invraisemblable révélé à la toute fin (non vraiment si vous regardez une saga en sachant qui est le coupable vous verrez que ça n’a aucun sens). Vous voyez où je veux en venir ? Je suis retombé en enfance avec Tangle Tower.
Grimoire mon beau Grimoire, dis-moi qui est le coupable
Sachez pour commencer que Tangle Tower, développé par SFB Games à qui l’on doit déjà le très sympathique Snipperclips sur Switch, est en réalité le 3ème épisode de la franchise des enquêtes du détective Grimoire. Vous l’aurez deviné, il s’agit du protagoniste principal que vous allez incarner durant les 5/6 heures qu’il vous faudra pour finir ce nouveau volet de ses aventures. Pas d’inquiétude à avoir cela dit si, comme moi, c’est votre premier épisode puisque je n’ai été perdu à aucun moment malgré ma méconnaissance du pétillant détective et de sa partenaire, plus torturée mais tout aussi drôle, Sally.
Et c’était pourtant pas gagné tellement le jeu vous lâche sans explication sur l’île où se trouve la Tangle Tower, un manoir où cohabitent deux familles aux membres bien troubles et où vient de se dérouler un meurtre. Freya Fellow a été retrouvée morte alors qu’elle peignait un portrait de sa tante, un portrait où l’on peut voir dessinée cette même tante tenant un couteau ensanglanté à la main.
Le début du jeu se déroule de manière assez surprenante (et pourtant ô combien logique dans ce genre d’enquête) : vous allez faire le tour des différentes pièces du grand manoir, en interrogeant les protagonistes présents sur les lieux au moment du meurtre et en fouillant un peu chaque pièce à la recherche d’indices. C’est ici que le jeu se diversifie un peu de la simple enquête puisque vous allez être amené à résoudre des énigmes qui devraient rappeler des bons souvenirs aux amateurs du Professeur Layton et qui vous permettront d’ouvrir des coffres et portes secrètes et de trouver d’autres éléments pour votre enquête. J’en profite pour inviter toute personne qui jouera au jeu sur Switch à y jouer en version portable tant le jeu est fait pour le tactile (ça reste tout à fait jouable à la manette mais vous perdrez en précision lors de la résolution des énigmes notamment). Il est d’ailleurs aussi disponible sur l’Apple Arcade (et sur PC).
Vol, meurtre, espionnage : la face cachée de Tangle Tower
On cherche des indices, on résout des énigmes, on interroge des suspects… Il faudrait voir à ne pas perdre trop de temps et trouver la/le/les coupable(s). Pas d’inquiétude, on s’éloigne des sagas de l’été ici où l’héroïne préfère perdre du temps et coucher avec son partenaire masculin rencontré 1 jour plus tôt et qu’elle accusera du meurtre à l’épisode suivant. Non dans Tangle Tower, vous aurez rapidement l’occasion de confronter les différents protagonistes pour découvrir leurs secrets. Et si vous avez un doute, pas de stress, aucun game over n’est possible, vous n’aurez qu’à retenter votre chance.
Une enquête d’ailleurs qui vous emmènera bien plus loin que le simple meurtre initial et durant laquelle vous ferez face à des affaires de famille, des secrets enfouis, des romances interdites (saga de l’été oblige) et bien sûr un dénouement un peu trop alambiqué pour son propre bien et une fin qui, bien que n’amenant pas nécessairement à une suite, laisse un peu l’amateur d’énigmes que je suis sur sa faim.
Un dernier mot pour déclarer mon amour face au character design réussi, bien pratique pour différencier la dizaine de personnages qui débarquent rapidement sans que l’on sache vraiment qui est qui dans l’arbre généalogique, et à l’ambiance, mélange subtil entre le sérieux d’une telle enquête et l’humour amené par certaines situations et répliques. Une ambiance soutenue par un doublage en anglais de très (très) bonne qualité.
Tangle Tower a été testé sur Switch via une clé fournie par l’éditeur.
Tangle Tower ne révolutionne pas un genre, mais il fait très bien tout ce qu’il entreprend. On pourra simplement lui reprocher son dernier quart et son niveau de difficulté qui reste le même, c’est-à-dire amusant sans être réellement prise de tête, tout au long de l’enquête.
