Cette fois-ci dans Partie Rapide, Tritri gère des stations de métro dans Overcrowd et Fanny revit son enfance en jouant à un jeu de solitaire très particulier, The Solitaire Conspiracy.
Overcrowd
Premier jeu du tout petit studio SquarePlay Games, Overcrowd est donc un jeu de gestion de station de métro. Votre job sera donc de construire une station qui pourra accueillir le plus grand nombre de voyageurs, tout en leur proposant moult services (pour assouvir la soif de consommation de vos usagers) et en offrant un environnement sain, propre et agréable. Tout un concept pour quiconque a déjà mis les pieds à Châtelet-les-Halles en pleine canicule. Si sa présentation annonce quelque chose de mignon et léger, une fois le clavier en main, l’expérience s’avère être aussi stressante que la correspondance Ligne 6 – gare Montparnasse avec trois valises et un train dans 10 minutes. Verdict, et n’oubliez pas : ne passez pas à la fin pour lire juste la conclusion, vous risquez de vous faire pincer très fort.
[ACCIDENT SUR L’INTERTITRE, PROCHAIN DANS 20 MINUTES]
Quand vous lancez le jeu, vous êtes accueilli par un tutoriel relativement complet. Placement des quais, gestion des flux, placement des tourniquets, propreté, service, le jeu vous explique en quelques minutes ses mécaniques de base. Mécaniques d’ailleurs très simples au fond. Les usagers veulent tel truc, vous devez leur proposer. Les usagers n’aiment pas telle chose, à vous d’y remédier. Le jeu propose trois modes : campagne, freeplay, et défi. La campagne est une série de maps, générées procéduralement, où vous devez atteindre des objectifs de plus en plus complexes, les technologies débloquées étant persistantes dans la map suivante. Le freeplay lui s’organise autour de plein de paramètres réglables pour personnaliser au maximum votre partie (argent infini, map, objectifs, évènements, toutes ces bonnes choses). Et le défi est donc une map fixe avec objectifs qui changent chaque jour.
Mais voilà tout ceci est bien et bon mais… Overcrowd est incroyablement frustrant. Si tout se passe bien au début, le nombre ahurissant de problèmes surgissant en même temps, au moment même où vous avez atteint la possibilité de débloquer les technologies permettant d’y remédier, fait que votre réputation finit invariablement par plonger et quand elle atteint zéro, c’est le game over. Chose assez étrange, cette jauge de réputation descend bien plus vite qu’elle ne remonte. En une journée, votre réputation peut passer de 90% à 2% et elle mettra des jours et des jours à ne serait-ce que remonter jusqu’à 50%. Tout ça car quelques rats ont effrayé trois passagers pendant 20 minutes il y a trois jours et que visiblement, ça a fait les gros titres de tous les journaux de la ville. Rats, grippe, gastro, criminalité, vague de chaleur, grève des éboueurs, le jeu vous balancera sans fin des évènements jusqu’à que vous fassiez un alt+F4 de frustration. Je suis le premier à apprécier des évènements aléatoires dans mes jeux de gestion pour donner un petit peu de piquant à l’expérience, mais là on est plus au niveau où ce sont les moments de calme qui sont générés aléatoirement. Résultat, il est très difficile d’avancer et de développer sa station sur plusieurs étages car vous êtes toujours à courir après le dernier désastre en date.
Et c’est bien dommage car les mécaniques de construction sont bien pensées, le jeu se joue presque comme un puzzle game à prendre en compte l’environnement dans sa planification de station et des couloirs. Pour quelqu’un d’un petit peu obsessionnel quand il s’agit de construire des choses, c’est une expérience agréable. La seule solution pour que j’apprécie un petit peu plus le jeu fut donc de le lancer en mode argent infini et d’avancer en développant ses technologies. Mais ça ne m’a pas satisfait, l’aspect pécuniaire d’un jeu de gestion étant la carotte me faisant avancer. Même en réduisant les évènements aléatoires dans les options de création de mode libre, ça ne m’a pas empêché d’être noyé sous les problèmes. En effet cette option ne bloque que les « scénarios » des évènements particulièrement sévères des problèmes normaux. Même en les désactivant totalement, vous aurez toujours grippe, rats, entassement de déchets et j’en passe. Autre chose un petit peu agaçante : vos usagers demanderont immédiatement des choses dès que la possibilité de débloquer des services sera disponible. Si avant ils se contentaient d’un distributeur de journaux, dès que la possibilité de débloquer les distributeurs de friandises sera là, ils n’auront que ça à la bouche, faisant aussi plonger votre réputation.
Overcrowd a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Overcrowd n’est pas un mauvais jeu. L’aspect construction est sympathique et on peut se prendre très vite à construire la station de métro la plus optimisée possible. Mais voilà le mauvais équilibrage des évènements et des besoins des passagers, qui surgissent tous d’un coup dès qu’un tier de technologies est disponible, fait que l’expérience n’est qu’une course sans fin pour régler des soucis que vous n’aviez pas la seconde d’avant. Quelques variables à ajuster et nul doute qu’on sera devant un petit jeu sympathique qui pourra vous manger quelques nuits d’optimisation souterraine du plus bel effet.
