Partie Rapide est notre nouvelle chronique mensuelle, où nos rédacteurs parleront à chaque fois de leur coup de cœur ou de gueule sur deux petits jeux sortis dans le mois. Ce mois-ci, Zali vous parle de Sine Mora Ex et Fanny de West of Loathing.
Sine Mora Ex
Ne soyons pas dupes, ce qui a sauvé Sine Mora d’une indifférence complète lors de sa première sortie en 2012, c’est parce que ce modeste shoot them up hongrois a reçu l’attention (et la patte graphique) de Grasshopper Manufacture, maison mère du bouillant et farfelu Suda 51 venu au renfort de l’équipe de Digital Reality. Bien que ce dernier n’ait pas été à ce que l’on sache impliqué dans le développement de Sine Mora, il n’en reste pas moins que la touche Grasshopper était là : colorée, rythmée, bourrée d’idées, et au service d’un gameplay et d’un scénario assez ambitieux. Car oui, tenez-vous bien, Sine Mora était un shoot them up qui brillait avant tout par ce qu’il avait à raconter, et ils ne sont pas si nombreux que cela. A l’occasion d’une ressortie en version remaster sous le nom de Sine Mora Ex sur PC, Switch et PS4, nous vous proposons de redécouvrir l’étonnante proposition de ce jeu désormais édité par THQ Nordic.
Evacuons tout de suite la partie purement gameplay. Votre serviteur est absolument nul, mais alors vraiment un gros nul de chez nulleville, quand on parle de shmup. A part Axelay sur Super Nintendo, je n’en ai fait quasiment aucun, ou alors juste cinq minutes ici ou là pour pleurer sur ma propre incompétence. Je serai bien incapable de vous expliquer comment fonctionne le scoring, quels sont les différents modes de jeu ou comment s’organiser pour battre le jeu dans les modes de difficultés les plus hauts. Cette version EX ajoute quantités de challenges et d’épreuves, passe l’image en 16:10 et donne un sacret coup de polish aux textures. C’est très beau, et le jeu est très profond, voilà. En ce qui me concerne, j’ai réglé la difficulté assez bas, quand même beaucoup échoué, et récolté la note “E” à chaque tableau. Sine Mora a beau être abordable, il n’a pas une approche spécialement « casu ».
Et pourtant, mon petit coeur de gamer a autant battu quand j’ai joué à la première version de Sine Mora, voilà déjà quatre ans. Pour la simple et bonne raison que les petits malins de chez Digital Reality avaient placé deux éléments plutôt malins au coeur de leur soft : le système de barre de vie, et le scénario, l’un étant parfaitement au service de l’autre. Sine Mora, avec sa narration éclatée et ses multiples allers et retours dans le temps, nous place aux commandes de différents pilotes d’un peuple luttant pour se venger d’un génocide, et dont les survivants sont parqués pour servir de sujets d’étude à des expériences sur la manipulation du temps.
Et c’est cette manipulation du temps qui est au coeur du scénario et du système de HP du jeu. Sans en dire trop au risque de dévoiler des éléments cruciaux de l’intrigue, disons simplement qu’à l’instar d’un Super Time Force Ultra, le temps est au coeur de l’expérience. Chaque ennemi tué vous rapporte du temps, chaque coup reçu vous en enlève, et vous pouvez dans une certaine mesure accélérer ou ralentir le passage des secondes. Toute la magie de Sine Mora tient au fait que cette mécanique est extrêmement simple à appréhender, et qu’elle est au service d’une histoire assez magistrale (selon les standards du genre, tout du moins).
Sans aller parler d’un récit profond qui chatouillerait les sommets philosophiques d’un SOMA ou la folie furieuse d’un Deadly Promonition, on a là un des rares jeux du genre qui vous donnera envie d’aller un peu plus loin non pas tant pour battre votre propre record de points ou faire le run parfait que pour avoir envie de connaître le dénouement de cette tragédie aérienne. Peut-être pas indispensable si vous connaissez Sine Mora premier du nom, sérieux concurrent au titre de bonne surprise de l’été dans le cas contraire.