Encased
Ô, longue est la route qui mène jusqu’à la naissance du prophète qui réunira sous une même bannière toutes les chapelles de joueurs à la recherche de l’ultime néo-RPG en 3D isométrique inspiré de Fallout 2. Un exercice de style capable d’accoucher du meilleur, comme le récent Disco Elysium, mais avant lui des pépites que furent Tyranny, Underrail ou Wasteland 2. Dernier champion à entrer dans l’arène via une Early Access très solide : Encased, un RPG signé par l’équipe russe de Dark Crystal Games.
Par où t’es entré on t’a pas vu sortir
Encased a la bonne idée de reprendre de la série Fallout deux idées fortes : une approche du RPG laissant la part belle à des solutions alternatives à la force brute (infiltration, charisme…), et un setting uchronique proposant un point de divergence dans un passé relativement proche. Pour Fallout, c’était les années 50 et l’ère nucléaire, pour Encased, ça sera les seventies, ses afros, ses combinaisons SF en aluminium, ses proto-ordinateurs à grosses diodes qui font blip blop, quelque part entre un clip des Daft Punk et de vieux épisodes de Doctor Who.
Le prétexte utilisé ici est l’apparition soudain d’un Dôme s’étendant lentement de manière concentrique à l’intérieur duquel se trouvent cachés les artefacts d’une civilisation disparue. Seuls les objets inanimés peuvent en sortir, les humains se contentant de pouvoir y rentrer. Visiter le monde d’Encased, c’est donc entamer un voyage sans retour, et découvrir la civilisation de castes qui s’est développée bon gré mal gré à l’intérieur, attirant autant les Damnés de la Terre que des aventuriers en quête de fortune ou encore de simples prisonniers dont on a voulu se débarrasser. Très peu de contenu scénaristique est encore accessible au-delà du tutoriel, un hub central qui vous occupera tout de même cinq ou six heures, mais le peu que j’ai pu voir est extrêmement encourageant, pas follement original mais surprenant de maîtrise narrative et de cohérence dans l’écriture des quêtes.
Au cœur de l’intrigue et de la manière dont votre aventure se déroulera, on retrouve ce fameux système de castes : les différentes strates de la population du hub sont réparties en fonction de la couleur de leurs vêtements : noir pour les militaires, gris pour les fonctionnaires, blanc pour les scientifiques, orange pour les ouvriers etc… Ce choix initial proposé en début de partie et vos relations avec les différentes factions seront au coeur de votre capacité ou non à résoudre les péripéties du jeu. Difficile au stade de développement actuel d’Encased de savoir à quel point tout cela fonctionnera bien sur les 40H promises par le jeu, mais pour le moment, c’est assez prenant. On appréciera particulièrement le fait que tout semble pensé pour une large diversité d’approche, et que les combats y soient souvent assez facultatifs.
La route est encore longue
Attention cependant, Encased a encore les défauts de sa jeunesse. Les combats sont très déséquilibrés, le jeu n’a pas encore un système économique très solide, et beaucoup de choses dans les menus laissent cruellement à désirer, voire prêtent à confusion. C’est un peu habituel dans ce type d’exercice, mais on apprécierait que tous les accès anticipés aient la même honnêteté que celui-ci : les améliorations à venir et la roadmap du jeu sont clairement indiquées et datées à chaque lancement du titre.
Ce début prometteur ne doit cependant pas occulter que le monde des RPG PC post-apo est assez concurrentiel. Ce qui manque un petit peu pour le moment à Encased, c’est une identité propre, des PNJ un tant soit peu marquants ou un antagoniste mémorable. En effet, c’est encore un peu générique. Certes, Dark Crystal Games semble vouloir mettre surtout en avant la liberté et l’exploration de l’Open World, mais si ceci n’est pas articulé par des intrigues et des personnages se démarquant vraiment de la moyenne, le jeu risque de passer quelque peu inaperçu à sa sortie. Cela serait dommage, avec un potentiel aussi évident.
Encased a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Encased n’aura sans doute pas l’impact d’un Disco Elysium ou du futur Wasteland 3 dans le monde pas si petit que cela des RPG PC en 3D isométriques. Mais il est très prometteur, et le peu qu’il laisse à jouer pour le moment donne follement envie d’y revenir quand son développement sera un peu plus abouti. Une excellente surprise que je vous recommande chaudement.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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