The Solitaire Conspiracy
2020 a été une année surprenante sur bien des points. Par contre, malgré tout ce qui a pu se passer, je ne m’imaginais pas débouler sur le Discord de la rédaction un jour pour exprimer ma hype totale pour un jeu de solitaire. Oui, vous avez bien lu, du solitaire. Il faut dire que celui-là est un peu spécial : en plus du concept classique du jeu de cartes, une histoire d’espionnage, des pouvoirs et des séquences en FMV ont été rajoutés à l’expérience. Sans oublier qu’il a été créé par Bithell Games, un studio dont chaque annonce de jeu a le don de m’enthousiasmer immédiatement depuis Subsurface Circular, sorti en 2017. Une combinaison qui partait donc forcément gagnante.
Solitaire mais pas seul
Quand l’agence d’espionnage Protego disparaît, il ne reste plus que deux personnes pour sauver les agents éparpillés dans le monde : Jim Ratio, qui est là pour vous indiquer vos différentes missions et vous, capable de manier les C.A.R.D.S et seule personne pouvant déjouer les plans du maléfique Solitaire, qui, en voulant couper le contact entre Protego et ses agents, s’est aussi coupé du système. C’est donc une course contre la montre qui s’opère, où il s’agit d’en même temps monter les niveaux dans le logiciel de Protego pour arriver à un niveau où vous pouvez récupérer le contrôle de l’agence et de contrecarrer les actions de Solitaire, avec ses propres agents aux quatre coins du monde. Et tout cela se passe à travers des parties de solitaire endiablées, où les différentes équipes d’espions vous fournissent leur savoir-faire pour manipuler les cartes. Si le scénario principal ne m’a pas emballée, voire même rendue confuse à un moment, je conseille tout de même de lire les descriptions des différentes missions, qui expliquent beaucoup mieux ce qu’il se passe dans ce monde et les différentes motivations des équipes que l’on dirige. Autre point à souligner, la performance de Greg Miller en Jim Ratio, qui injecte juste ce qu’il faut de too much dans les séquences en FMV. Cet ensemble sert parfaitement à poser l’ambiance, entre film d’espionnage sérieux et côté déjanté et un peu kitsch assumé.
Si la combinaison décrite précédemment entre du solitaire et d’autres éléments plus typés « jeux vidéo » peut sembler surprenante au premier abord, il est surtout étonnant que ça n’ait pas été fait avant, en tout cas de façon aussi visible. Plusieurs studios ont pourtant connu un succès certain en reprenant des jeux classiques et en les mélangeant à d’autres genres populaires : Tetris 99, qui ajoute habilement une composante battle royale ou encore PictoQuest, avec son RPG aux combats sous forme de grilles de Picross, pour ne citer qu’eux. The Solitaire Conspiracy s’inscrit dans la lignée de ces titres, en mélangeant tous ces éléments qu’on ne pensait pas voir dans la même phrase un jour qui finissent par donner un ensemble cohérent et incroyablement addictif. Le twist sur le classique jeu de solitaire, avec ses cartes apparentes et les pouvoirs liés aux équipes, parfois très utiles comme le fait de trier une colonne de cartes du plus petit au plus grand ou plus à double-tranchant, comme le fait d’éclater une pile déjà établie ce qui aura pour effet de redistribuer les cartes dans les différentes colonnes mais aussi de réactiver les pouvoirs de l’équipe liée s’ils ont déjà été utilisés, donne un côté vraiment stratégique à chaque partie. Et même après avoir fini la campagne depuis longtemps, celle-ci durant à peine deux heures, je continue d’y retourner régulièrement grâce au mode temps limité qui, comme son nom l’indique, a pour principe de réussir à faire le plus de manches possibles avec un temps limité.
Toujours pas convaincu(e) ? Vous ai-je parlé du design futuriste qui rend ce jeu de cartes bien plus beau qu’il n’a le droit de l’être ? Ou du fait que vous pouvez débloquer des palettes de couleurs différentes en faisant la campagne ? Mais peut-être est-il plutôt temps d’aborder l’OST, composée par Jon Everist, déjà connu pour son travail sur Battletech et deux des jeux Shadowrun, tellement épique que vous aurez l’impression de réaliser une mission d’espionnage hautement sensible en étant uniquement en train de bouger des cartes afin d’en faire des piles du plus petit au plus grand. Elle est même tellement parfaite que je me surprends à régulièrement me la mettre sur Spotify juste pour le plaisir. Et dernière bonne nouvelle : le titre ayant été un succès, Bithell Games va continuer à le mettre régulièrement à jour. Ca a déjà été le cas quelques jours après la sortie, avec un mode campagne plus qui rajoute des défis supplémentaires.
The Solitaire Conspiracy a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Pendant que la rédaction de The Pixel Post se déchire pour savoir quelle arme d’Hades est la pire (c’est l’arc), ma seule envie est de chanter les louanges de The Solitaire Conspiracy, que je conseille à absolument tout le monde, même ceux qui n’aiment pas le solitaire. Est-ce que je m’attendais à devoir rajouter un jeu de solitaire à ma liste de GOTY 2020 ? Du tout mais face à l’excellence du concept qui réunit tout ce que je peux aimer, il est dur d’imaginer autre chose. Sans oublier le petit goût d’enfance qu’il me laisse, ayant été une fille unique avec un accès inexistant à Internet qui a passé beaucoup trop de temps à jouer à la version de Windows. Allez, il ne manque plus d’un dating sim Pinball Space Cadet pour faire vibrer ma corde nostalgique.
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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