Cette fois-ci dans Partie Rapide, Un Rieur vous parle de Skate City, un petit jeu où tout roule, et Jok de Hundred Days – Winemaking Simulator, un jeu qui tourne au vinaigre.
Skate City
J’ai découvert les jeux vidéo en plein boom de l’ère Tony Hawk Pro Skater, à la fin des années 1990 et début 2000, et pour moi, les jeux de skate font partie d’une époque vidéoludique chargée en nostalgie mais somme toute révolue depuis longtemps. Cependant, ces dernières années, il semble que l’industrie ait un regain d’intérêt pour ce genre (pour mon plus grand plaisir) avec des titres comme OlliOlli ou le superbe remake Tony Hawk Pro Skater 1+2. Skate City tente de se faire une toute petite place dans ce créneau tout en prônant une philosophie de jeu beaucoup plus douce que ses concurrents.
OKLM sur mon SK8
Il n’y a pas énormément à dire sur Skate City étant donné que c’est un jeu avec peu de contenu et qui n’appelle pas à une grande profondeur. Le postulat de départ est simple : vous êtes là pour vous détendre en faisant quelques figures dans des décors inspirés de véritables spots de skate, le tout sur une musique chill que ne renierait aucune radio chill-hop sur YouTube. Le jeu se découpe en deux parties : vous pouvez soit vous promener librement (mais toujours de gauche à droite) dans les trois environnements disponibles et y faire quelques objectifs ou éditer vos propres vidéos de skate, soit faire des défis afin d’engranger quelques points pour personnaliser votre avatar, ou débloquer de nouvelles figures. Si on fait vite le tour des défis et de l’exploration libre (environ 3-4h pour ma part), le plaisir offert par Skate City ne vient pas de la complétion mais de l’ambiance très calme qu’il propose. Malgré un gros travail sur ladite ambiance, je dois avouer ne pas avoir trop accrocher, la faute peut-être aux conditions dans lesquelles j’ai joué à ce titre, à son manque de contenu, ou bien au côté froid de ses environnements, mais toujours est-il que ça reste un jeu très correct.
De manière générale, Skate City ne s’adresse pas franchement à moi, étant donné que je suis plutôt un amateur de jeux de skate plus « dynamiques » à l’image de la série Tony Hawk. En revanche, il faut reconnaître que ce qu’il fait, il le fait relativement bien. Les commandes répondent au poil, et à part le feeling un peu trop « flottant » à mon goût, je pense qu’il peut largement satisfaire des joueurs qui ne cherchent pas la précision et le côté grisant des jeux « arcade » moins sommaire. De plus, même si les défis se répètent un peu, ils restent diversifiés : entre ceux où l’on doit échapper à un poursuivant, ceux où l’on doit faire des figures à un endroit précis, les objectifs de points etc… En fait, si j’ai voulu me lancer dans ce titre, c’est parce que j’avais l’espoir que l’aspect « tricks » soit un peu plus développé qu’il ne l’est actuellement, et que je voulais profiter de l’ambiance très posée pour claquer mes meilleurs enchaînements sur fond de musique douce et avec un certain esthétisme. Malheureusement les figures possibles sont trop limitées à mon goût, et je trouve qu’il ne tire pas assez profit de son environnement en 2D pour pouvoir faire des sessions intéressantes. Au moins, Skate City peut plaire à des joueurs qui ne cherchent pas à maîtriser toutes les subtilités d’un jeu de skate plus « traditionnel » et souhaitent une expérience plus légère. Je pense que le jeu aurait gagné à avoir un mode histoire ou à laisser un peu plus de liberté de mouvements aux joueurs, car même s’il est sympa en l’état, il reste un peu trop limité.
Skate City été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur, il est aussi disponible sur Switch, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series.
N’allez pas croire que je trouve Skate City mauvais, je le trouve seulement trop simple, et un peu pauvre en contenu. Néanmoins je pense que ça reste une expérience intéressante si jamais vous cherchez un petit jeu pépère pour vous détendre. J’espère qu’avec le temps, le contenu s’enrichira un minimum en proposant de nouveaux défis voire de nouveaux lieux.
Hundred Days – Winemaking Simulator
J’aime bien les jeux vidéo, si si, vraiment. Ce que j’aime bien aussi, c’est le vin : une autre passion coûteuse et conseillée avec modération (que j’arrive à maîtriser à peu près comme ma consommation de jeux Yakuza). Quand Broken Arms Games a annoncé un jeu qui parle de vin, j’ai tout de suite pensé que ce serait pour moi. En plus, Hundred Days – Winemaking Simulator est un jeu de gestion, et comme j’aime les chiffres également, il y avait beaucoup de choses pour me plaire. Malheureusement, le mélange n’a pas pris pour de nombreuses raisons.