West of Loathing
Parfois, on veut jouer à un RPG mais sans la complexité d’un Dark Souls ou l’univers un peu sombre d’un The Witcher, qui demandent une attention constante. West of Loathing semble remplir parfaitement cette tâche : un univers western simple, des bonhommes en stick et un côté RPG plus pour le fun qu’autre chose. Fait par Asymmetric et suite du jeu sur navigateur Kingdom of Loathing, cet opus a le droit cette fois à une sortie Steam en bonne et due forme et un vrai système de combat au tour par tour.
Pour vous expliquer un peu l’histoire du jeu, vous êtes une personne faite de sticks tout à fait ordinaire qui décide de partir vers l’Ouest pour vivre des aventures. Après un au-revoir à vos parents et à votre frère (qui s’en fiche éperdument), vous voici sur la route. Mais vous vous retrouvez éjecté du chariot sur lequel vous voyagiez et vous devez retrouver un moyen pour rejoindre l’Ouest. Voilà en gros pour la partie « lore ». Votre personnage sera amené à visiter plein de villes, à parler à des habitants plutôt sympathiques et à gagner plein de chapeaux (obligatoires si vous voulez pouvoir boire quelque chose au saloon).
Du fun et juste du fun
West of Loathing est le genre de jeu qui prête à sourire tout du long. Oui certaines blagues ne sont pas fines et l’humour tient plus du burlesque que des traits d’esprit mais tout est fait pour passer un bon moment, sans se poser plus de questions que ça. Que ce soit au niveau du comique de répétition avec les différents crachoirs, où le jeu vous fait comprendre qu’il est dégoûté par votre choix de fouiller dedans, ou chaque description d’objet, il y a toujours quelque chose à un moment qui vous fera dire que vous aimez vraiment ce jeu. Sans oublier la direction artistique, surprenante au premier abord mais avec un charme indéniable grâce à son noir et blanc et son côté dessins faits à la main.
Et vu que le but du titre est plus d’être un divertissement qu’un challenge, le gameplay est très facile. Il est dur de mourir et si jamais ça arrive, il n’y aucune conséquence à part le fait de devoir parfois retourner à l’endroit où on réalisait sa quête pour pouvoir la finir. On gagne des niveaux rapidement ainsi que de l’équipement, améliorable à certains endroits, et on finit par choisir ses armes plus pour l’effet cool qu’elles peuvent avoir que pour leur efficacité. Comme dans tout bon RPG, vous êtes affublé d’un compagnon, non obligatoire mais très recommandé vu sa proportion à être très très fort, bien plus que vous. En plus des batailles contre des vaches démoniaques et squelettes, quelques puzzles viendront rythmer votre aventure. Rien de très compliqué mais ce seront les rares fois où il faudra un peu plus prêter attention à ce qu’il se dit (ou si vous êtes comme moi et que vous avez tendance à cliquer un peu trop rapidement, il y a déjà plein de guides sur Internet faits par des gens sympathiques).
Le titre a quand même quelques défauts : j’y ai joué plusieurs matins d’affilée (ce jeu est parfait avec le café) et j’ai fini par m’en lasser malgré toutes ses qualités. Il y a beaucoup de répétitions, de retours en arrière pour pouvoir récupérer des objets pour des quêtes et peu de diversité au niveau des ennemis. West of Loathing est un divertissement qui doit être apprécié petit à petit, comme une tablette de bon chocolat, un carré à la fois, au risque de s’écœurer trop rapidement et de passer à côté d’une bonne expérience.
Pour une dizaine d’euros, West of Loathing possède un rapport qualité/prix plus qu’honnête : vous y passerez de nombreuses heures agréables qui permettront de bien décompresser après une journée stressante ou de vous réveiller tout en douceur. Je le conseille chaudement.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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