Aujourd’hui dans Partie Rapide, Murray vous parlera de Superliminal, un jeu de réflexion inventif mais qui s’essouffle un peu vite, et Veltar de Discolored, un jeu d’énigmes court et un peu trop simpliste.
Superliminal
Avez-vous déjà fait ce fameux rêve où vous vous retrouvez à courir dans un couloir sans fin, généralement poursuivi par un monstre, des zombies, une rédactrice en chef en colère ou encore Nadine Morano ? Personnellement j’ai souvent fait une variante de ce rêve où ce n’était pas le couloir qui était sans fin mais où je semblais faire du surplace malgré mes efforts pour m’éloigner le plus possible. Superliminal, sans le vouloir, a réveillé toutes ces peurs en moi. Je voudrais pouvoir dormir à nouveau.
Juste une mise au point
Dormir, voilà un terme qui tombe bien puisque Superliminal se passe dans un rêve, ou plutôt dans une succession de rêves (vous pouvez clairement penser à Inception avec une belle fausse moustache). L’histoire vous place dans la peau d’un patient ayant rejoint la clinique Somnasculpt, gérée par le docteur Glenn Pierce (dont la voix va vous accompagner pendant votre aventure), clinique dont la spécialité semble être la thérapie par le rêve.
Un rêve dont vous allez devoir sortir malgré ses portes fermées ou placées à des hauteurs à priori inatteignables. Heureusement pour vous, qui dit rêve dit non-respect des règles de base de la physique du monde réel de la réalité véritable. Superliminal va vous permettre de jouer avec la perspective pour vous sortir de toutes les situations. Prenons l’exemple d’une salle avec une porte trop haute pour être atteinte et une simple boite sur laquelle vous pouvez monter. Prenons la boîte, de base trop petite, et visons le plafond. La boite semble être de la même taille que quand elle était dans vos mains sauf qu’elle est maintenant visuellement en hauteur à plusieurs mètres au-dessus de vous, du coup si vous lâchez cette dernière, elle deviendra de plus en plus grosse en se rapprochant de vous, vous permettant enfin de pouvoir grimper dessus et d’atteindre la sortie de la salle.
Je sais, je sais c’est un concept qui semble de base assez confus (et je ne peux que vous inviter à regarder le trailer pour mieux comprendre cette mécanique à la base du gameplay du jeu), mais que c’est réussi. J’ai passé facilement les 10 premières minutes du jeu à jouer avec la même boite, l’agrandissant au maximum avant de lui donner la taille d’un dé, tout en ponctuant mes modestes exploits de réguliers « ahhhh », « ohhhh » ou encore « malinnnnn ».
Superlimité
Oui mais voilà, durant les deux petites heures que dure cette plongée onirique, l’effet de départ fini par s’estomper assez rapidement. Le jeu implémente bien de nouvelles mécaniques, toujours basées sur la perspective, comme par exemple se placer à un certain endroit pour faire apparaitre un objet ensuite utilisable, mais on reste sur un puzzle game assez classique et limité, seulement rehaussé par quelques nouveaux effets de perspective et de chutes propres au monde du rêve.
Le jeu reste beau, multipliant les changements de décors et d’ambiances en allant vers plus d’abstrait et de minimalisme plus vous vous enfoncez dans le monde des rêves, ce qui permet de ne jamais s’ennuyer, mais il lui manque la petite touche supplémentaire des grands comme Portal ou The Stanley Parable. Un petit « je ne sais quoi », comme disent les Américains quand ils utilisent une expression française avec leur accent, qui fait toute la différence entre une bonne expérience et un classique. Reste une fin qui pourra paraitre un peu mielleuse pour certains, touchera les autres (c’était mon cas) et qui en tout cas permet de justifier l’aventure que l’on vient de vivre.
Superliminal a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Je parlais dernièrement de Sparklite et de sa dernière partie que je trouvais décevante. Même si c’est dans une moindre mesure, on nage dans les mêmes eaux avec Superliminal, l’originalité du gameplay en plus. Le jeu de Pillow Castle se rêvait très grand, ce n’est pas le cas. Mais il n’en reste pas moins une expérience réussie qui vaut le détour, ne serait-ce que pour son idée fondatrice.
Discolored
« Il fait le job ». Je n’ai pas trouvé meilleure manière pour décrire Discolored. Ce jeu d’énigmes à l’ambiance étrange vous occupera entre 1h et 2h. Et c’est exactement ce pourquoi il a été créé. De toute façon, vous devez le savoir si vous passez souvent sur ce site, la durée de vie d’un jeu n’est pas un élément-clé quand il s’agit d’en faire la critique. Selon le gameplay, le scénario ou la vision derrière le développement, un jeu d’une heure pourra être bien plus puissant et évocateur qu’un qui en durerait 40.
Un mélange de couleurs
Et pour Discolored, on est donc parfaitement dans ce ton-là. Son créateur, Jason Godbey, n’a pas voulu faire un jeu intense et profond. Il propose pour cela un puzzle-game en vue FPS aux décors ultra épurés. On y retrouve un peu des idées présentes dans son jeu précédent, The Search, lui aussi basé sur la résolution de casses-têtes.
Toutefois, le contexte est bien différent. The Search se déroulait dans un environnement lumineux et tournait autour de l’art. Dans Discolored, exit tout cela. On se retrouve emporté depuis un bureau vers un restaurant, plus précisément l’un de ces fameux “diner” américains. En face, une cabine téléphonique, et au centre une route. Rien autour, d’ailleurs suivre la route dans un sens ou dans l’autre nous téléportera à chaque fois en arrière. Reste donc le diner et ce qu’il y a autour.
Si l’on est ici, c’est pour une raison précise : remettre de la couleur dans cet endroit étrange. Car il faut avouer que le vide environnant et le noir et blanc donne un aspect atypique à tout ça. Le créateur du jeu ne s’en cache pas puisqu’il cite parmi ses inspirations The Twilight Zone, la série mythique qui traite du mystérieux et du bizarre. C’est quelque chose qu’on pourra ressentir au fur et à mesure que l’on progresse et que les énigmes se résolvent.
Basique, simple
Et justement, parlons des énigmes. Cœur du jeu, elles sont pourtant d’une difficulté assez limitée et seules un petit nombre d’entre elles demandent un vrai temps de réflexion. Mais ce n’est pas tant leur complexité elles-mêmes que la petite taille de l’univers dans lequel on évolue et le manque d’interactions qui posent problème.
On ne peut en effet agir que sur les objets nécessaires à l’avancement de l’aventure. Ce qui fait qu’il est très rapide de faire le tour des endroits importants et de tester les combinaisons les plus évidentes. Discolored est certes conçu pour être expérimenté en une unique session de jeu, mais un peu plus de défi aurait été sympathique.
On peut se consoler avec le côté relaxant de l’ambiance et des musiques, même si l’une des dernières vient un peu altérer cela (elles évoluent au fur et à mesure de la progression). Les sonorités assez douces et mystérieuses laissent place à un aspect presque angoissant, comme si une menace pesait, et j’en suis même venu à me demander s’il n’y avait pas un timer caché. Enfin, l’aventure se termine sur des petits plans plutôt jolis, et ouvre plus ou moins vers une possible suite.
Discolored est un jeu correct. Il n’a pas des qualités graphiques incroyables ni un gameplay révolutionnaire. Vendu moins de 7€, honnête dans ce qu’il propose et offrant une ou deux énigmes sympas, il conviendra à tous les publics amateurs d’énigmes basiques et de jeux indés. De quoi occuper une heure ou deux.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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