Jouet en vin
Commençons par ce qui fâche le plus : le mode histoire. Que peut-on attendre d’un mode histoire dans un jeu de gestion ? De nous en expliquer les règles avec une petite histoire sympa qui permettra de découvrir les menus, des petites astuces, les différentes tactiques offertes par le jeu pour réussir dans l’entreprise qui nous est confiée, et tous ces éléments qui permettent de pouvoir ensuite développer notre exploitation viticole pour inonder le monde de notre superbe « Château Patate grand cru bourgeois » pendant des années ; ou de notre vin spécialement calibré pour les apéritifs d’été, le sec et minéral « Blanche Pomdeter ». Ici, rien de tout ça ne vous sera proposé, l’histoire est très rapide et n’aborde même pas 20% des menus du jeu. Une fois celle-ci terminée, on est lâché dans la nature avec peu d’informations sur comment développer les différents secteurs de notre vignoble. De plus, cette histoire est une succession de clichés avec l’opposition entre les ruraux (présents sur place) et les citadins (par la présence de l’héroïne qu’incarne le joueur ou la joueuse). La technologie contre la tradition, éternel sujet maltraité par un grand nombre de récit, n’était pas si loin d’avoir un angle intéressant avec un des personnages qui souhaite lier les deux. Mais voilà, quand on veut associer un drone à la croyance des cycles lunaires sur la vigne et autre nourriture holistique, on ressort avec une caricature de touriste riche qui pratique le yoga plutôt qu’avec une réelle synthèse entre deux mondes. Non, la biodynamie n’est pas utile et traditionnelle, d’ailleurs elle date du début du 20ème siècle alors que le vin remonte au 6ème millénaire avant notre ère, et les 8000 ans entre l’apparition du vin et de la biodynamie, ça allait, on faisait déjà du vin.
In vinasse very tôt
Ce problème de survol du gameplay par l’histoire amène à un autre problème : une fois l’histoire finie (en moins d’une heure et trente minutes, je l’ai fait deux fois, pour être sûr) il n’y a plus qu’un jeu sans vrai objectif, donc plus vraiment un jeu, tout au plus un jouet. On peut continuer à agrandir son exploitation progressivement, et lentement, jusqu’à avoir l’ensemble des terrains, débloquer toutes les technologies et planter tous les cépages, mais à quoi bon ? Rien n’incite à continuer longtemps à part l’envie de chiller dans des vignes pastel avec une musique calme (mais rapidement répétitive). Et c’est peut-être par là qu’il faut finalement entrer dans ce Hundred Days : l’envie de découverte simple et le chill. Les mécaniques de gestion sont simples (mais mal expliquées), elles nous apprennent le cheminement du raisin de la plantation de la vigne à la vente de la bouteille avec suffisamment de détails pour qu’on s’y implique. La notion de terroir et l’importance des facteurs géologiques, climatiques, biologiques sont trop rapidement expliqués et auraient mérité plus de temps. Mais introduire ces éléments peut permettre à certains de trouver l’envie d’en savoir plus sur ces sujets. C’est d’ailleurs également un regret que de voir sous-exploité le lieu choisi par les créateurs du jeu : les Langhe, une région italienne dans le Piémont, productrice de vin, dont le nom est évoqué mais aucun historique sur les vignobles ou les appellations n’est donné.
Hundred Days – Winemaking Simulator a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Une histoire trop courte, un terrain trop petit, des notions trop peu explicitées, un tuto qui ne présente pas assez les mécaniques : Hundred Days – Winemaking Simulator en fait trop peu sur tous les points. Il n’en reste pas moins un jeu qui permettra de se détendre sans réel objectif en produisant du vin dans un décor pastel. Si vous avez besoin de repos et envie de vous retrouver dans la campagne italienne à boire un verre sur la terrasse d’un vignoble, ça pourrait vous convaincre. Si vous cherchez un jeu de gestion un peu exigeant ou un apprentissage un peu pointu sur le vin et la culture viticole dans son ensemble, passez votre chemin et espérez, comme moi, que du contenu soit ajouté ou qu’un autre jeu traitant du sujet arrive dans les mois ou années à venir.
Un Rieur
J'aime tous les jeux, surtout les jeux un peu nazes ou cassés. C'est pas parce que c'est nul que c'est pas bon, et puis j'aime aussi la bouffe, et le JDR
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